Briefing à la session ouverte du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation en RDC par le RSSG Leila Zerrougui

27 aoû 2018

Briefing à la session ouverte du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation en RDC par le RSSG Leila Zerrougui

Madame la Présidente,

Distingués membres du Conseil, 

Je vous remercie de l’opportunité qui m’est offerte de vous entretenir sur la situation en République démocratique du Congo, et notamment des derniers développements relatifs au processus électoral en cours dans ce pays.

Comme je l’ai déjà rapporté devant ce Conseil, alors que les préparations se poursuivent en vue de la tenue des prochaines élections présidentielle et législatives nationales et provinciales, des progrès tangibles ont été enregistrés pour respecter les étapes critiques inscrites dans le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante.

L’ensemble des partis politiques et groupements, de la majorité présidentielle et de l’opposition, ont déposé des candidatures pour les trois scrutins dans les délais prévus par le calendrier, ce qui constitue une étape importante sur le chemin menant à la tenue des élections le 23 décembre prochain.

Cette phase de dépôt des candidatures aux élections présidentielle et législatives a été marquée par plusieurs événements qui méritent d’être soulignés.

En premier lieu, le Président Kabila a respecté son engagement à ne pas se présenter pour un troisième mandat. Emmanuel Ramazani Shadary a été désigné candidat unique de la majorité présidentielle sous la bannière du « Front commun pour le Congo ».

Deuxièmement, le président de la plate-forme « Ensemble pour le changement », Moïse Katumbi, n’a pas été en mesure de soumettre sa candidature comme il le souhaitait, n’ayant pas pu rentrer en République démocratique du Congo avant la date limite du 8 août. Diverses réactions s’en sont suivies allant de la saisie du Conseil d’Etat par les avocats de M. Katumbi aux demandes des leaders de l’opposition, de la Conférence épiscopale nationale du Congo, CENCO, et du Président du Sénat d’autoriser sa candidature.

Troisièmement, selon la liste provisoire publiée par la CENI le 24 août, six des 25 candidats à l’élection présidentielle ont été disqualifiés pour des motifs variés dont la perte de nationalité d’origine, le conflit d’intérêt et une condamnation pour subornation de témoin. Il s’agit du sénateur Jean-Pierre Bemba, de trois anciens premiers ministres, Adolphe Muzito, Antoine Gizenga et Samy Badibanga ainsi que de Jean-Paul Moka et Marie-Josée Ifoku.

Enfin, il faut noter que malgré les critères jugés plus contraignants contenus dans la loi électorale révisée, un nombre élevé de candidatures a été enregistré. En effet, selon la liste définitive publiée par la CENI, 19 640 candidats ont été retenus pour les législatives provinciales alors que les listes provisoires font état de 19 candidats pour la présidentielle et 15 222 candidats déclarés recevables sur 15 505 pour les législatives nationales.

La proportion des candidatures féminines n’a pas évolué depuis 2011 en demeurant aux environs de 12 % du total, soit 2 318 pour les provinciales,               1 784 pour les législatives nationales et aucune pour la présidentielle suite à l’invalidation par la CENI de la seule femme candidate.

Conformément à son mandat, la MONUSCO continue d’apporter une assistance technique à la CENI pour l’organisation des élections. La Mission se tient également prête à fournir un soutien logistique au processus au cas où la CENI lui en ferait la demande.

Comme cela a été rapporté au Conseil lors de mes interventions précédentes, la CENI et les autorités congolaises ont indiqué à plusieurs reprises qu’un tel soutien logistique ne serait pas sollicité et que la République démocratique du Congo souhaitait organiser les élections sans appui extérieur qu’il soit logistique ou financier.

Madame la Présidente,

En dépit des progrès réalisés et des assurances du Gouvernement et de la CENI sur la tenue des élections le 23 décembre prochain, la période qui s’annonce sera marquée par des contestations et d’intenses consultations politiques.

La publication de la liste provisoire des candidats aux élections présidentielle et législatives a suscité des contestations et des questionnements au sein de la classe politique et de la société congolaises.

Il est reproché à la CENI d’avoir outrepassé ses prérogatives en excluant des candidatures sur la base d’interprétations de la loi électorale, ce qui, selon les concernés, relève de la compétence exclusive de la Cour constitutionnelle.

La période de contentieux est en cours et il est prévu que les listes définitives des candidats soient publiées le 19 septembre après l’examen des recours par la Cour constitutionnelle.

L’absence de consensus sur l’utilisation de la machine à voter et la non publication de la liste définitive du fichier électoral demeurent également deux sujets de discorde majeurs entre les différentes parties prenantes.

Je ne peux qu’encourager ces mêmes parties prenantes à s’appuyer sur la démarche constructive qui a été la leur lors de la période de dépôt des candidatures afin de poursuivre le dialogue sur ces questions et aplanir leurs divergences.

Je reste bien évidemment déterminée à poursuivre ma mission de bons offices afin de trouver des solutions qui permettent d’instaurer un climat de confiance nécessaire à la tenue d’élections apaisées et inclusives.

C’est dans ce contexte, Madame la Présidente, que je réitère mon appel à toutes les parties prenantes, notamment aux autorités congolaises, à faire en sorte que les élections du 23 décembre prochain soient crédibles et paisibles en vue de permettre la première transition pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo, qui constitue une étape essentielle sur la voie de la stabilité et du développement du pays.

Je vous remercie pour votre attention.