Ituri : deux communautés en conflit s’engagent pour la paix et la cohabitation pacifique

Cet acte d'engagement a été accueilli avec enthousiasme par les structures de jeunes des localités concernées. Photo MONUSCO/Sado Bahemuka

12 aoû 2021

Ituri : deux communautés en conflit s’engagent pour la paix et la cohabitation pacifique

Annie Anyado

La MONUSCO a facilité la réconciliation entre deux communautés du territoire d’Irumu dans la province de l’Ituri. Il s’agit des communautés Hema et Bira qui ont signé, le 10 août 2021, un acte d'engagement sur le rapprochement communautaire pour la cohabitation pacifique dans les groupements de Makabo et Tsere à une dizaine de kilomètres de Bunia.

Au terme de quatre jours d'assises facilitées par la MONUSCO, les notabilités de ce territoire ainsi que les chefs coutumiers ont décidé d’enterrer les différends qui les opposaient depuis plus d’une décennie. Ils ont signé un protocole de non-agression et de cessation des violences, lesquelles violences ont endeuillé ces deux groupements. Se référant à l’histoire sur le pacte de sang de leurs aïeux, les deux responsables de ces entités ont juré solennellement d’enterrer la hache de guerre et de travailler à la restauration de la paix dans le territoire d’Irumu.

"La MONUSCO est bien intervenue ; elle nous a aidés avec les idées, les orientations, donc la ligne de conduite ; elle nous a appuyés avec les moyens pour ce rapprochement communautaire. Je félicite la MONUSCO de soutenir les initiatives pour le retour de la paix en RDC, en Ituri et dans le territoire d’Irumu. N’eut été la MONUSCO et aussi le gouvernement provincial, les activités de signature de l’accord n’auraient pas eu lieu parce que nous n’en avons pas les moyens’’, a déclaré M. Batagura, chef du groupement Tsere. ‘’Nous demandons également à la MONUSCO d’appuyer d’autres chefferies qui sont prêtes à nous emboîter le pas parce que la guerre ne sert à rien. Si elles le veulent, la MONUSCO pourra les appuyer", a-t-il ajouté.

Cet engagement a été accueilli avec enthousiasme par les structures de jeunes de ces localités. Accusés d’appartenir à des mouvements insurrectionnels actifs dans la région, ces jeunes promettent de mutualiser leurs efforts pour sensibiliser leurs frères à quitter la brousse et à déposer les armes afin de rejoindre le processus de désarmement et réinsertion communautaires (DDRC) en cours.

D’après Albert Zanamuzi, le président des jeunes de Makabo, l’heure n’est plus à l’hypocrisie, mais plutôt au vivre ensemble. “Aujourd’hui, nous avons signé l’acte d’engagement de la paix entre les deux groupements. La jeunesse des deux entités est instruite : un jeune ne peut pas quitter Tsere pour aller causer du trouble à Makabo et vice-versa. La guerre ne peut pas nous aider. Nous avons vu que la paix continue en Ituri spécialement dans le territoire d’Irumu ; c’est comme ça que nous avons pris la décision de vivre dans la paix comme le faisaient nos aïeux avant nous”, a-t-il déclaré.

De son côté, la MONUSCO qui a appuyé cette démarche réitère sa volonté d’apporter son soutien aux efforts du gouvernement concernant la restauration de la paix dans cette province. Kassimi Bamba, chef de bureau intérimaire de la MONUSCO en Ituri, se réjouit particulièrement de l’engagement pris par les jeunes des deux communautés en faveur de la paix, de la réconciliation. « Je me réjouis aussi du fait que les femmes ont été associées à la signature de cet important acte d’engagement, car, comme vous le savez, les femmes ont une importance particulière aux yeux des Nations Unies. Cette signature d’acte de non-agression est le fruit d’un dur labeur mené conjointement. Je voudrais encourager les autres communautés en conflit dans le territoire d’Irumu à s’engager durablement vers le chemin de la paix’’, a-t-il conclu.