Jonas Byaruanga : Comment la MONUSCO a changé ma vie de jeune désœuvré

Jonas Byaruanga : Comment la MONUSCO a changé ma vie de jeune désœuvré. Photo MONUSCO/JEAN-TOBIE OKALA

22 aoû 2020

Jonas Byaruanga : Comment la MONUSCO a changé ma vie de jeune désœuvré

JEAN-TOBIE OKALA

Dix mois plus tôt, une vingtaine de jeunes de Bunia, en Ituri, suivaient une formation en réparation d’appareils cellulaires dispensée par les casques bleus bangladais de la MONUSCO. Parmi eux, Jonas Byaruanga Dhedonga, 27 ans révolus, est désormais à la tête de deux ateliers de réparation d’appareils cellulaires. Rencontre avec un jeune homme ambitieux qui, grâce à la MONUSCO, a saisi l’opportunité de s’offrir une nouvelle vie. 

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C’est à son second atelier qu’il nous donne rendez-vous ce jour-là : non loin du marché Saïo, en plein Quartier Simbiliabo, dans la Commune de Shari.  Ce père de deux enfants n’est pas peu fier du chemin parcouru depuis décembre 2019, date à laquelle il a reçu des mains du Commandant du Secteur nord de la Force de la MONUSCO, en Ituri, son Brevet de fin de formation en réparation d’appareils cellulaires.

« Après mes études, je m’étais retrouvé sans emploi comme beaucoup de jeunes ici ; j’avais commencé à faire de la photographie, mais ça ne rapportait presque rien. La vie que nous menions n’était pas bien. J’ai entendu parler des formations que la MONUSCO organisait, je m’étais renseigné et j’avais été retenu pour me former en réparation de téléphones cellulaires. Grace à cette formation, nous nous en sortons aujourd’hui avec de petits montants, qui nous permettent d’avoir désormais du thé le matin », affirme-t-il.

Les revenus ne sont pas encore énormes, mais il avoue ne plus ressentir durement la crise comme avant. Surtout que la jeune entreprise créée après la formation fait face à deux sérieux problèmes : l’absence d’énergie (la desserte en électricité à Bunia est en effet très irrégulière, voire inexistante) et le manque de matériels et d’équipements. Sans compter le loyer de l’atelier à payer. Mais, malgré tout, Jonas Byaruanga Dhedonga affirme avoir désormais un revenu, certes fluctuant, mais qui lui permet de subvenir aux besoins de sa petite famille. 

Sans cette formation, on ne saurait pas se retrouver, j’allais continuer à galérer, mais grâce à cette formation, nous nous retrouvons ici aujourd’hui et dans la vie tout court.

« Ce n’est pas chaque jour que les gens s’amènent avec des téléphones à réparer. Après toutes mes charges, je peux estimer rester avec 40 $ ou même 50$ par mois, parfois plus, ça varie d’un mois à un autre. Nous remercions sincèrement la MONUSCO à travers le contingent bangladais, qui nous ont appris ce métier. Sans cette formation, on ne saurait pas se retrouver, j’allais continuer à galérer, mais grâce à cette formation, nous nous retrouvons ici aujourd’hui et dans la vie tout court ». 

Jonas Byaruanga Dhedonga a de grandes ambitions, mais a besoin de soutien. Il aimerait agrandir sa petite affaire. Déjà, il a ouvert un second atelier de réparation de téléphones au Centre-ville de Bunia. Pour lui, il est important de s’occuper dans la vie, car le manque d’occupation des jeunes pousse certains à prêter l’oreille aux appels des groupes armés et à s’adonner à des activités criminelles.  

« Vous savez, c’est à cause du manque d’emploi et d’occupation que les jeunes se lancent dans les différentes bêtises et même dans des groupes armés. Nous devons peut-être faire un plaidoyer auprès de certains partenaires pour nous soutenir. Nous ne voudrions pas seulement être de simples réparateurs de téléphones, mais aussi former d’autres jeunes qui n’ont aucune perspective d’avenir afin qu’eux aussi, essaient de faire comme nous, pour leur épargner la vision d’adhérer aux groupes armés. Cette formation a été très utile pour nous, parce que si vous gagniez moins ou même rien et que quelqu’un vient vous ajouter un plus par rapport à ce que vous aviez avant, c’est ça l’utilité de ce que vous avez fait ».

Son mot de fin est un double appel aux jeunes et aux autorités : osez, misez sur les jeunes : « Aux jeunes désœuvrés qui errent par-ci, par-là, à longueur de journée, nous demandons de nous emboiter le pas en suivant de telles formations qui peuvent ouvrir des portes et leur éviter d’être oisifs et inutiles à la société. Mais ce serait important que les autorités initient aussi de telles formations pour les jeunes ». Puisse cet appel être entendu !

Le contingent bangladais de la MONUSCO organise régulièrement des formations en faveur des jeunes sans emploi de Bunia afin de les doter de capacités professionnelles diverses qui leur permettent de s’insérer dans la société. 

En 2019, 263 jeunes de l’Ituri (dont 43 femmes) ont bénéficié de plusieurs formations professionnelles organisées par la MONUSCO, notamment en informatique de base, plomberie, électricité de bâtiment, maintenance de climatiseurs et réfrigérateurs, réparation de téléphones portables ou encore charge de la batterie à courant continu...