Christian Saunders : « L’exploitation et les abus sexuels causent des traumatismes et détruisent la vie des populations déjà confrontées à d’énormes difficultés au quotidien »

Christian Saunders a réitéré l’importance de ce combat, soulignant que cette lutte est non seulement une priorité pour l’organisation, mais également une responsabilité morale envers les populations qu'elle protège.

23 jan 2025

Christian Saunders : « L’exploitation et les abus sexuels causent des traumatismes et détruisent la vie des populations déjà confrontées à d’énormes difficultés au quotidien »

Jean-Tobie Okala

Lors du deuxième et dernier jour de sa visite à Beni, mardi 21 janvier, Christian Saunders, Coordonnateur spécial pour l’amélioration de la réponse des Nations Unies à l’exploitation et aux abus sexuels, a rencontré les membres du réseau communautaire de signalement des plaintes (CBCN).

Pendant près de deux heures, les discussions ont porté sur plusieurs sujets, notamment l’expérience de gestion des alertes concernant les cas de violences basées sur le genre, ainsi que les cas d’exploitation et d’abus sexuels impliquant certains membres du personnel des Nations Unies.

Les échanges ont également permis d’explorer des pistes pour renforcer la prévention et améliorer la prise en charge des victimes, tout en identifiant les problèmes rencontrés par le réseau dans l’exercice de sa mission. « Nous avons partagé les expériences vécues au sein de la communauté, en particulier les récits des victimes d’exploitation et d’abus sexuels. Nous avons également évoqué les défis auxquels nous faisons face en tant que membres du réseau communautaire de signalement des plaintes, notamment en ce qui concerne les efforts de prévention et l’accompagnement des victimes dans notre communauté », a souligné Eugénie Kavugho, vice-présidente du CBCN.

Le manque de moyens financiers, un obstacle majeur pour les CBCN

Lors des échanges, les membres du réseau communautaire de signalement des plaintes (CBCN) ont souligné les défis auxquels ils font face pour pérenniser leurs activités, notamment le manque de ressources financières.

Eugénie Kavugho, vice-présidente du réseau, a exprimé leurs préoccupations : « Nous avons recommandé d’avoir une autonomie financière qui nous permette d’alerter et de prévenir, même en l’absence de financements ou d’accompagnement des agences des Nations Unies. Il est indispensable que nous puissions prendre en charge nos communautés par nos propres moyens et continuer nos sensibilisations à l’exploitation et aux abus sexuels. »

Elle a également insisté sur l’importance de mettre en place des activités génératrices de revenus pour garantir la continuité des interventions, même après le départ de la MONUSCO ou d’autres agences onusiennes.

L’ONU réaffirme son engagement contre l’exploitation et les abus sexuels à Beni

Lors de sa visite à Beni, Christian Saunders a réitéré l’importance de ce combat pour l’ONU et son leadership. Il a souligné que cette lutte est non seulement une priorité pour l’organisation, mais également une responsabilité morale envers les populations qu’elle s’engage à protéger : « Les Casques bleus ont pour mission de protéger la population et de rétablir la paix. Si le protecteur devient l'agresseur, c’est inexcusable. L’exploitation et les abus sexuels causent des traumatismes et détruisent la vie des populations déjà confrontées à d'énormes difficultés au quotidien », a-t-il déclaré.  

Selon lui, il est urgent de mettre fin à toutes les formes de violences à l’encontre des habitants de Beni, une région qui a déjà beaucoup souffert.  « Il est temps de rétablir la paix et de construire un environnement où les droits de chaque individu sont respectés », a-t-il ajouté.

Ces propos soulignent la volonté des Nations Unies de renforcer la confiance avec les communautés locales et de garantir que leurs actions reflètent pleinement leur mission : protéger et soutenir les populations vulnérables.

Lutte contre l’exploitation et les abus sexuels : des progrès salués par l’ONU

Le Coordonnateur spécial pour l’amélioration de la réponse des Nations Unies à l’exploitation et aux abus sexuels, Christian Saunders, note toutefois de « légers progrès » réalisés dans la lutte contre ce fléau, attribuant ces avancées à une prise de conscience et à un engagement accrus parmi le personnel militaire, policier et civil de l’Organisation : « Nous avons enregistré quelques progrès dans la lutte contre les abus et violences sexuelles. Toutefois, il est indispensable de maintenir cet élan en renforçant le leadership, en mobilisant la volonté collective et en sensibilisant aux conséquences néfastes ainsi qu’aux peines et aux souffrances que ces actes infligent aux victimes et aux communautés », a-t-il déclaré.

Christian Saunders a également réitéré son engagement personnel en ajoutant : « Il s'agit de ma troisième visite en deux ans, et je continuerai à venir ici afin que, ensemble, nous puissions poursuivre cette lutte ».

Sensibilisation et formation : des armes essentielles contre l’exploitation et les abus sexuels

En attendant, le combat contre l’exploitation et les abus sexuels continue, armé de plusieurs outils : la sensibilisation et la formation. Ces efforts visent autant le personnel onusien que les communautés locales, qui doivent être conscientes des effets dévastateurs de ces actes, notamment dans des régions où les filles et les femmes portent déjà le poids de décennies d’insécurité, de violence et de traumatismes :« Nous avons entrepris des actions dans ce domaine, notamment en matière d’information, de formation, d’éducation et de renforcement des capacités des membres du réseau communautaire de signalement des plaintes. Cela inclut la manière de recevoir les alertes de la communauté, d’informer cette dernière sur ses droits et de signaler les incidents. Les agences des Nations Unies telles que l’UNFPA travaillent également pour assister les victimes. Nous collaborons aussi étroitement avec les pays qui envoient leurs troupes ou policiers en RDC, et nous avons redoublé d’efforts pour les sensibiliser et renforcer leur engagement », a déclaré Christian Saunders.

Avant de quitter Beni pour Goma, Christian Saunders a réaffirmé l’importance d’une mobilisation collective et d’efforts constants pour combattre ce fléau, tout en soulignant que ramener la paix dans la région est essentiel pour instaurer un changement durable et restaurer la dignité des communautés affectées, a-t-il déclaré.