Jane Connors : "Les victimes sont au cœur de nos préoccupations"

La défenseure des droits des victimes (VRA) pour les Nations-Unies, Jane Connors, avec la ministre congolaise du Genre, famille et Enfants, Beatrice Lomeya Atilite. Photo MONUSCO/John Bompengo

27 nov 2019

Jane Connors : "Les victimes sont au cœur de nos préoccupations"

Marylène Seguy/Nana-Rosine Ngangoue

La défenseure des droits des victimes (VRA) pour les Nations-Unies, Jane Connors, effectue une visite de travail en République démocratique du Congo, dans le cadre de son mandat. Son rôle consiste à veiller à ce que les droits et la dignité des victimes soient au premier plan des efforts des Nations Unies dans la lutte contre l’exploitation et des atteintes sexuelles perpétrées par des membres du personnel des Nations Unies.

L’objectif de cette visite d’une semaine qui l’a conduite du 21 au 29 novembre 2019 successivement à Kinshasa et Goma dans le Nord Kivu, était aussi de présenter la nouvelle approche adoptée par les Nations Unies pour la prévention et la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels perpétrés par toutes les catégories de personnel des Nations Unies - en uniforme, civil, national et international. 

‘’Contrairement aux approches précédentes, la nouvelle concerne uniquement les victimes - les femmes, les hommes et les enfants qui subissent ces torts - et non la réputation de notre famille complexe d'organisations, ni la conduite et la discipline de notre personnel’’, a-t-elle expliqué.

C’est ainsi qu’à l’étape de sa visite à Goma, Jane Connors a tenu à visiter trois centres de santé qui accueillent les victimes d’abus et d’exploitations sexuels. Il s’agit de l’hôpital Heal Africa situé en plein cœur de Goma, qui accueille les victimes d’abus et d’exploitations sexuels, dont des victimes du personnel de l’ONU. Sur place, Jane Connors a rencontré le médecin-chef ainsi que des enfants issus de la rue.

Jane Connors s’est également rendue dans un quartier populaire de Goma qui abrite le Groupe d’entraide et de solidarité médicale (GESOM), une association sanitaire sans but lucratif dont l’objectif est d’offrir des soins de qualité à des coûts abordables aux personnes vulnérables. Selon la responsable de GESOM, entre janvier 2016 et octobre 2019, le centre médical a pris en charge 13 cas de victimes présumées d’exploitation et abus dont les auteurs seraient du personnel du système des Nations Unies.

Enfin, la troisième visite du jour a conduit la défenseure des droits des victimes au centre de santé de Kyishero situé à l’ouest de Goma où elle a pu discuter avec une victime.

A l’écoute des victimes

Mme Connors explique l’importance des visites auprès des victimes : « A chaque visite, j’ai des entretiens confidentiels et individuels avec des victimes, principalement des femmes et des enfants. Je les écoute et je les rassure en leur expliquant que l’ONU est là pour les aider dans le même temps qu’elles tentent de reconstruire leur vie ».

Depuis 2010, la MONUSCO a reçu 196 allégations d'exploitation et d'abus sexuels par le personnel des Nations Unies impliquant 229 victimes. ‘’L'exploitation et les abus sexuels érodent la confiance des communautés et des personnes que nous servons et remettent en question l'intégrité du travail humanitaire. En tant qu’acteurs humanitaires, il est de notre devoir de demander des comptes à nos collègues et à nos organisations’’, a déclaré Madame Connor dans un message au personnel de la MONUSCO.

Nommée le 23 août 2017 par le Secrétaire général des Nations Unies, Jane Connors est la première personnalité à occuper cette fonction de défenseure des droits des victimes de l’ONU.