La Plate-forme “Rien sans les Femmes” demande une mise en œuvre effective et rapide de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba

La Plate-forme “Rien sans les Femmes” demande une mise en œuvre effective et rapide de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba
25 avr 2017

La Plate-forme “Rien sans les Femmes” demande une mise en œuvre effective et rapide de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba

Elles l’ont dit ce lundi 24 avril 2017 lors de leur rencontre à la Monusco-Uvira. Pour ces femmes venues du Rwanda, du Burundi et de la RDC, l’instabilité et les problèmes d’insécurité observés entre ces trois Etats résultent en majeure partie de la lenteur dans la mise en œuvre de cet Accord.

Uvira, le 24 avril 2017 – Quelques déléguées représentant la Plate-forme « Rien Sans les Femmes », qui réunit des Femmes du Rwanda, Burundi et de la République démocratique du Congo (RDC), se sont retrouvées ce lundi à la Salle des Conférences de la Mission des Nations Unies en RDC, Monusco-Uvira. C’était pour faire le point sur la mise en œuvre de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba pour la Paix, la Sécurité et la Coopération pour la RDC et la Région des Grands Lacs, signé en le 24 février 2013 par onze Etats, dont la RDC, le Burundi, l’Angola, l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda…

Quatre ans après sa signature, le constat dressé par ces femmes est peu reluisant. Katana Bukuru Gégé, Secrétaire Exécutive de l’ONG congolaise Solidarité des Femmes Activistes pour la Défense des Droits humains (SOFAD), affirme d’abord qu’il n’y avait aucune femme parmi les signataires dudit Accord. Or, concède-t-elle, « nul ne peut ignorer l’apport des Femmes dans la résolution des conflits ».

Ensuite, elle pointe du doigt le peu de vulgarisation dont bénéficie cet Accord que très de gens connaissent. Alors que, selon elle, il devrait avoir un Plan d’action sous-régional, un plan d’action national, mais également un plan d’action provincial et même un plan d’action territorial, afin que les populations s’approprient cet Accord qui revêt une importance capitale dans la résolution des crises entres Etats, explique-t-elle. Au lieu de sa mise en œuvre stricte, ces femmes regrettent les atermoiements de certains Etats où certes il y a eu quelques avancées, mais pas notoires. Résultats : les groupes armés continuent à proliférer en RDC où parfois de pans entiers du territoire national restent encore et toujours sans présence de l’Etat ; la méfiance continue à caractériser les relations entre Etats voisins.

C’est ainsi, expliquent-elles par exemple, que le Burundi et le Rwanda restent convaincus que leurs ennemis viennent toujours de la RDC « où ils pensent avoir un droit de poursuite » ; elles citent également l’impossibilité pour les femmes commerçantes congolaises d’aller acheter des vivres au Burundi pour venir les revendre en RDC. Tout simplement, parce que la coopération régionale n’existe presque pas ou est mise à mal, et la confiance n’est pas au beau fixe entre ces trois Etats. D’où cet appel pressant lancé aux autorités des Etats signataires dudit Accord à le mettre en œuvre, sans plus tarder. Car pour ces femmes, « beaucoup reste à faire dans ce sens ».

En réponse à la question de savoir ce que les femmes attendent de la Monusco dans le cadre de la mise en œuvre dudit Accord, Katana Bukuru Gege répond que « nous attendons un accompagnement des Nations Unies pour nous aider à vulgariser cet Accord, ainsi que l’expertise et le renforcement des capacités des membres de notre plate-forme pour bien remplir notre mission ».

Ces femmes souhaiteraient ainsi, par exemple, voir la Monusco faciliter des rencontres (sous)régionales entre femmes et populations, femmes et autorités, etc. Car pour ces femmes, Sans les femmes, les chances de réussite de la mise en œuvre de cet Accord seraient limitées.

Le Chef du Sous-bureau de la Monusco-Uvira a répondu positivement à cet appel des femmes de la Plate-forme « Rien Sans les Femmes ». Ould Mohamed Elhacen a déclaré que « l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba fait partie de notre mandat, nous sommes disposés à soutenir toute initiative allant dans le sens de sa mise en œuvre ». Il a dès lors encouragé ces femmes à prendre leur bâton de pèlerin pour sillonner villes et campagnes et faire connaitre cet Accord aux populations, notamment celles d’une zone comme la Plaine de la Ruzizi en territoire d’Uvira, qui pourrait servir de « bon exemple d’intégration », en ce qu’elle est à cheval sur trois Etats (Rwanda, Burundi et RDC).

Texte & Photos: Jean-Tobie Okala