La MONUSCO déplore les hostilités et l’escalade de la violence dans les provinces du Kasaï

La MONUSCO déplore les hostilités et l’escalade de la violence dans les provinces du Kasaï
5 avr 2017

La MONUSCO déplore les hostilités et l’escalade de la violence dans les provinces du Kasaï

Kinshasa, le 5 avril 2017 – La MONUSCO est préoccupée par des rapports du Kasaï faisant état de l’escalade de la violence qui se poursuit et qui donne lieu à de graves violations des droits de l’homme entre autres: des victimes civiles de plus en plus nombreuses, la découverte de fosses communes ainsi que le recrutement d’enfants. 

Des douzaines de personnes ont été tuées dans des affrontements entre la milice Kamuina Nsapu et les forces de sécurité congolaises à Kananga dans une très récente explosion de violence entre le 14 et le 17 mars. La violence a également frappé des nouveaux territoires comme Luebo, situé à 134 km de la capitale de la province du Kasaï, où les miliciens ont attaqué des symboles de l’Etat et ont libéré des prisonniers. Récemment, Tshimbulu a aussi subi une recrudescence de la violence et des menaces contre des églises dans la région, particulièrement à Luiza. Entre le 28 et le 31 mars, les militaires congolais ont mené des opérations au sujet desquelles de nombreux rapports font état des victimes civiles, des allégations de violations des droits de l’homme et des arrestations arbitraires, y compris des mineurs.

« Les violences dans les provinces du Kasaï auraient fait plus de 400 morts et un nombre élevé des éléments des forces de sécurité. Il faut y mettre un terme », a déclaré Maman S. Sidikou, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC et Chef de la MONUSCO. 

« Il est clair qu’il n’y a pas de solution militaire à ces violences. A ce stade, intensifier la réponse militaire ne fera qu’exacerber la violence et mettre davantage les populations civiles en danger », a prévenu Mr. Sidikou.

La MONUSCO salue les initiatives en cours prises par le Gouvernement congolais pour appuyer les efforts visant à mettre fin aux hostilités, encourager la reddition des éléments de la milice et trouver des solutions durables aux conflits au sujet des chefferies traditionnelles. La MONUSCO exhorte le Gouvernement à intensifier ses efforts pour trouver des solutions politiques acceptables.

La MONUSCO en appelle également au leadership Kamuina Nsapu et d’autres milices à arrêter immédiatement les violences inutiles et le recrutement d’enfants.

Il existe des liens clairs entre les violences dans les provinces du Kasaï et le retard dans la mise en application de l’accord du 31 décembre. « Ce n’est pas un fait du hasard que l’escalade des violences ait coïncidé avec l’évolution politique récente à Kinshasa. Pour l’amour du peuple congolais et du pays, j’exhorte toutes les parties à trouver rapidement un compromis qui permette la mise en œuvre totale de l’accord et la tenue des élections pacifiques en décembre, » a conclu Mr. Sidikou.


Réponse de la MONUSCO

En réponse à la détérioration de la situation, la MONUSCO poursuit sa collaboration avec les autorités congolaises aux niveaux national et provincial pour mettre un terme aux hostilités. Très récemment, le 3 avril, le Représentant spécial Adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en charge des Opérations et de l’Etat de Droit, M. David Gressly et le Commissaire de Police des Nations Unies ont effectué une visite à Kananga pour explorer les voies et moyens pouvant renforcer les capacités de la MONUSCO dans les provinces du Kasaï et échanger sur la situation actuelle avec le gouverneur intérimaire et le Conseil de sécurité provincial.

La MONUSCO a initialement déployé des casques bleus et renforcé les capacités de la police et des civils au mois de novembre 2016 ; elle a également renforcé sa présence dans la région du Kasaï. Trois unités de combat supplémentaires ont été déployées dans des zones où les violences et les menaces contre les populations civiles sont beaucoup plus aggravées, notamment à Luiza, Tshimbulu et Kabeya Kamwanga. Ceci sera appuyé par la constitution des réseaux d’alertes civiles et des mécanismes d’alerte rapide. La MONUSCO continuera aussi de suivre de près et de documenter les allégations de graves violations des droits de l’homme dans la région, y compris l’enquête sur les allégations de fosses communes. Elle a déjà entrepris quelques missions de droits de l’homme ainsi que le suivi et la documentation des violations des droits de l’homme. La MONUSCO est également disposée à appuyer les efforts pour un plus grand accès humanitaire qui devient impératif au fur et à mesure que les besoins humanitaires s’accroissent face à la dégradation de la situation sécuritaire.

La MONUSCO envisage aussi d’apporter son appui au processus d’enrôlement des électeurs dont le démarrage est prévu vers la fin du mois d’avril dans les provinces du Kasaï. Ceci est indispensable pour assurer l’organisation des élections pacifique et rapide en décembre et une paix durable dans cette région.

La MONUSCO est aussi disposée à apporter son appui aux forces de sécurité de la région notamment la formation sur les Droits de l’Homme et du Droit Humanitaire International.