Khassim Diagne à Tchabi : « La traque des ADF va prendre une nouvelle dimension avec l’arrivée de forces supplémentaires de la FIB »

Khassim Diagne à Tchabi : « La traque des ADF va prendre une nouvelle dimension avec l’arrivée de forces supplémentaires de la FIB ». Photo MONUSCO/mICHAEL aLI

18 juin 2021

Khassim Diagne à Tchabi : « La traque des ADF va prendre une nouvelle dimension avec l’arrivée de forces supplémentaires de la FIB »

JEAN TOBIE OKALA

En réponse à la violence des groupes armés dans la région de Tchabi et Boga, à environ 120 km de Bunia, dans le territoire d’Irumu, province de l’Ituri, Khassim Diagne, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l'ONU en RDC, chargé des opérations et de la protection, a annoncé jeudi 17 juin 2021 que la traque des ADF va prendre une nouvelle dimension avec l’arrivée imminente de forces supplémentaires au sein de la Brigade d’intervention de la Force de la MONUSCO (FIB).

« Comme vous le savez, il y a déjà un plan de déploiement de la Force de la Brigade d’intervention. Les Népalais vont arriver, les Sud-Africains vont arriver, les Kenyans aussi, les Tanzaniens sont déjà là... Avec tout cet accompagnement militaire, sans oublier l’accompagnement civil évidemment, je pense que nous allons venir à bout de cet ennemi », a affirmé le chef adjoint de la MONUSCO.

M. Diagne était, les 16 et 17 juin 2021, en « visite de compassion et de solidarité » dans cette province où les groupes armés locaux (Codeco, Fpic, Maï-Maï...) et étrangers (ADF et FDLR) endeuillent presque quotidiennement les populations civiles. 

Il a bouclé sa visite par Tchabi où il s’est rendu en compagnie du nouveau commandant de la Force de la MONUSCO, le général Marcos Da Costa.

« Nous allons établir un plan opérationnel pour accompagner les FARDC à se défaire de l’ennemi ADF. La MONUSCO travaille main dans la main et avec détermination avec les autorités pour aider le Congo à sortir de ses problèmes », a assuré Khassim Diagne.

Le Représentant spécial adjoint reconnaît que « ce sera une bataille à long terme » vu que « la MONUSCO et l’armée congolaise font face à un ennemi mobile, qui bouge, un ennemi invisible ». Il réaffirme cependant « la détermination de la MONUSCO à accompagner le Congo à pouvoir défaire cet ennemi ».

« Sans la MONUSCO, nous ne savons pas où nous serions… »

Une annonce plutôt bien reçue par les principaux bénéficiaires, notamment la population civile et les déplacés, qui affirment que des hommes armés identifiés aux rebelles des ADF menacent toujours la stabilité de la région. 

Sebatuare Abanze, président du site des déplacés de Busio, à 12 km de Tchabi, qui héberge 900 familles, dit apprécier le travail des casques bleus de la MONUSCO qui les protègent contre lesdits rebelles.  « Si la MONUSCO n’avait pas été ici, nous ne savons pas où nous serions. La MONUSCO fait des patrouilles et, lorsqu’ils arrivent, les rebelles fuient. La MONUSCO nous assiste beaucoup », explique-t-il.

« La MONUSCO nous assiste beaucoup. Par exemple, la nuit, lorsqu’il y a un problème dans notre milieu, la MONUSCO arrive, dialogue avec nous. Quoiqu’ils soient basés à 15 km de nous, chaque fois qu’il y a un problème avec nous, ils arrivent toujours et nous assistent. Un autre exemple : avant-hier, lorsqu’ils ont vu à partir de leurs drones, des rebelles circuler aux alentours de notre milieu, nous avons vu la MONUSCO arriver, pour donner ces informations et demander aux militaires des FARDC d’être vigilants. S’il n’y avait pas de MONUSCO ici, en tout cas, on serait en danger. La MONUSCO nous accompagne même aux endroits des enterrements des gens tués par ces rebelles. Nous demandons au Président de la République que la MONUSCO continue dans cet angle, car n’eût été la MONUSCO, on serait en danger ici », témoigne-t-il.

Khassim Diagne a par ailleurs appelé les membres des différentes communautés à s’impliquer activement à préserver la paix, en apprenant à régler pacifiquement leurs différends.

« Retrouvez-vous autour d’une table, réglez les problèmes, répertoriez les problèmes qui vous divisent pour les résoudre. Mais si vous étalez les problèmes qui vous divisent, ça ne marchera pas. Nous demandons aussi aux communautés de coopérer avec les autorités congolaises (…). La communauté doit coopérer avec les forces de sécurité et dénoncer ceux qui veulent diviser la communauté », a-t-il conclu.

Violents combats contre la Codeco

Depuis le 12 juin 2021, de violents combats opposent l’armée aux rebelles de la Codeco à Fataki-centre, à 85 km de Bunia, dans le territoire de Djugu. Avec comme conséquences, un déplacement massif des populations dont certaines trouvent refuge dans la base militaire de la MONUSCO à Djaiba. 

Dans la nuit du 30 au 31 mai dernier, une cinquantaine de civils ont été massacrés par des assaillants identifiés aux ADF à Boga et Tchabi.

Le chef de l’Etat a décrété le 6 mai dernier l’état de siège pour mettre fin à cette violence aveugle qui ciblait jusqu’ici principalement les populations civiles et leurs biens, mais depuis peu, les infrastructures de base telles que les hôpitaux et écoles sont également ciblées.

En plus des patrouilles quotidiennes qu’effectuent les casques bleus de la Mission en appui aux FARDC, des renseignements partagés avec l’armée et de l’appui logistique multiforme apporté à cette dernière, Khassim Diagne estime que le renforcement des effectifs des soldats de la paix à Tchabi pourra aider les forces de l’ordre à mieux lutter contre les groupes armés dans la région.