Ituri : la MONUSCO encourage la collaboration entre la population et la police pour lutter contre l’insécurité

Depuis son établissement en RDC en 1999, la MONUSCO a toujours été aux côtés de la Police nationale congolaise pour l’aider à se reformer, à se professionnaliser, dans le respect des droits humains. PHOTOS MONUSCO / Ado Abdou

30 déc 2022

Ituri : la MONUSCO encourage la collaboration entre la population et la police pour lutter contre l’insécurité

Jean-Tobie Okala

Comment mettre fin, du moins réduire la « crise de confiance » entre la Police nationale congolaise et les populations civiles ? La question a fait l’objet d’une table-ronde le 20 décembre 2022 organisée par le bureau de la Mission des Nations Unies au Congo à Bunia. Plus de soixante participants représentant la justice, le gouvernement provincial, la Police nationale congolaise et différents mouvements de jeunes y ont pris part.

« Il y a plusieurs défis au niveau du rôle de la police dans notre province. Nous avons eu à énumérer la faiblesse d’abord par rapport à sa mission régalienne où la population ne se retrouve pas dans son rôle qu’elle est en train de jouer ; nous avons aussi dénoncé les nombreuses tracasseries dans la ville de Bunia mais aussi à l’intérieur de la province ; nous avons identifié aussi la corruption. Ça impacte négativement la collaboration avec la police et ça joue sur la crise de confiance entre la police et nous, civils », a affirmé Gentil Kaniki, président du conseil provincial de la jeunesse de l’Ituri.

La police : un rôle pas toujours bien compris

Certains participants ont reconnu ne pas être suffisamment informés des principales missions de la Police dont le rôle est souvent mal perçu par la population. Pour eux, il y a un gros effort à faire de la part des autorités pour améliorer la perception de la Police par la population. L’occasion pour le directeur de cabinet du Gouverneur de province de rappeler les principales missions de la Police : sécurisation des biens et des personnes ; protection des civils ; appui à l’appareil judiciaire ; lutte contre le crime organisé et la fraude ; respect et maintien de l’ordre public.

Pour le commissaire provincial de la PNC en Ituri, ce que certains qualifient de crise de confiance n’est rien d’autre qu’une incompréhension. Tout en reconnaissant certains comportements déviants chez certains hommes en uniforme bleu, le général Seguin Sengelwakyo invite la population à faire le tri entre le bon grain et l’ivraie car, selon lui, quelques éléments indélicats ne peuvent faire porter à la police entière tous les maux qui lui sont reprochés : « Tout ce qu’il faut savoir, c’est qu’aujourd’hui nous expérimentons la réforme, cette réforme qui s’impose dans un Etat démocratique. Il faut qu’on installe un partenariat entre la police et la population, cette population doit comprendre que les questions de sécurité ne concernent plus que la seule police, mais aussi la population dans la mesure où la gestion de la sécurité est partagée entre la police et les citoyens. C’est aussi vrai que, dans cette police, il peut avoir des brebis galeuses, mais cela ne donne pas une tâche noire à toute la police parce que vous trouverez que cette population, celle de Bunia en particulier celle de l’Ituri en général, est satisfaite de notre action... ».

Quel appui de la MONUSCO ?

Depuis son établissement en RDC en 1999, la MONUSCO a toujours été aux côtés de la Police nationale congolaise pour l’aider à se reformer, à se professionnaliser, dans le respect des droits humains. Ce soutien permanent a eu comme résultat le renforcement des capacités de la PNC, à travers des formations spécifiques dans tous les domaines d’activités de la Police congolaise, l’appui logistique (notamment des dons de matériel, moyens roulants, mobilier de bureau, construction de locaux, appui aux enquêtes complexes, etc.), l’appui technique ou encore des sensibilisations diverses.

Comme dans certaines villes de la RDC, la MONUSCO a aidé à mettre en place à Bunia la SOLIB (Stratégie opérationnelle de lutte contre l’insécurité à Bunia). L’appui de la Mission onusienne ici porte sur la livraison de carburant, de rations alimentaires, la mise en place de deux numéros verts que la population peut appeler gratuitement pour signaler les cas d’insécurité dans la communauté, ou encore différentes formations sur des sujets spécifiques.

Marc Karna Soro, chef de bureau de la MONUSCO à Bunia, reconnaît que, grâce à cet appui, la PNC s’est professionnalisée et répond au mieux aux préoccupations des populations. « En tant que MONUSCO, nous accompagnons la police congolaise. Actuellement par exemple, nous sommes en train de former des policiers à la demande de la République démocratique du Congo, nous travaillons avec eux au quotidien. Nous avons nos officiers de police qui font le tour des commissariats, qui font du mentorat, les accompagnent au quotidien... Les discussions que nous avons eues aujourd’hui, c’est pour permettre à la Police et aux citoyens de mieux se connaître et de garder ce contact-là, ces échanges dans les deux sens, parce que la police a aussi des attentes vis-à-vis des citoyens, il faut aussi dire que ces policiers sont des citoyens ».

Et de poursuivre : « Dans quelques jours, nous allons lancer les travaux de construction des infrastructures au niveau de l’école de la police ici à Bunia. Nous sommes en train de déployer des conteneurs aménagés dans des quartiers périphériques pour aider la police à se rapprocher davantage de la population. Nous travaillons avec la police sur un projet de mise en place d’un centre de coordination des opérations ici à Bunia. Ce centre de coordination va permettre de centraliser l’information, d’articuler la réponse à temps et permettre le suivi général de la situation. Nous avons doté la police en matériel de maintien de l’ordre public. Encore une fois, j’insiste, que c’est un tandem population-police qui va permettre de juguler l’insécurité en Ituri ».

Les participants ont reconnu l’importance de la police auprès des populations. Car là où l’armée reprend des positions à l’ennemi en Ituri, c’est la police qui prend le relais.

En visite officielle en Ituri, le commandant et chef de la composante police de la MONUSCO, le général Mody Berethe, a lui aussi participé à cet échange avec la population civile. Au cours de cette visite, il a également échangé avec le commissaire provincial de la PNC/Ituri et le gouverneur de province de l’Ituri sur la façon de renforcer le partenariat MONUSCO-PNC.

Le général Mody Berethe a par ailleurs présidé la cérémonie de remise des médailles de mérite des Nations Unies à quelque 150 casques bleus dont 14 soldats de la paix de l’unité de police constituée du Sénégal (SNFPU) ; des médailles qui récompensent la bravoure et l’engagement de ces casques bleus pour la paix et la protection des civils dans cette province en proie aux conflits armés.