WIEM CHADLIA JRAD : Une énergie débordante au service de la Police des Nations Unies en RDC  

WIEM CHADLIA JRAD : Une énergie débordante au service de la Police des Nations Unies en RDC

 

30 mai 2020

WIEM CHADLIA JRAD : Une énergie débordante au service de la Police des Nations Unies en RDC  

JEAN TOBIE OKALA

|PORTRAIT|

 

Wiem Chadlia Jrad est de nationalité tunisienne. Agée de 47 ans, cette commissaire générale de police caresse l’espoir de travailler pour les Nations Unies depuis sa tendre enfance. « Travailler au sein des Nations Unies était un rêve d’enfance qui grandissait avec moi et qui est devenu plus tard un de mes objectifs professionnels et personnels », affirme-t-elle.

C’est en 2002 que le déclic va se produire. « Après une expérience en matière de lutte contre l’immigration clandestine et renseignements généraux, la police judiciaire et la protection des enfants, j’ai voulu présenter ma candidature pour un poste au sein des Nations Unies ; mais malheureusement, ce genre de candidature et de projet n’étaient pas encouragés par notre Ministère à l’époque ».

 Loin de se décourager, ce qui n’est pas dans son ADN, notre jeune officier de police va continuer à développer ses compétences dans plusieurs domaines et spécialités : coordination judiciaire et coopération internationale, planification stratégique, gestion administrative, gestion de stress, investigation et lutte contre le blanchiment d’argent, financement de terrorisme, leadership …

 J’ai continué à me battre pour promouvoir la position de la femme policière d’où j’ai  été une des membres fondatrices de La Ligue Nationale Tunisienne de la Femme Policière en 2015 que je préside encore aujourd’hui », déclare-t-elle avec fierté.

En 2012, l’opportunité va se présenter en 2014 quand elle est sélectionnée et invitée à rejoindre la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC, MONUSCO. Pendant deux ans et demi lors de sa première mission (septembre 2015 mars 2018), elle va servir dans plusieurs postes : Conseillère en Formation en police judiciaire et renseignements, point focal Genre et protection de la famille et de l’enfant, officier de liaison et inspectrice, cheffe de l’Unité d’audit et évaluation interne de la composante police…

 Depuis son redéploiement en mars 2019, Wiem Chadlia Jrad occupe le poste de cheffe de secteur UNPOL à Bunia. Les défis auxquels elle fait face dans son travail au quotidien ne manquent pas. Mais elle y fait face avec professionnalisme et dynamisme : « le principal défi reste l’insécurité ».

 Ainsi, ses journées de travail se succèdent à un rythme effréné et se ressemblent. En vraie meneuse d’équipe, elle affectionne les descentes sur le terrain avec ses collègues de la Police des Nations Unies ou ses partenaires de la Police Nationale Congolaise : tantôt pour une mission conjointe de reconnaissance des points stratégiques de la Ville de Bunia et donc pour s’assurer que le plan de sécurisation de la Ville est à jour ; tantôt avec la Force de la MONUSCO pour aller évaluer la situation sécuritaire dans les Territoires de Djugu Mambasa.

Elle se rend aussi régulièrement sur les sites de déplacés pour identifier leurs besoins sécuritaire, humanitaire et sanitaire et coordonner la réponse avec toutes les parties prenantes. Les formations et recyclages de la Police Nationale congolaise font aussi partie de son expertise.

Wiem Chadlia Jrad est engagée dans le soutien aux femmes vulnérables. C’est ainsi qu’elle a initié la création de petites activités génératrices de revenus, comme ce fut le cas avec l’Association Kipangi (Fraternité, en français) du Quartier Police des Frontières à Bunia où des Femmes ont depuis lors lancé une activité de fabrication artisanale de savon et autres produits désinfectants. Elle organise régulièrement des séances de sensibilisation contre la propagation du covid-19 pour les femmes de Bunia.

Convaincue que les femmes soldats de la paix sont un atout pour le maintien de la paix, cette militante de la cause féminine croit dur comme fer que « la femme peut toujours servir de modèle dans tous les domaines et spécialités ; c’est elle la dynamo de toute réussite ».

 Mais pour ce faire, elle énumère quelques-unes des qualités que les femmes devraient mettre en avant pour réussir et pouvoir travailler pour les Nations Unies comme elle: « avoir une forte personnalité, être capable à la fois de servir les populations vulnérables et comprendre leurs haines et les supporter pour surmonter leurs incapacités et les encourager à faire face à toutes menaces sécuritaires et abus sexuels ou discriminations basées sur le genre ; être sur le terrain jour et nuit, patrouiller et superviser la situation sécuritaire, sensibiliser et former les partenaires et la population, donner l’exemple de professionnalisme, d’intégrité et  de respect de la diversité ne sont que des facteurs qui plaident en faveur de l’importance du rôle de la femme ».

 Et ce n’est pas un vœu pieux. Wiem Chadlia Jrad qui déborde d’énergie aimerait la partager avec les femmes du Congo et du monde entier.