Appui à l'administration pénitentiaire
Dans le cadre de la protection des civils, de la lutte contre l'impunité, de l'appui à la stabilisation et du renforcement des institutions publiques, les institutions clés de gouvernance et des réformes de la sécurité, l'ONU, à travers son Unité d'appui à l'administration pénitentiaire (UAAP), apporte un soutien précieux au système pénitentiaire en République démocratique du Congo (RDC). Depuis 2006, l'Unité avait fait partie intégrante de la section État de droit de l’ancienne Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC).
Pour donner un nouvel élan et une nouvelle orientation, l'Assemblée générale des Nations Unies, lors de sa 64e session tenue le 16 février 2010, a approuvé la création de l'Unité d'appui à l'administration pénitentiaire qui a fait partie de la Section d'appui à la justice et depuis novembre 2018, l'Unité a été placée sous la supervision directe du Bureau du Représentant Spécial Adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour les Opérations, la Protection et la Sécurité (DSRSG/OPS).
Rebâtir l'État de droit
Au fil des ans, l'État de droit et les institutions de justice pénale, en particulier les institutions pénitentiaires, ont souffert d'un sous-financement chronique, d'un manque de soutien politique des autorités nationales et de peu de progrès vers la professionnalisation et l'amélioration des capacités. Par conséquent, les établissements pénitentiaires fragiles et faibles ont été utilisés pour détenir toutes les catégories de détenus, y compris les détenus à haut risque et de grande valeur (HR/HVP).
Les HR/HVP se composent de dirigeants et d'autres membres importants de groupes armés, d'individus accusés de crimes graves et de crimes contre l'humanité, de ceux qui doivent faire face à la justice pour des attaques contre des soldats de la paix, entre autres. Garder toutes ces catégories de prisonniers ensemble dans ces installations fragiles constitue un risque important car les prisons sont la cible d'attaques par des groupes armés pour libérer leurs membres et en recruter de nouveaux.
Par exemple, en octobre 2020, la prison de Beni (Nord-Kivu) a été attaquée par le groupe armé ADP, entraînant l'évasion de plus de 1 300 personnes, dont des dizaines de ses dirigeants. Un raid similaire sur la prison de Makala (Kinshasa) en 2017 a provoqué à l'évasion de plus de 5000 détenus.
D'autres défis persistants dans des prisons sont une mauvaise alimentation, des soins de santé inadéquats entraînant une malnutrition élevée et la mort parmi les détenus. Des lois pénitentiaires obsolètes, une mauvaise gestion des données et des dossiers, des détentions prolongées et irrégulières, la surpopulation, le maintien des détenus hommes et femmes ensemble dans les mêmes cellules (sans séparation), etc. sont également des problèmes auxquels fait face le système pénitentiaire de la RDC.
Ces mauvaises conditions entraînent régulièrement des incidents liés aux prisons tels que des émeutes, des manifestations, des destructions de propriétés, des abus sexuels, de la corruption, etc. Il convient de souligner que de tels événements, en particulier des évasions massives, pourraient faire dérailler les efforts de la MONUSCO pour instaurer une paix et une sécurité durables pour la RDC.
Soutien stratégique et opérationnel pour les prisons
Pour renforcer la sécurité et les conditions pénitentiaires afin d'éviter les événements désagréables ci-dessus, l'Unité d'appui à l'administration pénitentiaire (UAAP) est mandaté pour fournir un soutien stratégique et opérationnel aux administrations pénitentiaires civiles et militaires relevant des ministères de la Justice et de la Défense.
Actuellement, l'UAAP opère dans 11 prisons prioritaires du pays où sont détenus la plupart des HR/HVP. Ces prisons sont, Makala et Ndolo (Kinshasa) ; Kananga (Kasaï Central), Goma, Beni et Butembo (Nord Kivu) ; Bukavu et Uvira (Sud Kivu) ; Kalemie (Tanganyika), Bunia (Ituri) et Luzumu (Kongo Central). Il sied d’indiquer que notre soutien actuel à la prison de Kananga s'inscrit dans le cadre d'une programmation conjointe en vue du retrait de la MONUSCO du Kasaï Central. Au total, ces prisons prioritaires gardent une population carcérale de plus de 22 000.
Avec 40 experts/spécialistes pénitentiaires expérimentés ayant une expérience professionnelle acquise dans divers pays, l'Unité offre un soutien stratégique et opérationnel aux autorités pénitentiaires nationales pour renforcer la sécurité dans les prisons, entreprendre des réformes pour mettre le système pénitentiaire en conformité avec les normes internationales, y compris la gestion des femmes détenues et des mineurs en conflit avec la loi.
L'Unité fournit également un soutien technique et logistique pour promouvoir les activités agricoles afin d'améliorer l'alimentation des détenus, les soins de santé, l'assainissement, la gestion des données et des dossiers, réduire la surpopulation et organiser des programmes de renforcement des capacités (formations, mentorat, coaching, exercices de simulation) et lutter contre les épidémies de COVID-19 et d’Ebola, pour permettre d’améliorer les compétences professionnelles du personnel pénitentiaire.
Il faut reconnaître que, l'UAAP soutient les prisons en collaboration avec les partenaires de la MONUSCO (JSS, JHRO, UNPol, SSR, Genre, Protection de l'enfance, etc.), l'UNCT, en particulier le PNUD, les partenaires au développement (CICR), la société civile et les confessions religieuses.
Quelques activités |
- Clôture de la formation de 50 femmes membres du Personnel pénitentiaire congolais à l’école pénitentiaire de Luzumu
Cinquante femmes, membres du personnel pénitentiaire congolais, ont achevé le 9 octobre 2021 leur formation à l’école pénitentiaire de Luzumu, dans la province du Kongo central. Il s’agit de la première école pénitentiaire de la RDC, construite avec le soutien de la MONUSCO, à travers sa section d’appui à l’administration pénitentiaire.

Sur cette photo, trois stagiaires font une démonstration des gestes techniques d’intervention (GTPI).
Pour en savoir plus :