Ituri : les populations de Fataki apprécient l’amélioration de la situation sécuritaire dans leur contrée

Photos/ MONUSCO

13 oct 2022

Ituri : les populations de Fataki apprécient l’amélioration de la situation sécuritaire dans leur contrée

Jean-Tobie Okala

En Ituri, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée sur la route nationale numéro 27 dans le territoire de Djugu.  Sur le tronçon de cette route qui part de Bunia, la capitale provinciale, vers la localité de Fataki, sur 90 km, les militaires de l’armée nationale sont placés tous les cinq kilomètres pour la protection des usagers de la route.  De même, les casques bleus de la MONUSCO y organisent régulièrement des patrouilles pour renforcer la sécurité des populations.  

Conséquence positive, les véhicules de transport en commun et les camions contenant des marchandises circulent sans escorte tout le long de cette route qui, il y a encore quelques mois, vivait au rythme des attaques des miliciens de la Codeco.  Les motards et piétons, parmi lesquels des élèves qui parcourent plusieurs kilomètres à pied pour se rendre à l’école, circulent presque en toute insouciance.

Patrouilles quotidiennes de protection des civils 

Une base des casques bleus népalais est déployée à Djaiba, à 6 km de Fataki. Deux fois par jour, ils patrouillent au camp des déplacés de Lodda, situé à environ six kilomètres de leur base. La nuit, ils y retournent. Ils sont aussi au centre de Fataki, à la paroisse catholique ou encore à l'hôpital général. Ces endroits sont habituellement ciblés par les miliciens.  

Rassurés par la présence des forces de sécurités nationales et des casques bleus de l’ONU, certains déplacés, qui avaient fui le milieu il y a plusieurs mois, voire quelques années, commencent ainsi à retourner dans leurs milieux.

Parmi eux, les religieuses de la paroisse Cœur Immaculé de Marie Fataki. Le 17 mars 2021, la MONUSCO les avaient accueillies trois jours durant dans sa base militaire de Djaiba, avant de les escorter de Fataki à Bunia, à la suite d'une violente attaque des miliciens de la Codeco contre leur couvent.  

Aujourd'hui, elles sont de retour à Fataki depuis à peine un mois. L'une d'elles explique qu'il y a également un mouvement de retour des déplacés, mais beaucoup hésitent encore parce que leurs maisons ont été détruites par les assaillants. Elle plaide pour le retour de la paix dans la zone pour faciliter ces retours. De fait, de nombreuses maisons restent vides et entourées d'herbes, faute d'occupants.

Intervention propice de la MONUSCO en mai 2022

L'abbé Jean Lojunga est le curé de la paroisse catholique de Fataki depuis le 16 mars 2022. Mercredi 12 octobre après-midi, il revenait d’une course à moto vers Dhera, à 20 km de Fataki. A l'aller comme au retour, il déclare n'avoir relevé aucun incident sécuritaire en route. Il affirme ne pas se souvenir de la dernière fois qu'il a entendu un coup de feu ici, preuve que la situation sécuritaire s'est améliorée dans le coin.

L'abbé loue la collaboration entre les FARDC et les casques bleus de la MONUSCO qui est à l'origine de cette amélioration. Il dit apprécier le travail abattu par les casques bleus de la MONUSCO pour ramener la paix dans cette zone.  

« Ils nous protègent et toute la communauté. En mai dernier, les assaillants ont égorgé 14 personnes dans le camp de Lodda. Sans l'intervention des casques bleus de la MONUSCO, il y aurait eu un vrai carnage. Un calme relatif règne ici. Les gens viennent de 5 voire 6 km du centre-ville pour des activités agricoles et l'après-midi, ils retournent tout près du camp militaire de la MONUSCO où ils se sentent en sécurité », affirme l'abbé Lojunga. 

« Nous avons pleinement confiance en la MONUSCO » 

Les populations qui fréquentent le centre de Fataki n'habitent pas toutes à côté du camp de la MONUSCO. Dès 18 heures, la nuit tombe sur la cité. L'obscurité est épaisse. Le petit rond-point de la cité qui fait office de centre commercial est éclairé grâce à quelques panneaux solaires installés par la MONUSCO dans le cadre de son programme de réduction des violences communautaires. Il y a une cinquantaine de personnes qui vont et viennent ; certaines rentrent des champs à cette heure tardive, d'autres sont installées devant de petites boutiques.

 

« Il y a nettement moins d'incidents depuis de nombreux mois ici. Avant, on en enregistrait plusieurs par jour, mais depuis la signature de l'acte d'engagement unilatéral pour la cessation des hostilités par la Codeco, la situation sécuritaire s'est beaucoup améliorée. Regardez à quelle heure nous sommes ici. Avant, tout s'arrêtait vers 16h-17h. C'est aussi parce qu'ici la population a confiance dans les casques bleus de la MONUSCO. », déclare un homme interrogé par des membres d’une équipe de la MONUSCO en mission à Fataki.

Reprise des activités économiques

Ce jeudi matin, l’équipe de la MONUSCO se rend à la rencontre des commerçants au marché de Fataki. Ce n'est pas le jour du marché, mais quelques vendeuses s'affairent à écouler leurs légumes et fruits. Certains hommes affirment venir d'une quinzaine de kilomètres pour vendre leurs produits agricoles, sans avoir noté un seul incident en cours de route. 

Jean Vianney Bambusombo, 57 ans, est commerçant. Selon lui, la reprise des activités économiques dans la zone est liée à la présence des casques bleus et des FARDC.  

« Les activités économiques ont repris, je dirais, à 60%. A mon avis, s'il n'y avait pas la présence de la MONUSCO ici, la situation serait catastrophique. Le problème qui se passe au Nord et Sud-Kivu avec la MONUSCO est différent de l'Ituri où on a affaire à des groupes ethniques qui se battent entre eux. Ici, si vous demandez à la population locale ce qu'elle pense de la MONUSCO, elle vous dira que la MONUSCO est nécessaire parce que sans la MONUSCO et les FARDC, tout le monde serait parti vivre ailleurs. Notre souhait est qu'on ramasse toutes ces armes qui circulent pour que la paix soit définitive », affirme-t-il. 

Pour sa part, Mama Béatrice Madasi, présidente de l'association pour la promotion d'encadrement maternel et infantile (APEMI) de Fataki, se réjouit que la MONUSCO organise régulièrement des activités de cohésion sociale auxquelles prennent part toutes les communautés vivant à Fataki. 

« Des matchs de football, du théâtre, des danses traditionnelles, des formations au leadership féminin qui nous ont appris comment nous prendre en charge, etc. Ici à Fataki, nous vivons en très bonne collaboration avec la MONUSCO. Aujourd'hui, nous les femmes pouvons aller loin, à plusieurs kilomètres, pour cultiver nos champs et revenir en toute sécurité », explique-t-elle. 

Mme Madasi invite ainsi les populations qui se sont réfugiées à Bunia et ailleurs à regagner leurs milieux. 
« La vie commence à changer. Nous vivons ensemble, nous buvons ensemble, nous fréquentons le même marché, toutes communautés confondues. L'apport de la MONUSCO est considérable mais la paix est l'affaire de tout le monde, nous devons travailler chaque jour pour la préserver, à travers nos comportements », a-t-elle enfin déclaré.