Entre inquiétude et espoir de paix, la MONUSCO à l'écoute des habitants de Fataki et Lodha
À l’entrée de la base de la MONUSCO à Fataki, localité située dans le territoire de Djugu, à une soixantaine de kilomètres au nord de Bunia, les abris de fortune s’alignent le long des tranchées creusées autour du périmètre sécurisé par les Casques bleus népalais.
Chaque nuit, des familles des villages voisins viennent s’y réfugier pour échapper aux attaques armées menées par les milices locales qui profitent de l’obscurité pour s’en prendre aux civils. La peur est telle que certains dorment directement dans ces tranchées conçues à l’origine pour la défense de la base, mais devenues pour les civils un espace de survie sous la protection bienveillante des soldats de la paix.
A la fin du mois de juillet, des rebelles ADF ont attaqué une église à Komanda, dans le territoire d’Irumu voisin de Djugu, tuant une quarantaine de personnes, dont des femmes et des enfants, et incendiant des habitations voisines. En février, Fataki a été le théâtre d’un massacre perpétré par des miliciens de la CODECO, coûtant la vie à 63 civils et faisant 19 blessés.
« Nos villages vivent dans la peur »
C’est dans ce contexte marqué par l’insécurité et le souvenir encore vif de ces violences que le général Ulisses de Mesquita Gomes, commandant de la Force de la MONUSCO, s’est rendu le 21 août à Fataki puis à Lodha afin d’aller à la rencontre des communautés et recueillir leurs préoccupations pour mieux les protéger.
À Lodha, la rencontre avec la communauté se tient dans une vaste salle charpentée et recouverte de bâches fournies par le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. Sur des bancs en bois, femmes, enfants, déplacés internes, chefs coutumiers et représentants locaux s’installent côte à côte, dans une atmosphère lourde d’émotion et d’attente. Tous sont venus accueillir la délégation de la MONUSCO et écouter le message du commandant de la Force qui la conduit.
« Au nom de la Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Bintou Keita, je présente les condoléances de la MONUSCO aux familles endeuillées par les récentes attaques attribuées aux groupes armés CODECO, Zaïre et ADF. Nous sommes à vos côtés et nous souhaitons que le dialogue reste la voie essentielle pour mettre fin à ces violences », déclare le général Ulisses.

Tour à tour, les leaders de la communauté prennent la parole pour souligner combien la présence des Casques bleus reste essentielle face aux attaques récurrentes sur la RN27, axe routier vital pour l’économie locale, reliant Bunia à Mahagi et régulièrement pris pour cible par les groupes armés. Ils insistent sur la nécessité de garantir la sécurité afin de pouvoir circuler librement, travailler dans les champs, envoyer les enfants à l’école et préserver une vie digne malgré les tensions persistantes.
Dans ce climat d’angoisse, une mère de famille, le regard tourné vers le général Ulisses, lance, la voix nouée par l’émotion, une véritable supplique : « J’ai la vie sauve grâce à la MONUSCO. Ne partez pas. Si vous partez, nous ne nous sentirons plus en sécurité ». Un représentant des communautés locales plaide pour un renforcement de la sécurité. « Nos villages vivent dans la peur. Nous demandons que la sécurité soit garantie pour que nous puissions vivre dans la dignité et envisager l’avenir », mentionne-t-il.
« Les Casques bleus nous sécurisent »
Le commandant de la Force rappelle que la MONUSCO a renforcé sa posture opérationnelle en Ituri avec l’intensification des patrouilles, le déploiement de bases mobiles opérationnelles et la conduite d’opérations conjointes avec l’armée congolaise. Leur présence est fortement appréciée et un souffle de soulagement survole l’assemblée lorsque le général Ulisses annonce que la base mobile opérationnelle installée à Fataki resterait plus longuement. Cette présence constitue un appui précieux et s’inscrit dans une approche conjointe, où la protection des civils repose sur une collaboration étroite entre les FARDC et la MONUSCO.

« Aller à la rencontre des déplacés aux côtés de l’administrateur territorial et des chefs coutumiers a donné tout son sens à l’appui de la MONUSCO aux autorités locales. La communauté, notamment les femmes et les jeunes, a pu exprimer ses préoccupations et constater l’engagement de la Mission à rester à leurs côtés, dans un esprit d’écoute et de protection », déclare Teohna Williams, conseillère principale de la MONUSCO pour la Protection des civils.
Prenant la parole à son tour, le colonel Ruphin Mapela, administrateur du territoire de Djugu, a insisté sur l’importance de cette collaboration tripartite entre autorités locales, population et Casques bleus : « Nous travaillons pour la paix. Pour cela, nous collaborons avec les Casques bleus afin de mieux sécuriser la population. Notre souci est que tous ces déplacés puissent regagner leurs villages respectifs ».
Ces propos trouvent un écho dans l’intervention de Chrysostome Safari Malo, président du site de Lodha, qui a porté la voix des déplacés avec insistance : « Si nous sommes ici, c’est grâce à la MONUSCO. Les Casques bleus nous sécurisent. Nous sommes contents qu’un camp temporaire ait été installé, mais nous demandons que les Casques bleus restent avec nous car la base de Djaiba est trop éloignée ».
En Ituri comme ailleurs, la MONUSCO reste engagée dans la protection des civils et l’accompagnement du gouvernement congolais afin de renforcer la stabilité et d’œuvrer ensemble pour une paix durable. Dans cette province, entre 80 000 à 100 000 déplacés internes trouvent refuge à proximité des bases de la Mission à Gina, Fataki, Roe, Drodro et Bayoo.
