La Monusco échange avec des candidates sur les stratégies pour remporter les élections

La Monusco échange avec des candidates sur les stratégies pour remporter les élections. Photo MONUSCO/Michael Ali

22 mar 2019

La Monusco échange avec des candidates sur les stratégies pour remporter les élections

Pourquoi les femmes du Nord Kivu, qui représentent 51% de l’électorat, n’ont pas voté pour des femmes ? la question a été débattue lors d’ une table ronde organisée à Goma par la section de la communication stratégique et de l’information Publique de la MONUSCO le 21 mars. Une activité qui rentre dans le cadre des manifestations commémoratives du mois de la femme.

Au Nord Kivu, seules 5 femmes ont jusqu’ici été élues aux élections de décembre 2018 contre plus de 50 hommes. Les yeux sont à présents tournés vers le prochain scrutin de rattrapage de Beni et Butembo.

Parmi elles, trois à la députation nationale et deux à la provinciale. Ces résultats peu satisfaisants appellent à une réflexion pour trouver une stratégie pour les améliorer.

C’est ainsi que les femmes candidates qui n’ont pas gagné les élections, les organisations de la société civile qui les accompagnent ainsi que différentes sections de la Monusco dont l’information Publique ont échangé sur le bilan de la représentation des femmes du Nord-Kivu aux dernières élections législatives.

Manque des moyens, impréparation des candidates, pesanteurs culturelles, autant de barrières qui ne permettent pas aux femmes de gagner les élections ont argumenté les différentes intervenantes qui ont vécu l’expérience.

Mais malgré toutes ces difficultés, certaines femmes du Nord-Kivu sont parvenues à siéger à l’Assemblée nationale et d’autres ont occupé des portefeuilles ministériels dans les législatures passées.

Le chef de bureau a.i de la Monusco a félicité ces femmes même si leur nombre reste faible. Jusque-là, aucune femme du Nord-Kivu n’a siégé au sénat. Pour Julius Fondong, les femmes doivent se mobiliser si elles veulent arriver aux bons résultats.

Accompagnement de différentes sections

Pour Achille Muhyahya de de la section genre, la Monusco accompagne les femmes à travers 3 axes : La protection, la participation et les et les élections. Il s’agit premièrement de veiller à la protection des femmes à travers le respect de leurs droits. C’est dans ce cadre que la Monusco lutte vigoureusement contre les violences sexuelles. 

La Monusco promeut la participation de la femme dans les instances de prise de décision. Et cet aspect est appliquée au sein même de la Mission a dit Amadou Ba, chef de la section de la communication stratégique et de l’information Publique au Nord Kivu. Il a montré la place de la femme dans le leadership de la mission avec au sommet la représentante spéciale du Secrétaire Générale de l’Onu en Rdc, Madame Leila Zerrougui.

La section des Affaires civiles met un accent sur la participation de la femme au niveau même de la base. ''Les femmes participent activement dans les comités locaux de conciliation dans les villages. Ce qui permet de faire évoluer l’image de la femme dans nos communautés qui croyaient que la femme ne pouvait pas siéger dans un barza où se prennent les grandes décisions sur la vie de de la communauté'', a expliqué Abdouramane Diacko, chef de la section des Affaires civiles.

''Notre travail est basé sur la déclaration universelle des droits de l’homme'', a dit pour sa part madame Safiatou, officier des droits de l’homme à la Monusco Goma. ''Nous montrons aux femmes et aux hommes que tous les hommes naissent libres et égaux devant la loi. Et que les femmes doivent jouir des mêmes avantages en ce qui concerne la protection, la participation et même les élections. Mais elles doivent lutter pour occuper des sièges, sinon, les hommes ne vont pas se gêner à tout occuper''.

Nécessité d’un accompagnement permanant

Pour madame Xaverine Kahumba, vice - ministre honoraire du budget, les candidates qui n’ont pas gagné aux élections sont comme des femmes comme qui fait une fausse couche. Elles ont tout fait, mais elles rentrent mains bredouilles.

''Elles ont actuellement besoin d’un accompagnement psycho – social pour qu’elles arrivent à retrouver leur confiance en elles, indispensable pour pouvoir compétir aux prochaines élections'', explique-t-elle.

Ces femmes ainsi que les organisations qui les accompagnent demandent un encadrement permanent de la Monusco en termes de formations sur la lutte politique pour qu’elles soient aussi aguerries que leurs collègues masculins.

Elles demandent également à la Monusco d’appuyer la sensibilisation de la communauté sur les droits et les capacités de la femme. Car, tant que la femme ne croira pas aux capacités de sa consœur, elle ne votera que pour l’homme, regrette madame Malaika Gakudu, candidate malheureuse aux élections provinciales de décembre 2018.

Mais les femmes candidates ne baissent pas pour autant les bras. ''Nous avons créé notre plateforme et nous demandons aux dirigeants de recourir aux femmes battantes, celles qui s’engagent lorsqu’ils ont besoin des femmes pour les postes de nomination, propose madame Xaverine Muhima une autre candidate malheureuse. Nous ne voulons plus que des femmes sans expérience soient nommées alors que celles qui ont osé se présenter aux élections sont oubliées'', ajoute-t-elle.