Beni : les habitants de Sayo plaident pour une présence renforcée de la MONUSCO

Récemment, plusieurs habitants de Sayo ont exprimé le souhait de voir la MONUSCO renforcer son appui en complément des efforts menés par les FARDC et la PNC.

14 avr 2025

Beni : les habitants de Sayo plaident pour une présence renforcée de la MONUSCO

Ado Abdou

Le quartier de Sayo, en périphérie de la ville de Beni, semble paisible. Pourtant, depuis plusieurs mois, une inquiétude grandissante y règne en raison de la présence d’hommes armés non identifiés. Ces derniers se présentent parfois comme des protecteurs, cependant leur véritable identité et leurs intentions demeurent floues.

Plusieurs hypothèses circulent parmi les habitants : certains évoquent les Wazalendo, d'autres des groupes Maï-Maï, voire l’émergence d’une nouvelle formation armée non identifiée. Cette incertitude entretient un climat de méfiance, d’autant que de nombreux actes de criminalité ont été signalés dans le quartier et ses environs depuis leur apparition.

Ce contexte vient aggraver une insécurité déjà bien ancrée, liée aux exactions attribuées aux Forces Démocratiques Alliées (ADF), responsables de multiples attaques envers les civils dans cette partie du Nord-Kivu.

Entouré de forêts et de zones agricoles, le quartier de Sayo présente une configuration géographique longtemps exploitée par les ADF, ce qui continue d’alimenter l’inquiétude des habitants. Ces derniers se souviennent encore de l’attaque meurtrière d’avril 2024 qui avait coûté la vie à plusieurs dizaines de civils. Plus récemment, un agent de la Police nationale congolaise a été abattu dans la même zone, signe de l’insécurité persistante.

Appel à la MONUSCO

Face à cette insécurité persistante, plusieurs habitants de Sayo ont exprimé le souhait de voir la MONUSCO renforcer son appui, en complément des efforts menés par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Police nationale congolaise (PNC).

Vendredi 11 avril 2025, une délégation du sous-bureau de la MONUSCO à Beni s’est rendue dans le quartier pour échanger avec les autorités locales et les représentants communautaires. « Le quartier de Sayo a été frappé par des attaques ayant fait de nombreuses victimes. Nous pensons qu’un accompagnement de la MONUSCO, aux côtés des forces de sécurité congolaises, pourrait contribuer à renforcer la protection des habitants et favoriser un retour progressif dans les champs et les habitations », a déclaré Amani Kambale, représentant de la société civile locale.

Ce dernier a également souligné les difficultés d’accès à certaines parties du quartier, un obstacle majeur en cas d’intervention d’urgence. Il recommande un appui logistique et en renseignement de la part de la MONUSCO pour renforcer l’efficacité des FARDC et de la PNC dans la zone. Même constat du côté de Bienvenue Kavira, habitante du quartier : « L’état très dégradé des routes pourrait compromettre toute intervention rapide en cas d’attaque ».

Pistes de collaboration

Au cours de la visite, la MONUSCO, les autorités locales, les représentants des forces de sécurité et les leaders communautaires ont échangé sur les défis sécuritaires du quartier et les réponses envisageables. Parmi les pistes évoquées figure la possibilité d’une présence renforcée de la MONUSCO, à travers l’aménagement d’un site partagé avec les FARDC et la PNC. Cette option reste à l’étude. « Cette visite est perçue comme un signal positif », a estimé Jean Vaitsura Kima, chef de quartier adjoint de Sayo. « Nous avons convenu de visiter ensemble, lundi, un site susceptible d’accueillir une présence conjointe de la MONUSCO, des FARDC et de la PNC ».

Outre les questions sécuritaires, les participants ont également mis en lumière d’autres préoccupations, notamment le manque d’emplois pour les jeunes. « Certains jeunes, faute d’opportunités, se retrouvent sans repères. Des alternatives économiques pourraient les aider à rester actifs dans leur communauté », a expliqué un représentant local. Les femmes aussi sont confrontées à des difficultés, comme l’a souligné Bienvenue Kavira : « L’absence d’activités génératrices de revenus pousse certaines femmes à la détresse. Nous espérons un accompagnement en formation, par exemple dans les métiers de la couture ou de la menuiserie ».

Ces discussions ont également permis d’aborder la question de la perception de la MONUSCO par la population. De nombreux habitants ont reconnu que leur regard sur la Mission avait été influencé par des informations erronées ou partielles. La visite a contribué à dissiper certaines incompréhensions. Des efforts sont désormais envisagés pour renforcer le dialogue et la collaboration entre la MONUSCO et la communauté dans l’intérêt commun de la sécurité et du bien-être de tous.