CONFERENCE DE PRESSE DES NATIONS UNIES DU MERCREDI 11 AVRIL 2012

2 mai 2012

CONFERENCE DE PRESSE DES NATIONS UNIES DU MERCREDI 11 AVRIL 2012

Touré Penangnini: Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, Membres de la presse, Auditeurs de Radio Okapi, Bonjour et bienvenue à ce rendez-vous hebdomadaire.

- Activités des Responsables de la MONUSCO
- Activités des Composantes de la MONUSCO
- Activités de l'Equipe-Pays
- Situation militaire

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU et chef du Bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique centrale (UNOCA), M. Abou Moussa, et l'Envoyé spécial de l'Union africaine (UA) pour la question de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), M. Francisco Madeira, séjournent en RDC du 10 au 13 avril dans le cadre des actions conjointes qu'ils mènent depuis décembre 2011 contre la LRA. Ils auront une séance de travail avec les autorités de Kinshasa ainsi qu'avec les partenaires régionaux et internationaux impliqués dans la lutte contre ce groupe.
Activités des Responsables de la MONUSCO
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Roger Meece, s'est rendu le lundi 9 avril 2012 au Nord Kivu pour assurer le suivi des opérations conjointes entre la MONUSCO et les FARDC. Sur place, il rencontrera les responsables de la MONUSCO, ainsi que les autorités militaires et civiles congolaises. Monsieur Meece sera de retour à Kinshasa le vendredi 13 avril.
Réagissant à l'affaire Bosco Ntaganda, M.Meece a déclaré à Goma que « Bosco Ntaganda constituait, depuis longtemps, une menace pour la sécurité des populations de la région; il doit répondre devant la CPI ». Il a exhorté certains soldats congolais qui étaient tentés de déserter à regagner les rangs de l'armée régulière.
Selon Roger Meece, Bosco Ntaganda qui, avec ses alliés, constituent « une menace à la sécurité de la population de la Région depuis assez longtemps». Quant à son arrestation, le Représentant spécial pense que « que toute personne recherchée par la CPI doit être traduite sûrement en justice ». Pour lui, il est important de préserver la sécurité, l'autorité de l'Etat, des institutions, des FARDC et autres... Il encourage ainsi « tous ceux qui pensent s'allier à Bosco ou déserter leurs postes de ne pas le faire et de reprendre leurs places, comme soldats ou autres...au sein des FARDC".
Par ailleurs, la Représentante Spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies en RDC Mme. Leila Zerrougui, a séjourné au Sud-Kivu du 4 au 7 avril 2012 pour une visite de travail qui l'a conduite à Bukavu, Walungu et Uvira.
Sa mission consistait entre autres à s'entretenir avec le personnel civil et militaire des Nations Unies basé au Sud-Kivu pour s'enquérir des difficultés dans la mise en œuvre de leurs activités, et contribuer à faciliter leur travail, s'enquérir de la situation politique, sécuritaire et humanitaire de la province après les élections de novembre 2011 et se rendre compte des attentes et priorités exprimées par les autorités provinciales.

Au cours de sa visite chez le gouverneur du Sud-Kivu, Marcellin Cishambo, Mme. Zerrougui a demandé, parlant de ceux qui tenteraient d'aggraver la situation sécuritaire déjà précaire dans cette province, qu'«il faut répondre à ces bruits de botte en montrant qu'un Etat est là et que l'appui de la MONUSCO est aussi là. » Elle a martelé que « l'on ne permettra pas que le désordre se réinstalle, » vu le prix déjà payé de la paix par les populations et les institutions. Pour Mme. Zerrougui, « il faut afficher une position très claire, très ferme » et ainsi souligner que le désordre ne doit pas être toléré, quels qu'en soient les motifs.
Activités des Composantes de la MONUSCO
Droits de l'Homme :

