Ituri : un dialogue entre Hema et Lendu favorise la coexistence pacifique

L’approche de « dialogue de proximité intercommunautaire » a contribué à réduire les tensions dans cette partie du territoire de Djugu

7 oct 2025

Ituri : un dialogue entre Hema et Lendu favorise la coexistence pacifique

Jean-Tobie Okala

Après plusieurs années de tensions intercommunautaires, les populations Hema et Lendu de quatre groupements du territoire de Djugu vivent à nouveau dans un climat d’apaisement. À la suite d’un dialogue de proximité appuyé par la MONUSCO, les deux communautés renouent progressivement les liens sociaux et économiques autrefois rompus.

Une fracture ancienne

Depuis 2017, les relations entre Hema et Lendu s’étaient profondément détériorées dans plusieurs zones de l’Ituri. Dans les groupements de Penyi et Bedu-Ezekere, par exemple, les habitants ne fréquentaient plus leurs voisins Hema de Tambaki et Sala. Les marchés, les écoles, les églises et même les structures sanitaires fonctionnaient séparément, tandis que les mariages mixtes avaient cessé.

« Pendant des années, chaque communauté vivait isolée. Même les troupeaux n’étaient plus autorisés à traverser les champs des autres. La situation était devenue difficile, mais le dialogue a permis de rétablir la communication », explique Élisabeth Buve, membre du Réseau des Femmes Médiatrices de l’Ituri (REFEMI).

Une paix portée par les femmes

Depuis mai 2025, des femmes issues des deux communautés, formées par la MONUSCO à la médiation communautaire, mènent des activités de sensibilisation dans les villages de Bedu-Ezekere, Penyi, Tambaki et Sala. Elles encouragent la tolérance, la cohésion et la réconciliation à travers des séances d’échanges dans les marchés, les écoles et les lieux de culte.

« Nous avons appris à dialoguer, à expliquer ce que représente la paix et à impliquer les familles et les jeunes dans cette démarche. Les comportements évoluent positivement », témoigne Ngoyi Abitani, femme leader du groupement de Bedu-Ezekere.

Un appui constant de la MONUSCO

À travers ses Sections du Genre et du DDR-S, la MONUSCO a formé plus de 80 femmes médiatrices dans la province de l’Ituri. Celles-ci ont également contribué à l’élaboration d’un plaidoyer national pour la paix, présenté à Kinshasa en juin 2025.

« La MONUSCO nous a formées à la médiation, à la négociation et à la mobilisation communautaire autour du dialogue », indique Marthe Dheve, du REFEMI.

Des signes de réconciliation

Les interactions entre Hema et Lendu reprennent progressivement. Les marchés sont de nouveau fréquentés par les deux communautés, les champs cultivés en commun et les échanges téléphoniques se multiplient. Des signes de rapprochement, tels que la reprise de certains mariages mixtes, sont observés.

« Nous collaborons désormais sans crainte, et les échanges se font dans un climat d’écoute mutuelle », confie Ngoyi Abitani.

Un modèle à reproduire

L’approche de « dialogue de proximité intercommunautaire » a contribué à réduire les tensions dans cette partie du territoire de Djugu. Un comité mixte Hema-Lendu assure désormais le suivi des engagements, la prévention des conflits et la lutte contre la désinformation.

« Nous avons appris à distinguer les actes des groupes armés de l’identité communautaire. Quand des violences surviennent, nous dénonçons les faits sans les attribuer à une communauté », explique une enseignante Hema.

Lors de sa visite en Ituri fin septembre, la Cheffe adjointe de la MONUSCO, Vivian Van de Perre, a salué cette initiative et encouragé sa reproduction dans d’autres localités de la province.

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