À Bunia et Beni, regards croisés de deux femmes sur la résolution 1325

Une série de conférences s’est tenue à Goma, Beni et Bunia pour marquer le 25ᵉ anniversaire de la résolution 1325.

24 oct 2025

À Bunia et Beni, regards croisés de deux femmes sur la résolution 1325

Joël BOFENGO

Marthe Dheve Dhessi et Noëlla Katongerwaki militent depuis de nombreuses années pour les droits des femmes. À Bunia, la première est point focal genre de l’ONG Action pour la Paix et la Concorde, tandis qu’à Beni, la seconde coordonne le Collectif d’action des femmes pour les vulnérables. Toutes deux partagent une même conviction : la paix ne peut se construire sans les femmes.

À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ces deux activistes saluent les progrès accomplis tout en soulignant la nécessité d’un engagement plein et effectif des femmes dans les efforts de paix. En Ituri comme à Beni, la paix demeure fragile, menacée par l’activisme des groupes armés et par les tensions foncières ou coutumières, qui dégénèrent parfois en violences et continuent à diviser les communautés.

La Mission plaide pour une meilleure représentation des femmes dans les instances de décision 

Depuis 2019, Marthe Dheve Dhessi œuvre comme médiatrice. Formée par la MONUSCO, elle aide les communautés à résoudre pacifiquement leurs différends liés à la terre et à la propriété. « En tant que médiatrice, je dois connaître les enjeux du milieu, identifier les acteurs clés et analyser régulièrement le contexte socio-sécuritaire en toute neutralité. Mon rôle est de comprendre les véritables causes des tensions », explique-t-elle. Son expérience la convainc que les femmes doivent être au cœur de la résolution des conflits : « Il n’y a pas de paix sans les femmes et les jeunes. La paix est l’affaire de tous et se construit dans l’humilité partagée, jamais dans la victoire d’un camp. Les femmes doivent donc contribuer à bâtir un environnement apaisé et sans violence ».

À Beni, Noëlla Katongerwaki partage cette vision. Pour elle, la résolution 1325 doit être mieux connue et comprise de tous : « Nous devons nous approprier la résolution 1325 et sensibiliser nos pairs, femmes et hommes, à leur rôle dans la recherche de la paix. En responsabilisant les femmes, on leur donne les moyens d’apporter des solutions aux défis auxquels nous faisons face ».

Marthe Dheve Dhessi abonde dans le même sens : « Aux femmes et aux jeunes de diffuser largement les résolutions 1325 et 2250 et de les utiliser comme outils de participation à la consolidation de la paix dans leurs communautés. »

Au début de la semaine, une série de conférences s’est tenue à Goma, Beni et Bunia pour marquer le 25ᵉ anniversaire de la résolution 1325. À cette occasion, Vivian van de Perre, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, a rappelé l’importance de l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité dans un contexte marqué par la persistance des violences. « La Mission plaide pour une meilleure représentation des femmes dans les instances de décision », a-t-elle souligné.

Pour sa part, Noëlla Katongerwaki considère que la présence des femmes dans les postes de responsabilité est un levier essentiel pour concrétiser cet engagement : « La résolution 1325 a marqué une avancée majeure pour les droits des femmes. Beaucoup ne se croyaient pas capables de diriger. Aujourd’hui, elles savent qu’elles le peuvent. Lorsqu’elles accèdent à des postes de décision, elles s’impliquent naturellement dans la recherche de la paix ».

Le thème retenu pour cette commémoration résume bien l’esprit de la célébration : « Quand les femmes dirigent, la paix s’installe. »

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