Nord-Kivu : la MONUSCO facilite le retour de 33 ex-enfants soldats dans leur famille

La MONUSCO facilite le retour de 33 ex-enfants soldats dans leur famille/Photo/MONUSCO Myriam Asmani

10 avr 2020

Nord-Kivu : la MONUSCO facilite le retour de 33 ex-enfants soldats dans leur famille

Koumbo Singa Gali Sy et Marylène Seguy

En dépit de la situation difficile liée à la pandémie du coronavirus, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) s’attèle à poursuivre l’exécution de ses activités prioritaires. A cet effet, la section Protection de l’enfant a organisé le 7 avril 2020, le transport de 33 enfants anciennement associés à des groupes armés, de Goma vers Beni, en vue de leur réunification familiale.

Dans le cadre des mesures contre le COVID-19, lesdits enfants ont passé 14 jours en quarantaine à Goma et passeront encore 14 jours en quarantaine à Beni avant de retrouver leur famille respective.

En ce jour du 7 avril, l’aéroport de Mavivi-Beni est plus qu’animé. C’est le tout premier vol de la MONUSCO depuis la suspension du trafic aérien, deux semaines auparavant, pour obéir aux mesures mises en place par les autorités congolaises dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus. Plusieurs jeunes, 15 à 17 ans, sac sur le dos, débarquent de l’avion, encadrés par l’accompagnateur qui les oriente vers le terminal de la MONUSCO : « Ils sont 33 en tout ; à présent nous en recevons 28 et cinq autres viendront par le deuxième vol à 14h30 », dira Bernard Akonda, chef de l’unité Protection de l’Enfant de la MONUSCO/Beni, venu les accueillir.

Tous sont visiblement contents de retrouver leur terre natale sous un autre jour. Partis comme combattants, ils reviennent comme n’importe quels jeunes, prêts à affronter une nouvelle vie qui les attend.

Avant de partir de Goma, certains avaient déjà une idée de leur avenir : C’est le cas de Rachid, 17 ans. « Je deviendrai soudeur, ajusteur comme mon père. Il a un atelier », dit-il, même s’il dit ne pas vouloir renier son passé. « J’ai rejoint un groupe armé à l’âge de 13 ans, de mon propre chef. J’ai quitté ma famille et mon environnement quotidien du jour au lendemain sans prévenir qui que ce soit au sein des miens ». Et d’expliquer qu’il a pris cette décision après avoir vu des familles entières de sa communauté des environs de Butembo se faire massacrer des mois durant par des ADF ou identifiés comme tels.

Aujourd’hui, il est prêt, après le passage obligé de la quarantaine à Beni, à rejoindre sa famille, quittée il y a quatre ans comme si rien n’avait perturbé sa vie d’adolescent durant ces 48 mois d’errance et de désolation physique et intellectuelle.

C’est à la faveur de l’appel du Chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, après son passage à Beni, en avril 2019, que certains chefs Maï-Maï avaient décidé de déposer les armes pour regagner la vie civile. Au moins 3000 combattants avaient rejoint le centre de regroupement des FARDC à Kalungunta d’où ils sont partis en décembre 2019, pour le centre de Mubambiro, à 27 km à l’ouest de Goma, pour leur démobilisation. C’est à Mubambiro que la MONUSCO a procédé à la séparation de 61 enfants au total. Leur certificat de démobilisation comme ex-enfants associés à un groupe armé en main, et après une prise en charge psycho-sociale, ces enfants pouvaient regagner leurs familles dans les territoires de Beni et Lubero d’où ils sont originaires.

L’opération de retour soutenue par la MONUSCO a commencé le 5 mars 2020, lorsque 28 d’entre eux ont été ramenés à Beni. Du fait de la pandémie du coronavirus et des mesures mises en place par la RDC pour empêcher sa propagation, les 33 autres avaient été retenus à Goma, dans l’attente de leur transfert vers Beni. Exceptionnellement, cette mesure a été levée grâce à une autorisation spéciale du gouverneur de province, Carly Nzanzu Kasivita, lequel a permis d’organiser ce vol spécial de la MONUSCO et de ramener ces jeunes en territoire de Beni, où ils attendent désormais d’être réunis avec leur famille, une fois que la situation sanitaire le permettra.

Munis d’un certificat médical de bonne santé, une ONG partenaire de l’UNICEF et de la MONUSCO a obtenu que ces adolescents réintègrent leur famille respective au plus vite, arguant du fait qu’avec la situation actuelle du COVID-19, lesdits enfants seront mieux dans leur propre famille que dans un centre de transit surpeuplé.