Burundi: les Nations Unies prêtes à toute éventualité

27 avr 2015

Burundi: les Nations Unies prêtes à toute éventualité

Face à une possible dégradation de la situation sécuritaire dans ce pays en vue de la prochaine élection présidentielle, et suite à l'afflux massif de personnes fuyant le Burundi pour les pays voisins, dont la RDC et les Territoires d'Uvira et de Fizi au Sud-Kivu, c'est le branle-bas aussi bien parmi les autorités congolaises qu'au niveau des Nations Unies où la situation burundaise est suivie avec la plus grande attention.

Uvira, le 27 avril 2015 - L'actuel Président burundais, Pierre Nkurunziza a été désigné par son parti pour briguer un troisième mandat. Ce que lui interdiraient formellement la Constitution et les Accords d'Arusha (Tanzanie). Face à la détermination de l'Opposition à barrer la route à M. Nkurunziza et à la volonté affichée par les autorités de Bujumbura de mater tout soulèvement populaire, on craint le pire. C'est par centaines que les Burundais fuient leur pays depuis les dernières semaines pour se réfugier au Rwanda, au Kenya ou encore en RDC( Territoires frontaliers d'Uvira et de Fizi en Province du Sud-Kivu.) Ceux et celles que nous avons rencontrés ce matin au Poste frontalier de la Direction Générale de Migration (DGM, Police des Frontières congolaise) à Kavimvira (Uvira) ont avoué fuir « avant que les choses ne s’empirent ». De fait, la DGM reconnait enregistrer « plus de mouvements du Burundi vers la RDC depuis ces dernières heures. Habituellement, nous enregistrons entre 800 et 120 mouvements par jour, nous a avoué un agent. Mais depuis ce lundi matin, il y en aurait déjà plus de 1800… ».

Preuve de cette situation préoccupante, ce lundi matin le Conseil Territorial de Sécurité d'Uvira s'est réuni pour dégager un plan de contingence, suite à cet afflux des ressortissants burundais vers la RDC. Il a ainsi été recommandé aux différents services de sécurité (DGM, Police…) de procéder à leur enregistrement aux frontières. D'après ces services de l'Etat, ce sont en majorité des jeunes gens, des femmes et des enfants qui se déplacent avec bagages en mains. Du côté de la Commission Nationale pour les Réfugiés (CNR-Uvira), jusqu'à vendredi passé, plus de 2,800 Burundais avaient été enregistrés, soit l'équivalent de 800 familles. Certains, munis des documents migratoires et provenant des Provinces burundaises de Bubanza et de Cibitoke, sont localisés dans la Plaine de la Ruzizi. D'autres en provenance de Makamba, Bururi et Nyanza lacs traversent le Lac Tanganyika par pirogues pour rejoindre le Territoire de Fizi. La même source affirme que ces Burundais évoquent la peur et l'insécurité en prévision de l'élection présidentielle, prévue en juin prochain, dans leur pays ainsi que « l'enrôlement forcé dans une milice du pouvoir en place ».

Ces informations sont également corroborées par une mission mixte de la Mission des Nations Unies en RDC ( DDR-RR, Police civile des Nations Unies, Affaires civiles et Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'Homme) qui s'est rendue le mercredi 22 avril dernier à une soixantaine de kilomètres d'Uvira, dans la Plaine de la Ruzizi. Sur place, elle a pu rencontrer des réfugiés burundais, une quarantaine qui ont affirmé que plus de 100 personnes y étaient arrivées une semaine plus tôt. Majoritairement, ces personnes sont des enfants et des femmes, de l'ethnie Hutu. Elles ont affirmé en revanche que leurs compatriotes Tutsi préféraient se réfugier au Rwanda. Ces personnes affirmaient être victimes de menaces reçues de personnes non identifiées mais armées, qui selon elles, seraient des jeunes du Parti au pouvoir (les Mbonerakure).

Quoi qu'il en soit, les Nations Unies et la Monusco en particulier suivent attentivement la situation. La Brigade du Sud-Kivu de la Mission onusienne au Congo est en train d'échafauder des scenarii pour faire face à une dégradation de la situation. Mais tous ici, à Uvira et au Sud-Kivu en general, espèrent que le calme reviendra rapidement.

Jean-Tobie Okala