Elections au Burundi: entre calme et rareté des électeurs

30 juin 2015

Elections au Burundi: entre calme et rareté des électeurs


Gatumba/Uvira le 29 juin 2015

– Ce lundi marquait le début du cycle électoral au Burundi, avec un double scrutin : communal et législatif. L'Opposition politique avait lancé un mot de boycott de ce scrutin, un appel qui semble avoir été suivi, au sortir des quelques Centres de vote visités ce lundi. La peur au ventre, la psychose semble avoir gagné les rares électeurs rencontrés qui se rendaient aux bureaux de vote au compte-goutte.

A la frontière RDC-Burundi au niveau du poste de Kavimvira, seuls quelques agents de la Direction Générale des Migrations (DGM), des Douanes ou de la Police congolaise étaient visibles : aucun véhicule ni passant, de part et d'autre de cet important poste frontalier. Même les « cambistes » ou changeurs de monnaie avaient déserté leur « lieu de travail », les abords de la route, tout comme les commerçants de fruits et légumes dont aucun n'était visible.

Coté burundais, les agents de la Police nationale s'étaient regroupés sous un arbre en train de consommer une bière locale prisée des consommateurs. D'ordinaire, l'ouverture de la barrière qui laisse passer les véhicules et autres engins roulants s'ouvre en à peine 10 secondes : ce lundi, par manque de passagers et de clients, c'est au minimum 45 à 60 bonnes secondes qu'il faut attendre avant d'apercevoir un agent de la Police nationale burundaise (PNB) s'emmener vers vous.

A Gatumba au Burundi, petit centre commercial frontalier et distant de 5 kilomètres d'Uvira en RDC, les rues sont tout aussi désertes. Magasins, boutiques, marchés, tout est hermétiquement fermé. Seules quelques vaches en divagation, comme à l'accoutumée, traversent d'un pas lent la chaussée.

Au Centre de vote de l'Ecole Primaire Gatumba, l'ambiance est plutôt sereine. On note plus de militaires en armes que d'électeurs. Le président du Bureau de vote Numéro 2 se veut malgré tout rassurant : sur plus de 375 électeurs inscrits, à 15 heures locales, plus de 206 avaient déjà voté, dont 28 venus d'ailleurs ! Sous l'œil de 3 observateurs (locaux), tous de Partis politiques proches ou membres de la Majorité présidentielle (CNDD-FDD, FLN-Jacques et UPRONA-Concilie). Aucun observateur international. Il confirme qu'aucun incident n'a été enregistré depuis l'ouverture du bureau de vote à 6 heures. Même son de cloche du côté du Bureau de vote numéro 3 où on se félicite de la bonne tenue du scrutin.

Mais ici, les agents de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) sont plus occupés à écouter de la musique sur leurs appareils cellulaires qu'à recevoir les électeurs.

Un kilomètre plus loin, au Centre de vote de l'Ecole primaire Giovanna Ledici, sur 340 électeurs inscrits, à peine 130 avaient voté, soit moins de 39% de participation. Pour le président du Bureau de vote numéro 5, « c'est à cause des menaces et des rumeurs de perturbation du scrutin que les gens sont restés chez eux, par peur…». A Gatumba, c'est vers 16 heures locales que la vie a commencé à reprendre timidement son cours normal, des enfants sortaient petit à petit des maisons et Quartiers, mais la rue demeurait encore clairsemée, les boutiques fermées, les militaires circulant à bord de pickups. Jour d'élection presque normal, dirait-on.

Jean-Tobie Okala
Photos: Monusco/Jean-Tobie Okala