Beni : la MONUSCO accueille sept enfants qui se sont échappés des mains des ADF pour leur réinsertion sociale

La MONUSCO fait des plaidoyers avec les parties en conflit afin de minimiser les risques de violations graves des droits de l’enfant pendant les conflits armés. Photos MONUSCO / Marc Maro Fimbo

13 fév 2023

Beni : la MONUSCO accueille sept enfants qui se sont échappés des mains des ADF pour leur réinsertion sociale

Jean-Tobie Okala

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont remis vendredi 10 février à la MONUSCO sept enfants qui se sont échappés des mains des rebelles ADF (Allied Defense Forces) il y a trois semaines dans la région de Mwalika (territoire de Beni) au Nord-Kivu. Parmi eux se trouve cinq garçons de nationalité ougandaise âgés de 13 à 16 ans. Les deux filles sont toutes deux âgées de 7 ans, l’une est Ougandaise et l’autre Congolaise.

L’armée affirme les avoir récupérés à la suite des affrontements avec les ADF dans cette région de Mwalika. Lesdits enfants étaient détenus depuis trois semaines au bureau des renseignements des FARDC à Beni. 

La MONUSCO, à travers sa section Protection de l’enfant, avait mené des plaidoyers auprès de l’armée congolaise pour que ces enfants soient mis à sa disposition. Ces plaidoyers ont trouvé un écho favorable auprès des forces régulières de la RDC qui ont réitéré leur confiance en la MONUSCO lors de la cérémonie officielle de remise vendredi 10 février 2023. « Nous comptons sur vous MONUSCO pour leur prise en charge », a indiqué l’armée.

Le capitaine Anthony Mualushayi, porte-parole des opérations Sokola 1, s’est félicité de cette reddition : « Les opérations ont aidé ces jeunes gens à se rendre auprès de l’armée. Nous avons des ONG qui travaillent dans la protection des mineurs. Ces enfants ont finalement décidé de quitter les mouvements terroristes et de se rendre auprès des forces armées ».

Retour à la vie civile : un long parcours

Selon les procédures d’usage, la MONUSCO qui reçoit les enfants les remet à son tour à ses partenaires pour leur prise en charge psycho-sociale et réinsertion socio-économique.  Cette étape consiste, entre autres, en des entretiens psychologiques, soins médicaux pour ceux qui sont malades, travail avec les communautés en vue de leur acceptation aussi bien par la famille que par les communautés, recherche familiale ou réunification familiale.  Après toute cette procédure, certains enfants d’un certain âge pourront alors suivre des formations pour apprendre un métier. 

La MONUSCO a déjà réussi à insérer plusieurs personnes sorties des groupes armés. Elles sont aujourd’hui couturières, coiffeurs et coiffeuses, agricultrices, éleveuses de lapins à Beni-ville, mécaniciens, jardiniers…

La section Protection de l’enfant de la MONUSCO a un mandat de surveillance, communication et de réponse aux six violations graves des droits de l’enfant pendant les conflits armés, à savoir : enlèvement, recrutement et utilisation des enfants, meurtres et mutilations, viols et violences sexuelles, attaques contre écoles et hôpitaux et refus d’accès à l’assistance humanitaire. De plus, elle fait des plaidoyers avec les parties en conflit (forces de sécurité et groupes armés) afin de minimiser les risques de violations graves des droits de l’enfant pendant les conflits armés. L’un des aspects du mandat de la section Protection de l’enfant de la MONUSCO est de dialoguer avec les groupes armés, afin qu’ils puissent cesser de recruter des mineurs en leur sein. 

Sortis des groupes armés avec l’appui de la MONUSCO

Ainsi, depuis 2018, la section Protection de l’enfant de la MONUSCO s’est engagée à discuter avec plusieurs groupes qui sévissent dans l’est de la RDC. Au Nord-Kivu, la MONUSCO a pu signer la Déclaration unilatérale pour la lutte contre le recrutement d’enfants et la Feuille de route sur la prévention du recrutement d’enfants et autres violations graves, avec trois groupes dissidents de Maï-Maï. En février et juillet 2019, une nouvelle Déclaration unilatérale pour la lutte contre le recrutement d’enfants et une Feuille de route sur la prévention du recrutement d’enfants et autres violations graves étaient signées par trois groupes Maï-Maï (Mazembe UPDI du feu « général » Busho Kitete, Mazembe FPP-AP du “général” Kasereka Kasyano Kabidon et Mazembe UPLC du « général » Kambale Mayani). Depuis lors et grâce aux plaidoyers de la MONUSCO, des centaines d’enfants sont sortis des rangs des groupes armés dans la région de Beni-Butembo-Lubero au Nord-Kivu.