« J’ai aidé 400 familles à se sortir des groupes armés. »

15 avr 2015

« J’ai aidé 400 familles à se sortir des groupes armés. »

Le désarmement et la démobilisation des combattants congolais et étrangers en République démocratique du Congo constituent un enjeu important de la consolidation de la paix et de la stabilité du pays et, plus largement, de la région des Grands Lacs.

ohamed El Akremi Abdouli, Tunisien, travaille en tant qu’Assistant aux opérations à la section de Désarmement, Démobilisation, et Réintégration/ Rapatriement et Réinstallation (DDR/RR) de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo. « Dans la pratique, le programme de DDR/RR comporte deux composantes distinctes mais complémentaires. D’une part, le désarmement, la démobilisation et la réintegration (DDR) des combattants congolais et, d’autre part, le désarmement, la démobilisation, le rapatriement, la réinstallation et la réintégration (DDRRR) des combattants étrangers dans leurs pays respectifs, l’objectif étant leur retour à la vie civile », explique Adbouli.

En poste pendant deux ans et demi à Kanyabayonga à 150 km au nord de Goma, Abdouli supervisait les sites de transit DDR/RR de Kanyabayonga ainsi que ceux de Luofo, de Nyanzale et de Rwindi, qui se trouvent respectivement à 30 km au nord-ouest, à 70 km au sud, et à 25 km à l’est de Kanyabayonga.

Parmi ses fonctions, Abdouli participait aussi aux opérations de sensibilisation et se rendait régulièrement dans les zones sous le contrôle des groupes armés. « Nous utilisons différentes méthodes de sensibilisation: les vidéo-projections dans les villages, la diffusion périodique de messages radios, la distribution de dépliants de main à main ou par hélicoptère dans les zones inaccessibles et la sensibilisation en face-à-face, c’est-à-dire des rencontres directes avec les chefs de groupes armés et les combattants. L’objectif de toutes ces méthodes est d’atteindre le plus grand nombre de combattants et de les persuader à se rendre et regagner la vie civile », commente-t-il.

Redéployé à Goma depuis janvier 2014, Abdouli est désormais responsable de la supervision logistique du camp de transit de Munigi et de deux autres sites de DDR, et s’occupe de la réception des anciens combattants : « Quand un combattant arrive, on procède à son désarmement s’il a une arme, ensuite vient l’étape de la démobilisation pour les soldats Congolais ou du rapatriement pour les étrangers. Pendant cette étape, on procède à l’enregistrement de ses données personnelles (le profilage), des informations sur les groupes armés (le screening) et à une visite médicale si nécessaire. L’ex-combattant reçoit ensuite une trousse pour civil comprenant des habits, un kit sanitaire, etc. Les anciens combattants restent quelques jours au camp de transit avant d’être rapatriés dans leur pays d’origine (où ils suivront le programme de réinsertion) ou envoyés au camp DDR à Kisangani », explique Abdouli.

Ancien militaire, Abdouli a travaillé à la section DDR/RR en tant qu’Observateur Militaire de 2007 à 2008. Il est revenu en 2011 comme Volontaire des Nations Unies. Il explique : « C’est un travail passionnant. Ce qui me plaît, c’est le côté aventurier et humanitaire du travail. Aventurier parce que c’est un travail dangereux qui comporte des risques, surtout lors des opérations de face-à-face ou lors des extractions de combattants des groupes armés. Humanitaire, parce que nous aidons les combattants, recrutés par force ou non, et leurs familles, à se sortir des groupes armés et à reprendre une vie normale. Jusqu’à présent, je peux dire que j’ai aidé 400 familles à se sortir des groupes armés. En incitant les combattants à se rendre, nous aidons aussi les populations civiles à retrouver la paix et la stabilité. »