Lutte contre les violences sexuelles : la MONUSCO outille des femmes à Bunia

Cet atelier visait à renforcer la protection des femmes dans le contexte de l'activisme des groupes armés dans la province de l'Ituri. PHOTOS MONUSCO / UNPOL

1 nov 2022

Lutte contre les violences sexuelles : la MONUSCO outille des femmes à Bunia

Jean-Tobie Okala

Quarante-neuf femmes issues des 24 quartiers de la ville de Bunia ont bénéficié d’une formation de deux jours qui s’est clôturée vendredi 28 octobre 2022 sur les procédures pénales en matière de violences sexuelles. C’est au cours d’un atelier organisé par l’unité de la police de la Monusco spécialisée dans la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre et la protection de l’enfant, en collaboration avec la Maison des Femmes. Il s’agit d’une formation des formateurs pour lutter contre l’impunité des auteurs de violences sexuelles. Car il s’agit de « former des points focaux dans leurs quartiers qui, eux, vont pouvoir aider les personnes dans leurs villages, leurs quartiers ou leurs avenues, qui ont des problèmes ou qui veulent porter plainte en termes de violences sexuelles. Les différents thèmes ont porté sur la protection de l’enfant et le traitement des victimes : comment présenter une plainte ? A quoi doit-on s’attendre quand une victime se présente à un poste de police ? C’était pour aborder toutes les étapes dès la réception de la plainte. Il s’agissait aussi de leur expliquer ce que l’on entend par violence sexuelle et quelles infractions leurs auteurs encourent... L’idée au fond, c’était de former des personnes-sources dans leurs quartiers qui vont diffuser l’information à la communauté, et de permettre aux femmes de se sentir plus à l’aise lorsqu’elles veulent dénoncer ce fléau. Si une femme veut dénoncer un agresseur, et qu’elle se sent mal à l’aise pour le faire à un commissariat de police, elle pourra désormais le faire auprès de son point-focal en qui elle a confiance parce qu’elle la connait et qui va l’accompagner pendant tout le processus de traitement de sa plainte », explique Patrice Talbot, officier spécialisé dans la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre au sein de la police de la MONUSCO à Bunia.

Accroître la collaboration avec les acteurs de protection

Par la même occasion, la section des Affaires civiles de la MONUSCO a présenté les outils opérationnels de protection dans la zone de Bunia. Cette présentation visait à renforcer la protection des femmes dans le contexte de l'activisme des groupes armés dans la province de l'Ituri. Les principaux acteurs de la Protection ont ainsi été présentés aux participantes, notamment : individus, autorités locales, Police, FARDC, MONUSCO, ONG, Agences des Nations Unies, etc. Puis la MONUSCO a encouragé les femmes à accroître la collaboration avec ces acteurs de la protection en partageant en temps opportun les alertes, les informations, la dénonciation systématique des cas de violence sexuelle et basée sur le genre. Quelques outils de protection des civils ont également été présentés aux participantes, entre autres : les comités locaux de protection (CLP) et les réseaux d’alerte précoce (CAN), ainsi que les numéros de téléphone gratuits mis à la disposition des communautés par la MONUSCO pour le partage en temps opportun des alertes avec la MONUSCO et d'autres acteurs de la sécurité.

De leur côté, les participantes ont remercié la MONUSCO pour cette formation pour la promotion de leurs droits. Elles plaident pour que cette formation puisse s’étendre à d’autres femmes de la ville et de l’intérieur de la province pour l’implication de toutes les femmes en Ituri dans cette lutte contre les violences sexuelles.

Mettre fin à l’ignorance

« Cette activité nous a été utile parce que nous en ressortons mieux formées aux différentes formes de la lutte contre les violences sexuelles dont nous ignorions presque tout. Elle a été bénéfique. Nous remercions la MONUSCO pour cette formation qui va réduire les risques faits aux femmes par rapports aux violences sexuelles. Nous demandons que cette formation ne soit pas seulement limitée à notre niveau, mais qu’elle soit élargie à nos territoires et villages ; parce que la situation que nous traversons dans notre pays est très précaire. Les violences continuent dans notre pays et surtout dans notre province, l’Ituri… Je suis fière d’avoir suivi cette formation parce que, maintenant, nous irons à notre tour sensibiliser les mamans dans les communautés afin qu’elles ne puissent plus continuer à vivre dans l’ignorance. Vraiment, que la MONUSCO nous aide à aller dans des villages et territoires pour ce genre de formation », ont déclaré deux participantes à l’issue de cette formation.