Lutte contre les violences sexuelles : au Nord-Kivu et en Ituri, une mobilisation adaptée aux nouveaux risques
Cette année, les 16 Jours d’activisme ont mis en lumière une réalité souvent silencieuse : l’essor des violences numériques à Beni et à Bunia. Ces violences, observées par les acteurs de protection, prennent la forme d’intimidation, de chantage ou de diffusion d’images intimes. Elles s’ajoutent aux violences sexuelles déjà signalées depuis plusieurs années. Face à cette évolution, les femmes sont plus visibles dans l’espace public et les hommes commencent à s’engager autour de la masculinité positive, avec le soutien de la MONUSCO et de partenaires locaux.

À Beni, plus de cinq cents personnes, dont une centaine d’hommes, ont participé aux activités de sensibilisation organisées par la MONUSCO, la section Genre et les associations féminines. Les échanges ont porté sur la protection des victimes, le signalement des cas et l’usage responsable du numérique. Kahindo Safi Mughole, de la Dynamique des Femmes Juristes, a rappelé que la parole d’une survivante peut parfois en protéger d’autres.
Vers une prise de conscience numérique
Le thème international de cette édition, « Unir pour mettre fin à la violence numérique à l’égard de toutes les femmes et filles », a servi de cadre aux discussions. Pour Emery Chibi, de la section Genre à MONUSCO Beni, la prévention ne peut se faire sans les hommes. Selon lui, la masculinité positive consiste à assumer une responsabilité collective dans la protection des femmes et des filles. À Bunia, la sensibilisation intègre également l’aspect juridique. Pour sa part, Alain Rubenga, de la section Genre à MONUSCO Bunia, souligne que la connaissance de la loi nationale sur le numérique contribue à limiter les abus et l’impunité.
Selon les rapports consolidés de la division provinciale du Genre, Famille et Enfant, plus de vingt-sept mille cas de violences basées sur le genre ont été documentés en Ituri entre janvier et novembre 2025. Ces données concernent des personnes de tous âges et confirment la nécessité d’une réponse adaptée au terrain. Les zones de déplacement et les milieux urbains sont particulièrement touchés, selon les autorités locales.

Un soutien continu aux acteurs locaux
La MONUSCO accompagne les structures administratives et communautaires à travers des patrouilles conjointes avec les forces de sécurité, des formations aux enquêtes et aux droits humains, ainsi qu’un appui judiciaire incluant des audiences foraines. Des projets à impact rapide renforcent l’autonomisation économique des femmes et facilitent l’accès à des services essentiels. À Getty et à Mambasa, des Maisons de Femmes ont été construites. À Kilya, Paida, Oicha et Mutwanga, des infrastructures réhabilitées abritent désormais des services destinés aux femmes, aux jeunes et aux associations locales. La politique de tolérance zéro face à l’exploitation et aux abus sexuels est systématiquement rappelée.
Des effets observés sur le terrain
Dans certaines zones stabilisées, les organisations locales signalent une baisse des violences sexuelles et une diminution des règlements informels. La scolarisation des filles progresse et plusieurs groupes de femmes déplacées ont lancé des activités économiques, notamment la fabrication de savon à Rhoe et à Drodro. Une activiste rencontrée à Bunia résume l’enjeu : une femme instruite et autonome dispose de plus de moyens pour faire respecter ses droits.
Au Nord-Kivu et en Ituri, la lutte contre les violences sexuelles se transforme progressivement. Les acteurs de terrain insistent sur la nécessité d’intégrer la dimension numérique dans les mécanismes de prévention, de renforcer la réponse judiciaire et de consolider la mobilisation communautaire afin que chaque espace, y compris virtuel, devienne un lieu de protection plutôt qu’un facteur de risque.

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