Goma : la MONUSCO initie des étudiants en droit à la protection de l’enfant

Cette session d'initiation vise à sensibiliser les jeunes juristes en formation à l’agenda des Nations Unies relatif aux Enfants et Conflits Armés (CAAC).

3 sep 2025

Goma : la MONUSCO initie des étudiants en droit à la protection de l’enfant

Marylène Seguy

Dans un contexte marqué par des décennies de conflits armés ayant profondément affecté les populations civiles du Nord-Kivu, notamment les enfants, la MONUSCO, à travers sa section Protection de l’enfant, a organisé une formation de deux jours à l’intention d’une cinquantaine d’étudiants en droit de l’Université Catholique La Sapientia (UCS) de Goma.

Placée sous le thème de la protection de l’enfant dans les conflits armés, cette session, tenue du 2 au 3 septembre 2025, vise à sensibiliser ces juristes en formation à l’agenda des Nations Unies relatif aux Enfants et Conflits Armés (CAAC) et à renforcer leur compréhension des mécanismes juridiques et humanitaires de protection des droits de l’enfant dans les contextes de guerre.

Les enfants, en RDC, continuent de payer un lourd tribut aux conflits : enrôlement dans les groupes armés, déplacements forcés, violences sexuelles, perte de leurs proches, attaques contre les écoles ou encore exploitation dans les mines. Autant de violations graves que les étudiants ont appris à identifier, documenter et combattre à travers le droit et les instruments internationaux de protection.

Télesphore Kanyamulera, assistant à la section Protection de l’enfant de la MONUSCO, a souligné l’importance d’une telle initiative : « Enseigner la protection de l’enfant, c’est bâtir les fondations d’une société plus juste, où les droits fondamentaux des plus vulnérables sont respectés ».

Il a ajouté que cette approche contribue à responsabiliser les futurs juristes : « La paix ne se construit pas uniquement par les armes, mais aussi par l’éducation, le droit et l’engagement communautaire ».

Un contenu riche et interactif

Durant cette formation, les participants ont exploré les cadres juridiques nationaux et internationaux tels que la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, adoptée en 1989, et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU, dont l’application en RDC est soutenue par la MONUSCO.

Les modules ont également couvert les rôles respectifs de la MONUSCO, des institutions nationales, des ONG et des humanitaires dans la surveillance, la prévention, l’assistance aux victimes et la réintégration des enfants affectés par la guerre.

Selon Mathieu Ndongo Koni, responsable adjoint de la section Protection de l’enfant à la MONUSCO, l’objectif est clair : « Nous évoquons les défis et les opportunités spécifiques que nous avons dans ce travail et le rôle que les étudiants peuvent apporter en tant que contributeurs à la recherche de la paix lorsqu'ils seront bien formés et qu'ils auront compris la portée des droits de l'enfant et la nécessité de protéger ses enfants ».

Il a également mis en lumière l’interconnexion entre les trois agendas des Nations Unies : « Je dois signaler qu'il y existe trois agendas croisés des Nations unies : un sur les jeunes, paix et sécurité ; un autre sur les femmes, paix et sécurité  et notre agenda sur les enfants et les conflits armés. Ils s’entrecroisent. Et nous pensons qu’éduquer les étudiants aux droits de l'enfant, c’est tout simplement les éduquer à la paix ».

Plusieurs étudiants ont témoigné de l’importance que revêtait, à leurs yeux, cette initiative. « C’est la première fois que je suis une formation aussi centrée sur la protection de l’enfant. J’ai compris que le droit peut vraiment être un outil de transformation sociale », a confié Victor Tuver, 24 ans, étudiant en Master 2 de droit de l’environnement.

Gloria Lobela, également en Master 2, renchérit : « J’avais déjà entendu parler des droits de l’enfant. Aujourd’hui j’ai appris des choses concrètes sur le désarmement des enfants soldats ».

Pour sa part, leur camarade Janvier Irumva Muyoboke a évoqué la situation dramatique des enfants dans les mines de Rubaya, appelant à la mobilisation : « Personnellement, j’ai grandi à Rubaya [NDLR : territoire de Masisi] et certains de mes camarades de classe de l’époque ne sont plus en vie aujourd’hui car ils avaient dû quitter les bancs de l’école pour rejoindre la mine. La place des enfants, ce n’est pas dans les mines, c’est à l’école. J’aimerais sensibiliser les familles et les communautés à travers les radios communautaires ».

Une jeunesse engagée pour la paix

À l’issue de cette première session, des formations similaires sont déjà prévues à l’Université de Goma (UNIGOM) et à l’Université Libre des Pays des Grands Lacs (ULPGL), consolidant ainsi un partenariat durable entre la MONUSCO et les institutions académiques locales.

François Sobo, de la section Appui à la justice de la MONUSCO, a souligné l’ambition du programme : « Notre présentation porte sur les procédures de justice, de redevabilité et de réparation des crimes commis contre les enfants dans les zones de conflit. Le but de cette initiation que ces jeunes soient conscients des mécanismes juridiques existants ».

Par cette initiative, la MONUSCO et l’Université La Sapientia démontrent qu’éduquer à la paix commence par faire comprendre que chaque enfant a droit à la dignité, à la protection, et à un avenir.

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