Face à la désinformation, des communautés du Nord-Kivu se mobilisent pour protéger les civils
Dans un contexte marqué par la persistance des violences armées et la circulation de fausses informations, la MONUSCO a réuni à Beni des représentants des autorités locales, des forces de sécurité et des leaders communautaires du territoire de Lubero autour d’un objectif commun : renforcer la protection des civils en s’attaquant aux effets déstabilisateurs de la désinformation.
Organisée par la Section des Affaires civiles de la Mission, la rencontre s’est tenue le 11 décembre à Beni et a porté sur le rôle de la mobilisation communautaire dans la prévention des violences, le renforcement de la confiance et la lutte contre les rumeurs et les discours de haine. Les échanges ont principalement concerné le secteur de Bapere et la chefferie de Baswagha, deux zones particulièrement affectées par des attaques attribuées aux ADF.
Les discussions ont mis en évidence la nécessité d’une coordination étroite entre autorités civiles, forces de défense et de sécurité, structures communautaires et composantes de la MONUSCO engagées dans la protection des civils. L’enjeu est de taille : permettre une réponse sécuritaire plus efficace tout en renforçant l’adhésion et la confiance des populations locales.
La désinformation, un facteur aggravant de l’insécurité
Le chef du sous-bureau de la MONUSCO à Beni, Abdourahamane Ganda, a rappelé que les violences enregistrées depuis 2024 dans le territoire de Lubero ont entraîné de lourdes pertes en vies humaines, des déplacements massifs et d’importantes destructions. Selon lui, la désinformation a, à plusieurs reprises, entravé les efforts de protection des civils.
Évoquant les tentatives de déploiement de la MONUSCO à Manguredjipa, chef-lieu du secteur de Bapere, il a souligné que des rumeurs accusant à tort la Mission de collusion avec des groupes armés avaient alimenté des actes d’hostilité. Ces allégations ont empêché les Casques bleus d’atteindre certaines zones menacées, laissant les populations civiles exposées aux attaques.
Il a enfin appelé les leaders communautaires à jouer pleinement leur rôle de relais, en sensibilisant leurs communautés au mandat de la MONUSCO et en favorisant un dialogue régulier afin de dissiper les malentendus susceptibles de compromettre la protection des civils.
De son côté, le vice-gouverneur du Nord-Kivu a mis en garde contre la combinaison dangereuse des violences armées et de la manipulation de l’information. Il a souligné l’importance de la cohésion sociale et de la mobilisation communautaire, tout en appelant à une coopération renforcée entre les forces nationales, leurs partenaires et la MONUSCO, avec l’appui actif des communautés locales.
Le rôle clé des leaders communautaires
Les échanges ont mis en évidence l’impact concret des rumeurs et des discours de haine, déjà à l’origine de violences meurtrières à Butembo ces dernières années. Ces épisodes ont fragilisé la confiance et entravé l’accès des forces de protection à certaines zones sensibles, exposant davantage les civils aux attaques des groupes armés.
Pour Aminata Tida Warangasi, coordonnatrice des associations féminines du secteur de Bapere, la réponse passe avant tout par un engagement de proximité. Elle a insisté sur la responsabilité des leaders communautaires dans la sensibilisation des populations et l’explication des conséquences réelles de la désinformation sur la sécurité collective.
Au terme des discussions, plusieurs pistes d’action ont été dégagées. Elles portent notamment sur le renforcement de la sensibilisation au rôle de la MONUSCO dans la protection des civils, l’amélioration du partage et de la vérification des alertes sécuritaires, le recours accru aux radios communautaires pour contrer les fausses informations, ainsi que le renforcement des capacités de communication des leaders locaux.
Les participants ont également souligné la nécessité de décourager toute forme de collaboration avec les groupes armés, notamment en soutenant des initiatives socio-économiques en faveur des jeunes.
À cet égard, ils ont appelé à consolider la coopération civilo-militaire et à garantir la libre circulation des forces engagées dans la protection des civils.
Cette rencontre marque une étape importante vers une meilleure coordination entre institutions, forces de sécurité et communautés locales. Elle rappelle surtout que la lutte contre la désinformation constitue aujourd’hui un enjeu central pour une protection durable des civils dans le territoire de Lubero.

ONU
Nations Unies Maintien de la paix




