Ituri : les populations d’Iga-Barrière dans le territoire de Djugu s’engagent à coopérer désormais avec la MONUSCO

La MONUSCO a sensibilisé la communauté à l’impact tangible de son travail aux côtés des FARDC pour lutter contre les groupes armés. Photo MONUSCO / section des Affaires civiles

24 mai 2022

Ituri : les populations d’Iga-Barrière dans le territoire de Djugu s’engagent à coopérer désormais avec la MONUSCO

Jean-Tobie Okala

« Nous sommes désormais mariés à la MONUSCO et prêts à accueillir n’importe quelle délégation des Nations Unies ici ». C’est la population d’Iga-Barrière à 25 km au nord de Bunia dans le territoire de Djugu qui l’a dit le 17 mai 2022, au terme de deux jours d’un atelier organisé par la section des Affaires civiles de la MONUSCO dans cette localité. Cette rencontre avec les populations locales, surtout les jeunes du milieu, visait le renforcement de la confiance entre les deux parties, mais aussi la présentation du mandat et du Plan de Transition de la MONUSCO. Soixante-un participants dont douze femmes ont pris part à cet atelier : représentant de l'administrateur militaire du territoire de Djugu, membres du comité local de sécurité, chefs traditionnels, jeunes et femmes leaders ainsi que des notables communautaires des groupements de Gina, Lopa et Iga-Barrière.

Pour certains participants, « cette activité arrive au bon moment », tant les relations entre la MONUSCO et les habitants de cette localité s’étaient considérablement dégradées. En cause, l’ignorance du rôle de la MONUSCO mais surtout la désinformation qui avait poussé certains jeunes à développer un sentiment anti-MONUSCO (et anti-Nations Unies en général). D’autres allant même jusqu’à prétexter une collusion entre la Mission des Nations Unies au Congo et des groupes armés. Résultats, à presque chaque passage d’une équipe ou patrouille de la MONUSCO vers Iga-Barrière :

- Des véhicules étaient caillassés par certains jeunes

- Une tranchée avait même été creusée par ces derniers sur la route qui mène vers Djugu-centre afin d’empêcher tout mouvement de véhicules de la MONUSCO ou des agences des Nations Unies en partance ou provenance de Djugu pour des assistances aux populations vulnérables
- Des blocs de pierres avaient placés à l’entrée et à la sortie d’Iga-Barrière
- Le tout entretenu par des slogans anti-MONUSCO

« Ne pas se tromper de cible »

Le représentant de l'administrateur du territoire de Djugu (par ailleurs agent des services de sécurité) a d’abord longuement insisté sur le rôle de la MONUSCO, partenaire clé du gouvernement ; il a ensuite condamné fermement l'attitude de certains membres de la communauté pour leur « hostilité injustifiée » à l’égard des casques bleus de la MONUSCO lors de leurs patrouilles dans la zone. Avant de présenter au public le « plan opérationnel pour la paix et la stabilité à Djugu » qui est soutenu par la section des Affaires civiles de la MONUSCO.

Combattre la désinformation et les rumeurs

Une autre présentation, de la MONUSCO cette fois, a été celle sur la résolution 2612 du Conseil de sécurité de l’ONU sur la RDC (mandat de la MONUSCO) ainsi que sur la stratégie de sortie de la MONUSCO. L’occasion de sensibiliser la communauté à l’impact tangible du travail de la MONUSCO aux côtés des FARDC pour lutter contre les groupes armés. L’occasion aussi de tordre le cou aux rumeurs anti-MONUSCO qui se propagent dans la province de l'Ituri et empêchent parfois la Mission onusienne de remplir son mandat de protection des civils. Comme ce fut encore le cas récemment dans le territoire de Mambasa, à 170 km de Bunia, où des jeunes de cette localité ont voulu s’en prendre à des casques bleus malawites partis pourtant pour des opérations de sécurisation de certains axes routiers et des populations locales. Parmi les recommandations faites par la communauté pour sceller le mariage et renforcer la collaboration avec la MONUSCO, les chefs traditionnels ont demandé aux casques bleus de reprendre tout en intensifiant les patrouilles de sécurisation à Iga-Barrière, Lopa, Nizi et Gina, après s’être excusés pour les incidents précédents au cours desquels des patrouilles de la MONUSCO avaient été bloquées. Tous, jeunes, notables, femmes, société civile ont insisté sur le fait qu'ils ont besoin de paix et que le gouvernement de la RDC doit s'efforcer de rétablir cette paix et la sécurité en neutralisant les groupes armés et en s'attaquant aux causes profondes de la violence communautaire en Ituri.

« Nous sommes très contents de cet atelier parce que nous avons besoin de la paix ici. Nous regrettons beaucoup ce que certains jeunes du village ont fait avant contre la MONUSCO, c’était plus dû au manque d’informations et aux rumeurs. Cette rencontre a permis de mieux comprendre ce que vous faites. Nous sommes désormais en bons termes avec la MONUSCO, nous allons commencer à alerter la MONUSCO chaque fois que nous serons dérangés par des hommes armés qui viennent souvent de Mbau. Nous avons confiance en la MONUSCO, nous devons être avec elle pour lutter ensemble contre ces groupes armés. Nous nous engageons à mieux collaborer désormais avec la MONUSCO pour mieux nous protéger. Nous sommes devenus des alliés et nous allons désormais travailler ensemble main dans la main, pour lutter contre l’insécurité dans notre milieu », a déclaré Charly Nzelu Dyukpa, notable de Gina.

De l’éclairage public pour lutter contre l’insécurité à Gina et Iga-Barrière

Une relation se nourrissant de confiance mutuelle et de petits présents, pour célébrer cette réconciliation, la MONUSCO a profité de cette rencontre pour remettre aux communautés locales deux projets CVR (réduction des violences communautaires) : il s’agit de projets d'éclairage public pour Iga-Barrière et Gina (à 40 km au nord-est de Bunia, toujours dans le territoire de Djugu). A la plus grande satisfaction de la population qui s’est engagée à les maintenir dans l'intérêt public et, surtout, pour lutter contre la criminalité nocturne dans ces régions.