Du 13 au 18 avril 2012 à Kinshasa, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme organise une formation de formateurs à l'attention de 39 juges et magistrats provenant de six provinces - Bandundu, Bas-Congo, Katanga, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental et Kinshasa. Cette activité s'inscrit dans le cadre du Projet de renforcement de la lutte contre l'impunité des violences sexuelles etfinancée par l'Agence suédoise du Développement International (ASDI) et est organisée en partenariat avec le Service de documentation et d'études du Ministère de la justice et le Conseil supérieur de la magistrature.
La formation permettra aux participants de renforcer leurs capacités dans le traitement de cas de violences sexuelles. Au retour dans leurs juridictions respectives les magistrats travailleront à la formation de leurs collègues dans des domaines comme l'expertise médico-légal en matière de violences sexuelles ainsi que la rédaction et l'exécution des jugements. Le BCNUDH bénéficie également d'un appui du Gouvernement de Brésil ainsi que de l'Agence canadienne de développement international, lui permettant, de mener des projets de lutte contre l'impunité des violences sexuelles partout en RDC.
Appui au processus électoral :
La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), en collaboration avec ses partenaires, procède depuis hier, à l'évaluation à mi-parcours du processus électoral, notamment des élections combinées du 28 novembre. Cet atelier qui ira jusqu'au 17 avril 2012, connaît l'implication active des partenaires de l'Assistance Electorale Internationale dont la Division électorale de la MONUSCO et le Projet d'Appui au Cycle Electoral du PNUD ainsi que des parties prenantes au processus électoral à savoir la société civile congolaise, les partis politiques, les observateurs nationaux et internationaux et les bailleurs de fonds.
L'objectif poursuivi à travers cet exercice est de permettre à la CENI de faire le point sur les activités déjà menées dans le cadre de l'exécution de la première étape du processus électoral 2011-2013, afin d'améliorer la gouvernance électorale globale dans l'organisation des prochains scrutins. L'occasion sera donc donnée aux uns et autres d'identifier les points forts mais aussi et surtout les points faibles par activité. La première journée a été marquée par la participation de la société civile qui a présentée ses observations sur le processus électoral.
Une équipe de consultant pour mener la mission Revue Après Action (RAA), destinée à évaluer le rôle de la MONUSO dans le processus électoral, est à Kinshasa depuis le 09 avril 2012. Cette mission plus connue sous l'appellation After Action Review (AAR) conduite par Bruce Hatch, Consultant Senior reste en RDC, du 10 au 18 avril 2012 ; elle doit rencontrer tous les acteurs majeurs liés de près ou de loin au processus électoral.
Activités de l'Equipe-Pays
Humanitaire

