Prison de Beni : quand le travail de la MONUSCO impacte et change la vie d’une détenue

A travers ces formations, la MONUSCO tente de rendre les détenues autonomes en leur apprenant un métier afin de mieux préparer leur retour dans la communauté. / Photos MONUSCO

8 nov 2023

Prison de Beni : quand le travail de la MONUSCO impacte et change la vie d’une détenue

Carine Tope

Martine est âgée de 30 ans. Vous ne verrez pas son visage dans cette publication parce qu’elle parle sous anonymat et, d’ailleurs, Martine est un nom d’emprunt. Comme tout être humain, Martine, mère de famille habitant la ville de Beni, a commis des erreurs par le passé. Elle a enfreint la loi et a été jugée pour infraction de vol qualifié.

Depuis quatre ans, Martine purge sa peine à la prison centrale de Beni. Sa vie bascule. Martine est habituée à savourer l’air de la liberté et à profiter de la vie. Ce qui n’est pas toujours évident entre quatre murs.

A quelque chose malheur est bon : dans ce centre de rééducation, Martine a pris le temps de réfléchir à sa vie, de voir quel sens elle lui donnera dès qu’elle aura recouvré la liberté.

Cette mère de famille a des remords. Si elle se retrouve dans cette situation d’incarcération, c’est parce qu’étant libre il y a quelques années Martine n’avait aucun moyen de subsistance et décida un jour de prendre le mauvais chemin, à savoir « voler », pour subvenir à ses besoins et nourrir ses enfants.

Ce à quoi elle ne s’attendait pas, contre toute attente, ce fut d’être arrêtée pour cette velléité et déférée devant le tribunal de paix à Beni devant son juge naturel. Martine écope alors de cinq années de prison ferme. Sa vie bascule.

Un nouveau départ

En prison, alors que Martine réfléchit aux nouvelles orientations qu’elle souhaite donner à sa vie une fois sa peine purgée dans quelques années, la providence apparaît. La MONUSCO, à travers sa section d’appui à l’administration pénitentiaire, décide d’organiser une série de formations au bénéfice des femmes détenues.

En organisant ces formations, la MONUSCO tente, entre autres, de lutter contre l’inactivité et l’oisiveté en prison, rendre les détenues autonomes, leur apprendre un métier et préparer leur retour dans la communauté en tant que citoyennes modèles.

A l’annonce de cette nouvelle, Martine est surexcitée. Elle vient de trouver l’ultime solution dont elle besoin pour changer de vie et devenir une nouvelle et bonne personne utile à sa famille.

Comme Martine, quarante-cinq autres femmes sont incarcérées dans cette prison. Pendant les cours d’apprentissage, Martine est assidue. Elle ne laisse échapper aucun détail. Elle pose des questions pour mieux assimiler la matière.

Une autre vie

Avec la MONUSCO, Martine a appris plusieurs choses : elle sait fabriquer du savon, elle sait tisser des sacs et des nattes, elle sait faire des gâteaux parce qu’elle aussi appris la pâtisserie. Ayant appris tous ces métiers grâce à l’appui de la MONUSCO, Martine est aujourd’hui devenue une nouvelle personne. Sa vie a changé, son destin aussi.

Quand on lui tend le micro pour exprimer son ressenti, c’est une femme émue qui répond : « La MONUSCO a changé ma vie. Quand je sortirai de cette prison, je ne vais plus jamais commettre les mêmes délits, les mêmes erreurs qui m’ont conduite ici ».

Les erreurs ou délits auxquels elle fait allusion, c’est en fait le vol. Martine était une voleuse. Dorénavant, ce chapitre sombre et douloureux de sa vie restera derrière elle, confie-t-elle. « Avant, j’étais obligée de voler pour subvenir aux besoins de ma famille ; cependant, maintenant avec tous ces métiers appris, je vais travailler et gagner ma vie à la sueur de mon front, je vais travailler comme tous les honnêtes gens ».

En prison, le désir de Martine de devenir une meilleure version d’elle-même est aussi motivé par ses enfants. Ils sont au nombre de combien ? Martine ne l’a pas dit, mais leur existence a été suffisante pour pousser leur mère à décider de changer de vie. Elle se confie encore : « Au sortir d’ici, je veux rendre fiers mes enfants. Je serai honnête ».

Comme Martine, quarante-cinq autres femmes détenues ont appris un ou plusieurs métiers. Toutes mûrissent l’espoir de changer de vie et de donner le meilleur d’elles-mêmes pour bâtir leur communauté et prendre soin de leur famille.

Voilà comment le travail de la MONUSCO a changé la vie de Martine. Elle se souviendra de la Mission onusienne toute sa vie, même quand celle-ci aura définitivement quitté la République démocratique du Congo.