Ituri : après Dzudda, deux autres marchés communautaires rouvrent à Djugu

Après plus de trois mois de fermeture, les marchés de Gina et Nyampala, situé dans le territoire de Djugu, reprennent vie.

14 mai 2025

Ituri : après Dzudda, deux autres marchés communautaires rouvrent à Djugu

Jean-Tobie Okala

Le commerce comme levier de dialogue et de réconciliation communautaire. En Ituri, les initiatives se multiplient pour renforcer cette approche. Après plus de trois mois de fermeture due à l’insécurité et aux tensions intercommunautaires, les marchés de Gina et Nyampala, situés respectivement à 40 et 20 km de Bunia, dans le territoire de Djugu, reprennent vie.

Le 9 mai, la section des Affaires civiles de la MONUSCO, en collaboration avec les Casques bleus népalais, a réuni autour d’une même table les forces vives locales, des leaders communautaires et les autorités des deux villages.

Objectif : relancer le dialogue rompu entre les communautés Hema et Lendu, qui ne se côtoyaient plus depuis les violences survenues un peu plus tôt dans l’année.

Pendant trois heures, les participants ont été sensibilisés à la culture du vivre-ensemble et appelés à privilégier la cohabitation pacifique, au nom de la paix et du développement local.

Résultat : les deux communautés ont décidé de faire la paix et de renoncer à la violence. Le lundi 12 mai, les marchés de Gina et Nyampala ont rouvert, au grand soulagement des habitants.

« Nous apprécions la réouverture de ce marché, fermé à cause des atrocités. Cette reprise a été rendue possible grâce à l’intervention de la MONUSCO. C’est un signe encourageant. Cela dit, j’invite les communautés Lendu et Hema à éviter les comportements qui compromettent la paix. La cohésion sociale implique la fréquentation mutuelle. Il faut que les deux communautés se fréquentent », a déclaré Héritier Dhesa Dezunga, de la société civile de la chefferie des Bahema Nord.

Pour renforcer la sécurité et la confiance retrouvée, les casques bleus népalais mènent désormais des patrouilles régulières, parfois conjointes avec la police et l’armée congolaises. Ils assurent la sécurité des civils des villages environnants qui fréquentent ces marchés.

Un soulagement pour les populations, qui retrouvent ainsi leurs lieux d’échange, de rencontre et de vie. Christine Gbosi, marchande ambulante, témoigne : « Je suis très contente, toutes les communautés se retrouvent ici. Le marché est plein, c’est ce que nous voulions. Nous y trouvons tout ce qu’il nous faut. Nous ne voulons plus de guerre, nous voulons la paix ».

Quelques jours plus tôt, c’est le marché de Dzudda, situé à environ 85 kilomètres au nord de Bunia, qui avait rouvert grâce à des initiatives similaires portées par la MONUSCO. Fermé pendant deux mois en raison de tensions intercommunautaires, ce marché est désormais fréquenté chaque semaine par des centaines de personnes issues des deux communautés, sous la protection des casques bleus bangladais basés à Rhoo.

Une dynamique saluée par les notables locaux, qui voient dans ces espaces de commerce un facteur clé de réconciliation et de paix durable dans la région.