Rapatriement de 124 ressortissants burundais par les autorités congolaises au Burundi.

Rapatriement de 124 ressortissants burundais par les autorités congolaises au Burundi.
2 fév 2017

Rapatriement de 124 ressortissants burundais par les autorités congolaises au Burundi.

C’est la Ministre burundaise de la Justice qui a accueilli ces « enfants égarés », tout en promettant qu’ils n’ont pas à s’inquiéter.

Kavimvira, le 31 janvier 2017 - Annoncée depuis plusieurs jours, l’opération de rapatriement volontaire des détenus burundais de la RDC a finalement eu lieu ce mardi 31 janvier 2017. Il était 11h 05 locales lorsque l’imposant cortège du Gouverneur de la Province du Sud-Kivu est arrivé au Poste frontalier de Kavimvira qui sépare la RDC du Burundi. C’est dans la Salle des conférences de la Direction Générale des Migrations (DGM) ou Police des frontières congolaises que s’est tenue la réunion d’harmonisation des données entre les différents partenaires au processus. Parmi ceux-ci, des représentants  de la CIRGL (Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs), de la Monusco, du HCR, de la Commission Nationale des Refugiés ou encore les membres du Comité provincial de sécurité. Dans son mot de bienvenue, l’Administrateur du Territoire d’Uvira Samuel Lunganga Lenga a expliqué que c’est à cause de la porosité des frontières entre la RDC et ses voisins que quelques 191 ressortissants burundais (et rwandais) avaient été appréhendés il y a environ 14 mois et détenus dans des prisons congolaises de Bukavu et d’Uvira. Et que depuis plusieurs mois, les Gouvernements burundais et congolais avaient engagé des discussions pour le rapatriement de ces détenus poursuivis pour « divers délits », lesquelles discussions ont abouti à la cérémonie de ce jour. « Un moment important », renchérira le Directeur de Cabinet du Ministre congolais de l’Intérieur, car « deux pays organisent le retour de détenus sans violence, conformément aux conventions internationales en vigueur ».

Après une petite « querelle de chiffres » entre la Commission Nationale des Refugies appuyée par son partenaire du HCR et les autorités carcérales congolaises, la séance sera suspendue une heure durant : le temps de se mettre d’accord sur la méthode à suivre. Car pour Marcelin Cishambo, Gouverneur du Sud-Kivu, « le retour est volontaire, personne ne doit être forcé à rentrer chez soi ». Finalement, il est décidé de jouer la carte de la transparence : tous les 189 détenus (à l’exception des deux malades) vont être emmenés sur place au Poste frontalier de Kavimvira pour un « screening » public : seuls ceux qui acceptent de retourner dans leur pays seront remis aux autorités burundaises… Au total, 124 ressortissants burundais ont ainsi été rapatriés chez eux ce jour. Sur les 65 détenus restants qui n’ont pas souhaité retourner chez eux, on compte 12 réfugiés reconnus par le HCR et 18 Rwandais qui seront rapatriés ultérieurement via Bukavu.

Il était 18h 50, lorsque la Ministre burundaise de la Justice et le Gouverneur de Province du Sud-Kivu se sont adressés à la presse venue massivement « couvrir » la cérémonie. Rassurante, la Ministre burundaise a dit voir en ce retour au pays de ses « enfants égarés » un signal fort envoyé aux autres « Burundais vivant à l’étranger que l’on peut rentrer au Burundi, vivre au Burundi sans être inquiétés ». Se réjouissant de la main-d’œuvre dont son Gouvernement va ainsi bénéficier, elle a ajouté que ces personnes remises ce jour à Bujumbura seront conduites à un Centre qui s’occupe des questions de rapatriement où elles vont être identifiées au cas par cas… Reste le cas de ceux qui n’ont pas souhaité rentrer au Burundi : des activistes des Droits de l’Homme ont enjoint la Justice congolaise à statuer rapidement sur leur cas, pour savoir les faits qui leur sont reprochés, s’ils sont condamnables ou s’ils doivent être remis en liberté.

Texte et Photos: Jean-Tobie OKALA