Beni : la MONUSCO, l’administrateur du territoire et la société civile réfléchissent à « comment renouveler la confiance mutuelle »
La société civile du territoire de Beni, la MONUSCO et l’administrateur du territoire ont convenu de renouer le dialogue rompu suite à la montée, depuis quelques mois, d’un sentiment anti-MONUSCO au sein d’une partie de la population de ce territoire du Nord-Kivu.
Le 19 janvier 2023, ces trois partenaires se sont retrouvés à Oicha, chef-lieu du territoire de Beni, pour renouer le dialogue - même si celui-ci n’avait véritablement jamais été rompu.
La MONUSCO a réitéré sa disponibilité à appuyer les autorités et la société civile dans leurs efforts pour le retour de la paix dans le territoire de Beni. Au cours des échanges, la MONUSCO a exprimé son regret de se voir dans l’impossibilité de mettre totalement en application son mandat à cause du sentiment anti-MONUSCO entretenu par la désinformation et la manipulation de certaines couches de la population locale.
Le chef de bureau intérimaire de la MONUSCO à Beni, Abdourahamane Ganda, a saisi cette opportunité pour demander à l’administrateur du territoire, garant de la sécurité de tous, de prendre ses responsabilités afin de permettre à la mission onusienne de travailler sans entraves.
La MONUSCO, partenaire incontournable
Pour le colonel Charles Ehuta Omeonga, administrateur de territoire de Beni, la MONUSCO reste un partenaire incontournable du gouvernement congolais, « libre de circuler partout » à travers sa juridiction. Il en veut pour preuve le fait que la délégation de la Mission des Nations Unies se soit retrouvée ce jour à Oicha à une trentaine de kilomètres de Beni.
« Nous collaborons très bien avec la MONUSCO. D’ailleurs, son mandat a été renouvelé pour une année, avec le consentement du chef de l’Etat. Nous sommes toujours derrière l’esprit et la lettre du chef de l’Etat, garant de la nation. Nous comptons collaborer étroitement avec la MONUSCO, la MONUSCO est libre de circuler. Elle est là pour nous appuyer, pour accompagner le gouvernement congolais », a déclaré l’administrateur du territoire de Beni.
Le colonel Ehuta Meonga a aussi remercié la délégation de la MONUSCO pour les efforts déployés afin de renforcer l'autorité de l'Etat ; il a salué les réalisations de la MONUSCO qui permettent d’apporter des solutions aux problèmes de la région de Beni, notamment la construction et l'équipement du commissariat de police ou encore du bâtiment du cadastre. Il s’est enfin engagé à sensibiliser les jeunes à renouveler leur collaboration avec la MONUSCO, un partenaire de la République.
La société civile veut renouer avec la MONUSCO
La société civile du territoire de Beni se dit aussi prête à une reprise de collaboration avec la MONUSCO. Tout en regrettant « les manipulations politiciennes » qui ont conduit aux violences anti-MONUSCO l’année dernière et à la méfiance de la population locale.
Ce sentiment de méfiance est causé, entre autres, par la détérioration de la situation sécuritaire dans l'est de la RDC ou plus récemment par l'attaque à la bombe à Kasindi le 15 janvier 2023.
La société civile du territoire de Beni a annoncé pendant les échanges l’organisation dans les prochains jours de consultations de la population afin de définir de nouvelles modalités de collaboration avec la MONUSCO.
« Bientôt, nous allons consulter la population et nous saurons comment réagir par rapport à l’attitude du gouvernement congolais. Nous, société civile, accompagnons le gouvernement et nous connaissons déjà sa position : il a pris acte du renouvellement du mandat de la MONUSCO » a martelé Richard Kirimba, premier vice-président de la société civile du territoire de Beni.
Un certain intérêt pour des projets de la MONUSCO
La société civile se dit particulièrement intéressée quant à mieux comprendre le nouveau mandat de la MONUSCO, son plan de transition, mais aussi les modalités de mise en œuvre des projets à impact rapide et de réduction de la violence communautaire ainsi que l'organisation de sessions de renforcement des capacités de ses membres.
Pour conclure, la MONUSCO a souligné qu’il est important de reprendre cette collaboration avec une société civile intégrée pour discuter, en partenariat avec les autorités locales, des moyens communs de réduire l’insécurité, en s'attaquant aux causes profondes, dont le chômage des jeunes. Pour Abdourahamane Ganda, « c'est dans un cadre de confiance mutuelle et d'efforts collectifs conjoints que l'insécurité pourra être contenue ».