Beni : cinq ans après leur reddition, 58 ex-combattants prêts pour la réinsertion communautaire

Au Nord-Kivu, cinquante-huit ex-combattants originaires de Beni, Lubero et Butembo ont été rapatriés le 19 mars 2024 de Goma vers Beni. / Photos MONUSCO

24 mar 2024

Beni : cinq ans après leur reddition, 58 ex-combattants prêts pour la réinsertion communautaire

Jean-Tobie Okala

Cinquante-huit ex-combattants originaires de Beni, Lubero et Butembo, accompagnés de 13 membres de leur famille, ont été rapatriés le 19 mars 2024 de Goma, Nord-Kivu, vers Beni à bord d’un vol spécial affrété par la MONUSCO.

Après leur reddition en 2019, ils avaient été placés dans le site de Mubambiro à Sake. Puis, face à la menace de la rébellion du M23, ils ont dû être transférés au camp de déplacés de Mugunga à la fin de l’année 2022.

« Je suis contente de retourner à la maison. Depuis 2019, cela fait presque cinq ans, nous étions à Mubambiro. À la suite des attaques du M23, nous nous sommes retrouvés dans le camp de déplacés de Mugunga où nous avons vécu très difficilement », a confié une ex-combattante.

À l’aéroport de Mavivi, ils ont été accueillis par le maire intérimaire de la ville, le chef d’antenne locale du PDDRC-S ainsi que par une équipe de la MONUSCO puis immédiatement acheminés vers le site d’accueil transitoire de Beni.

De l’aéroport, ils ont ensuite été conduits vers le centre d’accueil de Mavivi. Après les dernières mises au point, qui ne devraient pas durer plus de 72 heures, selon Omar Kavota, chef d’antenne du PDDRCS-Beni, ces ex-combattants retourneront enfin dans leurs milieux d’origine.

« Je les félicite grandement parce qu’ils ont quitté les groupes armés pour nous rejoindre ici. Et nous aussi, nous allons les accompagner, pour qu’ils trouvent un petit travail et regagnent définitivement la communauté », a déclaré le colonel Jacob Nyofondo Te Kodale, maire intérimaire de la ville de Beni.

Ce dernier a en outre invité la population à accepter ses enfants au sein de la communauté. « Ils sont allés dans la forêt par contrainte ou que sais-je encore. A présent, comme ils sont rentrés, je demande à la population de les accueillir dans la paix pour qu’on reste ensemble dans la vile de Beni », a-t-il plaidé.

Afin de soutenir la réinsertion de ces ex-combattants, un projet financé par le Fonds de cohérence des Nations Unies pour la Stabilisation et exécuté par l’Organisation internationale des migrations (OIM), dans les territoires de Beni et Lubero, a été lancé depuis quelques semaines.

Clovis Munihire est le coordonnateur provincial du PDDRC-S. « Ils étaient plus de 1500. Parmi eux, il y a plus de 200 ex-combattants qui avaient identifié Beni et Lubero comme leurs zones de retour. Une grande partie sera prise en charge par le projet OIM. L’autre sera prise en charge par le projet « Muda wa Amani » déjà lancé dans le Lubero », a-t-il expliqué.

Ces projets comprennent des activités « argent contre travail », un soutien psycho-social et des dialogues communautaires pour garantir une réinsertion réussie. En attendant et pendant leur séjour dans le site de transit de Mavivi, à Beni, la MONUSCO leur fournit des vivres et non-vivres.

Il s’agit de la deuxième vague d’ex-combattants venant de Goma pour Beni, avec l’appui de la MONUSCO. Le 7 mars dernier, une première vague de 13 ex-combattants était déjà arrivée. Selon la MONUSCO, quelque 136 autres ex-combattants originaires du Grand Nord-Kivu et leurs dépendants attendent encore à Goma cette même opération.