Ituri : la MONUSCO soutient la réinsertion de 933 ex-combattants et membres de la communauté

Les ex-combattants ayant choisi la filière agricole ont reçu des outils adaptés pour cultiver dans des champs communautaires. Les futures récoltes leur permettront de subvenir à leurs besoins.

28 oct 2025

Ituri : la MONUSCO soutient la réinsertion de 933 ex-combattants et membres de la communauté

Jean-Tobie Okala

La petite localité de Soleniama-Miala, située à une dizaine de kilomètres de Bunia, dans la province de l’Ituri, a accueilli le lancement de la deuxième phase d’un projet de réinsertion communautaire de la MONUSCO, mis en œuvre par sa section de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR-S). L’initiative, qui vise 933 bénéficiaires, dont 311 ex-combattants du groupe d’autodéfense Zaïre et 622 membres de la communauté de Tsere, s’est déroulée vendredi 24 octobre 2025.

Financé à hauteur de 490 000 dollars américains, le projet s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale de Désarmement, Démobilisation, Réhabilitation et Réinsertion communautaire (PDDRC-S) qui établit un ratio d’un ex-combattant pour deux membres de la communauté.

Un projet multisectoriel pour une paix durable

Le programme comporte plusieurs volets d’intervention dans les territoires de Djugu (Tsere, Miala, Telega) et d’Irumu (Tchomia). Il comprend la mise en place d’emplois temporaires rémunérés à 5 dollars par jour pendant 100 jours, dont 2 dollars seront reversés à une future coopérative, ainsi que la création de coopératives agro-pastorales à Tsere, Tchomia, Miala et Telega, assortie de la distribution de bétail et de la construction d’infrastructures telles que des bureaux, étables, forages et routes. Des travaux agricoles à haute intensité de main-d’œuvre (HIMO) sont également menés à Miala et Telega, tandis qu’à Tchomia, une provenderie sera construite pour soutenir l’élevage piscicole déjà existant.

Les ex-combattants qui ont choisi la filière agricole ont reçu des outils adaptés, notamment des houes, arrosoirs, brouettes, bêches et pioches, pour cultiver dans des champs communautaires. Les récoltes à venir devraient leur permettre de subvenir à leurs besoins et d’envisager une vie stable, loin des armes.

Des ex-combattants devenus acteurs de paix

Parmi les bénéficiaires figure J.L.N, 57 ans, ancien infirmier du groupe armé Zaïre, que ses membres appelaient « autodéfense ». Entre 2021 et 2023, il a vécu dans le maquis, dans la région de Largu et Blukwa (territoire de Djugu), avant de décider de déposer les armes en septembre 2024, à la suite des campagnes de sensibilisation menées par la MONUSCO et ses partenaires.

« En tant que Hema, j’avais rejoint l’autodéfense pour me protéger et défendre ma communauté. Mais la vie dans la brousse était un cauchemar, avec la faim, les déplacements constants et les menaces de mort. J’étais leur infirmier, je soignais les blessés et les accompagnais psychologiquement, car certains subissaient des violences de leurs propres compagnons d’armes », confie-t-il d’une voix posée.

Très vite, il comprend que cette vie n’a rien d’héroïque : « Les deux années passées dans le maquis ont été terribles. Il n’y avait pas à manger, beaucoup mouraient de faim, et il fallait se déplacer sans cesse pour échapper aux attaques. Ce n’était pas la vie que j’avais imaginée. Même aujourd’hui, ceux qui restent dans la brousse vivent dans la peur et le manque de soins. Et si quelqu’un tente de partir, il risque la mort ».

Aujourd’hui démobilisé, J.L.N nourrit de nouveaux projets. Il rêve de créer un Fonds pour le climat, la paix et la cohésion sociale, en investissant dans l’agriculture et la reforestation. Pour lui, ce projet de réinsertion soutenu par la MONUSCO constitue le premier pas vers ce renouveau.

« Quittez la brousse, rentrez chez vous »

Le 5 septembre 2024, J.L.N. a reçu sa carte de démobilisé du PDDRC-S, qu’il considère comme un véritable passeport pour la vie. Ce document lui garantit la liberté de circulation et l’accès à des projets de réinsertion communautaire. Il encourage également les jeunes encore engagés dans les groupes armés à suivre son exemple :
« Quittez la brousse, il n’y a pas de vie là-bas. Rentrez chez vous ou dans les communautés d’accueil, vous y serez bien accueillis. Déposez vos armes au PDDRC-S, à la MONUSCO ou aux FARDC. Le pays a besoin de nous tous. Que ceux qui manipulent ces jeunes cessent de leur voler leur avenir », lance-t-il.

Au-delà de la réinsertion individuelle, ce projet de la MONUSCO, d’une durée de trois mois et dix jours, vise à renforcer la cohabitation pacifique entre les communautés de l’Ituri, longtemps éprouvées par les conflits. En offrant des alternatives économiques et sociales aux jeunes à risque, la MONUSCO et ses partenaires espèrent consolider les fondations d’une paix durable dans la région.

 

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