Plus de 8 900 cas de choléra dont 140 décès déjà enregistrés en 2012 en RDC : Au 10 avril 2012, la République démocratique du Congo a enregistré 8 917 cas de choléra dont 140 décès depuis le début de l'année, selon les statistiques compilées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Ministère de la santé publique. Le Sud-Kivu reste la province la plus touchée avec 2 242 cas dont 14 décès, soit une létalité de 1%. La plus forte létalité est enregistrée dans la Province de l'Equateur avec 221 cas dont 22 décès, soit une létalité de 10%. 13 zones de santé sur les 69 de la province ont rapporté des cas. Le District de l'Ituri connaît une forte progression du choléra avec déjà 1 437 cas rapportés. L'inquiétude vient aussi du fait que le choléra sévit aussi en Ouganda alors que le commerce transfrontalier est très intense au niveau de Mahagi et Aru.
Quatre agents humanitaires d'une ONG locale ont trouvé la mort le 3 avril à Kikonde, au sud de Baraka dans le Territoire de Fizi. Le véhicule à bord duquel voyageaient les infortunés avait été pris pour cible par des tirs des présumés Mayi-Mayi sur l'axe Malinde – Kazimia. L'ONG était sous contrat avec le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS) pour la réfection des ponts sur cet axe. Il rénovait un pont sur cet axe au délabrement très avancé afin de permettre l'accès humanitaire dans la zone.
L'intervention sur ce pont permet d'approvisionner les zones de santé en vaccins et kits choléra, mais aussi d'apporter l'assistance aux déplacés et d'accéder au marché de Kikonde. Par ailleurs, plusieurs organisations humanitaires basées à Baraka ont évacué leur personnel vers Uvira à la suite d'une incursion des hommes armés en tenue militaire dans les locaux d'une ONG humanitaire. De manière générale, l'insécurité engendrée par certains éléments de l'armée nationale a considérablement affecté le travail des humanitaires.
Développement
La population urbaine ne va pas cesser d'augmenter d'ici à 2030 (près d'un milliard et demi de personnes en plus) et, en Afrique, deux pays, vont fortement y contribuer, ce sont le Nigéria et la République démocratique du Congo. Ainsi, selon une étude qui vient d'être publiée par le Département des Affaires économiques et sociales des Nations Unies, Kinshasa sera en 2025 la 20ème ville la plus peuplée au monde avec 14 millions et demi d'habitants, Tokyo restant en première place.
Cette urbanisation rapide va créer des opportunités réelles de développement. En effet, la concentration de population dans les zones urbaines devrait permettre d'améliorer l'accès à l'éducation et aux soins, car le nombre de personnes vivant à une distance raisonnable des écoles et des centres de santé sera plus important.
Des opportunités certes, mais aussi des enjeux énormes qu'il s'agisse de la création d'emplois, du logement, de l'énergie ou des infrastructures.
Ces questions seront débattues à la prochaine conférence des Nations Unies sur le développement durable qui se tiendra en juin à Rio et à laquelle participera une délégation congolaise.
Situation militaire
Aucun incident majeur susceptible de perturber la situation sécuritaire à l'Ouest de la République Démocratique du Congo n'a été signalé pendant la période sous examen, hormis quelques actes de banditisme à Kinshasa, des tensions ethniques à l'Equateur, et des conflits fonciers au Kasaï Oriental.
En Province Orientale, la situation sécuritaire a été jugée stable pendant la période considérée, mais demeure imprévisible.
L'opération unilatérale « Athari IV » (Danger), lancée le 30 mars 2012 dans la région de Gangala Nabodio par le bataillon Marocain de la Force de la MONUSCO est arrivée à son terme le 5 avril 2012. Elle a réduit les activités des groupes armés, notamment celles de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) dans la zone, et assuré la protection des populations civiles.
Le 8 avril 2012, dans le cadre de l'opération « Bienvenue à la Paix », lancée le 27 mars 2012 dans la région de Dungu, la Force de la MONUSCO a conduit des patrouilles spéciales le long de la rivière Duru vers Nakale, située à 20 kilomètres au Nord de Duru, dans le but de faciliter la reddition volontaire des rebelles de la LRA actifs dans le secteur.
En Ituri, la situation sécuritaire est demeurée imprévisible, particulièrement dans les régions situées au Sud du territoire d'Irumu, où le Front de Résistance Patriotique de l'Ituri (FRPI) continue de renforcer ses positions, notamment à Gety, Aveba et Kagaba.
Le 2 avril 2012, un poste opérationnel a été établi au rond-point de Gety, situé à 7 kilomètres à l'Ouest de Geti, dans le cadre de l'opération « Salama Mbinguni » (sanctuaire sécurisé), lancée par deux bataillons Bangladais de la Force de la MONUSCO, dans le but d'appuyer les opérations en cours, de dissuader toute reprise d'activités par les miliciens, et d'assurer la protection des populations civiles.
