Bintou Keita aux médias à Beni : « Le départ de la MONUSCO est déjà acté »
« Pour ceux qui s’en souviennent, il y avait dans le pays plusieurs endroits où il y avait des Casques Bleus. Aujourd’hui, les casques bleus ne sont plus que dans quelques provinces. La MONUSCO n’est présente que dans 14 ou 15 territoires sur les 145 que compte la RDC ».
La cheffe de la MONUSCO réagissait ainsi aux questions qui lui ont été posées par les journalistes tant de la presse nationale qu’internationale lors de sa visite officielle lundi 29 août dans la ville de Beni, province du Nord-Kivu. La presse voulait être fixée sur la question brûlante qui alimente de plus en plus les conversations des Congolais sur le départ de la MONUSCO de la RDC après plus de vingt années de présence.
Bintou Keita a rappelé à la presse que la MONUSCO n’est désormais présente que dans trois provinces de la Rdc. « Ce sont principalement des territoires où on note encore la présence de groupes armés au niveau local, mais aussi de groupes armés étrangers, dans les deux Kivu et dans la province de l’Ituri », a-t-elle indiqué.
A Beni, Madame Keita s’est aussi entretenue avec les autorités, notamment le maire de la ville, le commissaire supérieur principal Narcisse Muteba Kashale. Ils ont passé en revue la situation sécuritaire qui prévaut dans la zone depuis plusieurs semaines ainsi que la question relative aux manifestations anti-Monusco et la reprise des activités de la MONUSCO.
Devant la presse, Bintou Keita a affirmé que l’autorité urbaine était plutôt rassurante : « J’ai eu à échanger avec le maire de la ville qui constate que la situation est en train de se calmer. Et que d’un moment à l’autre, il sera question de reprendre les activités ».
A propos du sentiment anti-MONUSCO
Toujours au cours de l’interview accordée à la presse à Beni, Bintou Keita a tenu à nuancer cette approche. Elle a insisté sur le fait qu’il y a « certes des Congolais qui exigent le départ de la MONUSCO, mais qu’il y en a beaucoup d’autres qui demandent aussi que la Mission puisse rester en RDC et continuer encore à appuyer le gouvernement ».
Elle a fait remarquer que « quand vous dites que le sentiment anti-MONUSCO gagne de plus en plus de terrain, moi je fais de l’écoute de la population à travers différentes parties prenantes et j’entends à la fois ceux qui sont contre, mais j’entends aussi ceux qui sont pour. Malheureusement, ceux qui sont contre sont les plus vocaux, ils sont les plus entendus. On a l’impression que tout le monde est représenté à travers ceux qui sont les plus vocaux, pourtant ce n’est pas le cas ».
La cheffe de la MONUSCO a poursuivi en soutenant que, en ce qui la concerne, elle va s’accrocher aux Congolais qui constituent les voix silencieuses et qui se font malheureusement terroriser et menacer par ceux qui sont les plus vocaux lorsqu’ils essaient de dire qu’ils ont une vue différente de celle qui est préconisée pour demander le départ de la Mission.
Bintou Keita a saisi cette opportunité pour lancer un appel aux journalistes afin qu’ils s’impliquent dans la diffusion de la bonne information concernant la MONUSCO à l’intention de la population congolaise : « Alors moi je compte sur vous, les médias qui nous accompagnez aussi depuis plus de vingt ans. Je compte sur vous pour expliquer ce qu’est le travail de la Mission, parce que vous n’êtes pas sans savoir ce que fait la Mission et quels sont ses défis ».
Bintou Keita a insisté sur le fait que la Monusco est un partenaire du Gouvernement et qu’elle vient en appui aux institutions de la République. « Quand on dresse un bilan, on se doit d’être impartial. Il ne faut pas faire un bilan d’un seul élément du partenariat, mais il faut le faire pour tout le partenariat ».
Répondant à la question d’un journaliste sur le départ définitif ou pas de la Mission de Butembo, Bintou Keita a été claire : « Non, nous n’avons pas quitté Butembo. Nous avons suspendu temporairement nos activités en attendant que la situation s’améliore. On ne peut pas aller travailler dans un environnement hostile, on ne peut pas exposer le personnel à un environnement hostile ».
Il y a quelques semaines, la MONUSCO a, de façon temporaire, déplacé son personnel basé dans la ville de Butembo vers Beni à la suite d’une série de manifestations anti-MONUSCO qui ont causé des morts du côté de la population congolaise et du côté des casques bleus.