Bunia : le Centre de coordination des opérations, deux ans plus tard, un pilier contre l’insécurité [1]
Bunia : le Centre de coordination des opérations, deux ans plus tard, un pilier contre l’insécurité
L’inauguration du Centre de coordination des opérations (CCO) de la Police nationale congolaise (PNC), le 13 décembre 2023, a marqué un tournant majeur dans la lutte contre l’insécurité à Bunia. Construit et partiellement équipé par la MONUSCO, ce dispositif stratégique continue, deux ans plus tard, de jouer un rôle central dans la sécurisation de la ville.
Selon le major Jean-Claude Mukendi Lupata, responsable dudit centre, son installation répondait à une nécessité urgente : « Répondre aux besoins sécuritaires de la population ». À l’époque, Bunia faisait face à de nombreux cas de viols, meurtres, braquages et autres cambriolages : « On entendait des coups de feu quasiment chaque jour », se souvient-il.
Opérationnel 24 heures sur 24
Situé dans le quartier Lumumba, dans la commune de Mbunya, le CCO comprend deux bureaux, une salle des opérations et une pièce d’archivage. La MONUSCO y a installé douze lignes téléphoniques et fourni du matériel informatique. Le gouvernement provincial a complété l’équipement avec quarante-trois caméras de surveillance, deux jeeps et du carburant pour les patrouilles.
Le centre fonctionne en continu et reçoit près de 800 appels par jour, grâce à la mobilisation quotidienne d’environ 186 personnes, dont les équipes de patrouille et les réceptionnistes du centre d’appels. Le numéro d’urgence est : 081 105 00 13. « Chaque appel est enregistré et analysé. Si une intervention est nécessaire, nous envoyons l’unité la plus proche pour venir en aide à la population », explique le major Mukendi.

Une habitante du quartier Bankoko témoigne : « Des bandits ont attaqué notre maison la nuit. Nous avons appelé le numéro vert et la police est arrivée très vite. À plusieurs reprises, nous avons été protégés grâce à leur intervention ».
Appui de la MONUSCO et professionnalisation de la police
Bunia est une agglomération de près de deux millions d’habitants, prise en étau entre les territoires d’Irumu et de Djugu, où des groupes armés restent actifs. Pour le major Mukendi, l’appui de la MONUSCO, via UNPOL, a joué un rôle déterminant. La Stratégie opérationnelle de lutte contre l’insécurité à Bunia (SOLIBU) a permis la mise en place du Centre et le renforcement des capacités grâce à des appuis logistiques et des formations spécialisées : enquêtes policières, gestion de scènes de crime, maintien de l’ordre public, droits de l’enfant ou encore secourisme.
Ces formations ont permis à la police « de changer ses méthodes de travail » et de devenir « plus professionnelle et davantage respectueuse des droits humains ». Le major souligne également un autre progrès : « Grâce au CCO, nous pouvons contrôler le comportement de nos éléments via les vidéos de surveillance, ce qui limite les bavures ».
Le général Seguin Sengelwa Kyo, commandant de la PNC en Ituri, confirme cette évolution : « Bunia est aujourd’hui sécurisée 24 heures sur 24 par la vidéo. Les interventions sont plus rapides et permettent de sauver des vies. Le degré zéro d’insécurité n’existe pas, mais la ville respire mieux qu’il y a deux ans ».
Des défis réels mais une dynamique positive
Le CCO fait face à plusieurs défis : manque d’engins roulants, routes dégradées dans certains quartiers, difficultés de réseaux téléphoniques ou absence de rues clairement identifiées. En juin et juillet 2025, une série d’attentats meurtriers a également frappé la ville.
En réponse, les patrouilles conjointes MONUSCO-FARDC-PNC ont été renforcées et une unité spéciale de l’armée, « Tigre », a été déployée. Les personnes impliquées ont depuis été arrêtées et sont poursuivies en justice. Le général Sengelwa invite désormais la population à « collaborer davantage avec les forces de sécurité et à se désolidariser des groupes armés ». Malgré les obstacles, le CCO demeure un pivot de la protection à Bunia, symbole de coopération entre institutions nationales et appui international.