Les 6 et 7 avril 2012, dans le cadre de la lutte contre le choléra, l'hôpital de niveau 1 du contingent Bangladais de la Force de la MONUSCO de Mahagi a organisé au port de cette localité, deux (02) campagnes médicales spéciales, pendant lesquelles cent vingt-quatre (124) personnes ont été consultées, et également reçu des traitements contre le choléra, à titre gracieux.
Au Nord-Kivu, la situation sécuritaire très volatile, a été marquée par de vives tensions au sein des forces de sécurité gouvernementales, la diminution significative des activités des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), et la poursuite de la lutte contre les rebelles de l'Alliance des Forces Démocratiques (ADF). A cet effet, les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) à travers l'opération conjointe « Radi Strike » (Coup de foudre), ont mené des patrouilles intensives dans les zones avoisinant leurs objectifs intermédiaires, en vue de surveiller les mouvements des combattants ADF.
Par ailleurs, des défections au sein des FARDC d'anciens éléments du Congrès National de la Défense du Peuple (CNDP), dans les territoires de Rutshuru, Masisi, Lubero ont été rapportées. Toutefois, de nombreux retours et arrestations de ces déserteurs ont aussi été enregistrés durant le week-end dernier. A cet effet, dans le but de préserver un environnement sécuritaire apaisé dans ces régions, la Force de la MONUSCO a initié des interactions régulières avec les FARDC, et conduit des patrouilles intensives visant à rassurer et à protéger les populations civiles.
Le 7 avril 2012, les FARDC ont tué deux (02) éléments, des FDLR ainsi que de l'APCLS (Alliance des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain), et délogé environ cent cinquante (150) combattants d'une coalition FDLR-APCLS au cours des combats à Kikamata-I, situé à 20 kilomètres au Nord-ouest de Masisi. Le poste opérationnel de la Force de la MONUSCO de Kashebere a pris en charge et assuré la protection de quelque deux cents (200) personnes, déplacées suite à ces accrochages.
Le même jour, une délégation conduite par le commandant de la Brigade du Nord-Kivu de la Force de la MONUSCO, comprenant le Chef de Bureau de la MONUSCO et le commandant de l'opération « Amani Leo », a visité Kashebere et Katale dans le territoire de Masisi, dans le but d'évaluer la situation sécuritaire, d'interagir avec les troupes FARDC défectueuses et de rassurer les populations civiles.
A la même date, les FARDC ont engagé des combats sur l'axe Nyongera-Rugarama-Bunagana contre des déserteurs qui voulaient franchir la frontière du Rwanda, ce qui a provoqué la fuite des populations civiles, qui ont traversé la frontière avec l'Ouganda. La Force de la MONUSCO a déployé une patrouille aérienne au-dessus de la région dans le but d'évaluer la situation sécuritaire.
Le 8 avril 2012, vingt (20) hommes armés ont attaqué le poste de la Police Nationale Congolaise (PNC) de Butembo, tué un (01) soldat FARDC, deux (02) policiers, et blessé quatre (04) autres agents de la police.
Au Sud-Kivu, la situation sécuritaire est demeurée volatile la semaine dernière, suite à une série de défections et de troubles internes provoqués par des soldats ex-CNDP, dans les territoires de Kalehe, Kabare, Fizi et Uvira.
En outre, l'opération « Amani Kamilifu » (La paix renforcée) lancée conjointement par la Force de la MONUSCO et les FARDC se poursuit, et continue d'inciter à de nombreuses redditions dans les rangs des FDLR, suite aux affrontements avec les FARDC.
Entre le 5 et le 9 avril 2012, des accrochages ayant eu lieu entre les FDLR et les Mayi-Mayi Rahiya Mutomboki à Bushiboa Bombo et Ekingi, situés respectivement à 25 et 22 kilomètres au Nord-ouest de Bunyakiri, ont fait sept (07) tués chez les FDLR et onze (11) chez leurs adversaires.
Au chapitre des redditions, six (06) combattants FDLR se sont rendus avec trente et un (31) membres de leurs familles à Ngoneyano, Bunyakiri et Burhinyi pendant la période considérée.
Au Katanga, la situation sécuritaire est relativement calme, mais reste volatile. Les FARDC ont renforcé leurs troupes engagées dans les opérations contre les Mayi-Mayi Gédéon.
Le 1er avril 2012, des accrochages ont eu lieu entre les FARDC et les Mayi-Mayi Gédéon au village Kasenga Nganye.
Le 5 avril 2012, les forces de sécurité congolaises ont appréhendé trois (03) combattants FDLR à Kalemie.
Des activités de pillage et de vandalisme de faible ampleur ont été rapportées la semaine dernière dans le Secteur 2, où la situation sécuritaire est demeurée relativement calme.

Enfin, concernant les statistiques des patrouilles, la Force de la MONUSCO a mené 1219 patrouilles armées, dont 752 nocturnes et fourni 58 escortes, pendant que 310 autres patrouilles ont été menées par les Observateurs Militaires de la Force.