Pillay rappelle le passé 'consternant' des dirigeants de la mutinerie du M23,craint de nouveaux abus

19 juin 2012

Pillay rappelle le passé 'consternant' des dirigeants de la mutinerie du M23,craint de nouveaux abus


Genève, le 19 juin 2012
- La Haut-Commissaire aux Droits de l'Homme, Navi Pillay, a exprimé sa profonde préoccupation mardi par rapport à la sécurité de la population civile habitant dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), alors que les combats entre l'armée congolaise et le mouvement M23, qui est à l'origine d'une mutinerie dans la province du Nord-Kivu, sous la direction d'un groupe tristement célèbre d'auteurs de violations des droits de l'homme.

« Les dirigeants du M23 figurent parmi les auteurs des pires violations des droits de l'homme en RDC, et même dans le monde, » a souligné Mme Pillay. « Beaucoup d'entre ont un passé consternant, comprenant des allégations de participation à des viols de masse, la responsabilité de massacres, et le recrutement et l'utilisation d'enfants. »

« Beaucoup d'entre eux pourraient être responsables de crimes de guerre », a-t-elle ajouté. « Je crains la possibilité qu'ils imposent davantage d'horreurs à la population civile lors d'attaques de villages à l'est de la RDC. »

Le M23 est composé de déserteurs de l'armée qui appartenaient auparavant aux groupes armés CNDP et PARECO, qui ont été intégrés dans l'armée nationale suite à un accord de paix conclu en 2009. La haute direction du M23 comprend Sultani Makenga, un colonel et ancien chef rebelle qui aurait été impliqué dans des massacres de civils et le recrutement d'enfants pour les faire participer activement à des hostilités, et Bosco Ntaganda, un général de l'armée recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre pour recrutement et utilisation d'enfants dans les combats dans le district de l'Ituri, au nord-est de la RDC, en 2002-2003.

Au Nord-Kivu uniquement, des affrontements entre le M23 et l'armée congolaise ont déjà entraîné la fuite de quelque 218 000 personnes depuis avril 2012.

« Tous les efforts doivent être entrepris pour tenir ces hommes, et les soldats sous leur commandement, responsables des violations des droits de l'homme commises contre des civils – à la fois pour les crimes commis dans le cadre de la présente mutinerie, ainsi que pour les infractions commises antérieurement, » a déclaré Mme Pillay.

En particulier, Mme Pillay a exprimé son inquiétude quant au fait que le pratique du recrutement et de l'utilisation d'enfants a été maintenue jusqu'à très récemment, comme constaté plus tôt ce mois-ci lorsque la MONUSCO a réussi à secourir 20 mineurs faisant partie du 811ème Régiment de l'armée congolaise (FARDC), auparavant sous le commandement du Colonel Innocent Zimurinda, actuel membre du M23 et ancien commandant du CNDP. Les enfants ont été recrutés dans la province du Nord-Kivu entre 2008 et janvier 2012.

Pillay a appelé toutes les parties, y compris les FARDC, à respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme et à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection de la population civile.

Les principaux dirigeants du M23 comprennent les personnes suivantes, qui ont toutes été mentionnées dans le Rapport final du Groupe d'experts sur la RDC (S/2009/603) comme faisant partie du commandement des FARDC avec un passé établi d'abus des droits de l'homme:


Le Colonel Sultani Makenga
. En plus du recrutement et de l'utilisation d'enfants, les violations attribuées à Makenga inclues sa participation dans le massacre de Kiwandja commis entre les 4 et 5 novembre 2008, lorsque des troupes CNDP ont exécuté au moins 67 civils – principalement de jeunes hommes – à Kiwandja, au Nord-Kivu; et le massacre de Buramba de mars 2007, lorsque des troupes FARDC (anciennement Brigade Bravo) auraient exécuté au moins 14 civils Hutu et Nande dans la zone de Buramba, au Nord-Kivu.

Le Colonel Baudouin Ngaruye.
En plus du recrutement et de l'utilisation d'enfants, les abus des droits de l'homme attribués à Ngaruye, comprennent la responsabilité pour le soi-disant massacre de Shalio commis entre les 27 et 30 avril 2009, lorsque des troupes FARDC (principalement des anciens CNDP) ont attaqué les réfugiés Hutu et des dépendants des FDLR à Shalio, au Nord-Kivu, et auraient tué ou fait disparaître 139 personnes et enlevé environ 40 femmes, dont certaines ont été victimes de viol collectif et mutilées.

Le Colonel Innocent Zimurinda
. Zimurinda serait responsable en tant que chef hiérarchique des massacres de Kiwandja et Shalio. Il est aussi accusé de recrutement et d'utilisation d'enfants. Pour ces raisons, le 1er décembre 2010, son nom a été inclus dans la « Liste d'individus et d'entités visés par l'interdiction de voyager et le gel des avoirs » administrée par le Comité des sanctions du Conseil de sécurité sur la République démocratique du Congo.

Le Colonel Innocent Kaina. Kaina aurait participé à une série d'abus des droits de l'homme, comprenant des crimes commis en Ituri, province Orientale, en 2004, quand il était – avec Bosco Ntaganda – un membre de l'Union des patriotes congolais (UPC) / Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) de Thomas Lubanga Dyilo. Arrêté par les autorités de la RDC en juin 2006, il a été libéré en janvier 2009, sans avoir été jugé.

Le Général Bosco Ntaganda.
Ntaganda a été inculpé par la Cour pénale internationale le 22 août 2006 pour crimes de guerre – à savoir le recrutement et l'utilisation d'enfants de moins de 15 ans – commis en Ituri, province Orientale, en 2002-2003, quand il était le Chef adjoint de l'état-major de l'UPC / FPLC. Le FPLC a été le bras armé de l'UPC, fondée en septembre 2001 par Thomas Lubanga Dyilo, qui est récemment devenu la première personne reconnue coupable par la CPI.

Ntaganda est mentionné dans le Rapport final de 2009 du Groupe d'experts sur la RDC (S/2009/603) parmi les commandants des FARDC avec un passé établi d'abus des droits de l'homme, y compris la responsabilité en tant que chef hiérarchique, en tant que Chef d'état-major du CNDP, pour le massacre de Kiwandja commis entre les 4 et 5 novembre 2008, ainsi que pour le recrutement et l'utilisation d'enfants. Il est également mentionné dans la « Liste d'individus et d'entités visés par l'interdiction de voyager et le gel des avoirs » administrée par le Comité des sanctions du Conseil de sécurité sur la République démocratique du Congo.

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