Beni : magistrats et inspecteurs formés par la MONUSCO à la lutte contre le financement du terrorisme
À Beni, dans le Nord-Kivu, dix inspecteurs de police judiciaire ainsi que des magistrats civils et militaires ont achevé une formation de deux semaines sur le thème : « La cryptomonnaie et les échanges chiffrés, un nouveau défi dans la lutte contre le financement du terrorisme ». Organisée par la section d’Appui à la justice de la MONUSCO, cette session visait à renforcer les capacités des acteurs judiciaires pour mieux identifier et contrer les circuits financiers utilisés par les groupes armés.
Depuis plusieurs années, la région de Beni est le théâtre des activités des Allied Democratic Forces (ADF), affiliées au mouvement terroriste État islamique, responsables de nombreuses exactions. Les autorités congolaises, appuyées par la MONUSCO, multiplient les opérations conjointes pour neutraliser ce groupe et assécher ses sources de financement.
La cryptomonnaie, monnaie virtuelle reposant sur la cryptographie, échappe aux mécanismes traditionnels de régulation bancaire. Elle est de plus en plus exploitée par les groupes terroristes pour contourner les contrôles financiers et financer des activités illicites.
Une formation essentielle
La formation a permis aux participants de comprendre les mécanismes des cryptomonnaies et des communications chiffrées, d’identifier les risques liés à leur utilisation dans le financement du terrorisme, de renforcer leurs compétences en matière de collecte et d’analyse de preuves numériques et d’améliorer la coopération entre les corps judiciaires et sécuritaires.

Le major John Kitalebe, inspecteur judiciaire à l’auditorat militaire de garnison de Beni, a souligné l’importance de ces enseignements : « Nous avons étudié les fonctions et principes de la cryptologie et de la cryptographie, la sécurité des réseaux et le chiffrement des messages. Nous avons également analysé la cryptomonnaie, utilisée par les terroristes pour éviter d’être retracés et contourner les systèmes bancaires traditionnels. Cette formation nous a appris à reconnaître ces méthodes sur le terrain. Dans notre zone, les terroristes recourent à des portefeuilles électroniques pour faire circuler l’argent. Les techniques acquises nous aideront à repérer ces flux et à freiner le financement du terrorisme ».
Adapter les outils d’enquête aux nouvelles menaces
Le chef de la section d’Appui à la justice de la MONUSCO à Beni, Ghislain Toe, a encouragé les participants à mettre en œuvre les connaissances acquises : « Comprendre les nouvelles dynamiques cryptographiques exploitées par les groupes terroristes est essentiel. Il est crucial d’adapter nos outils d’enquête et nos approches judiciaires à l’évolution constante des menaces. Je vous invite à partager ces acquis avec vos collègues et à les intégrer dans vos missions quotidiennes. C’est ainsi que nous renforcerons la résilience de nos institutions et contribuerons efficacement à la lutte contre le financement du terrorisme ».
Après Beni, place à Bunia
Alors que s’achevait la formation de Beni, une autre sur la même problématique débutait à Bunia.
Prévue du 28 octobre au 7 novembre 2025, cette formation vise à outiller dix membres du personnel judiciaire – civil et militaire – dans l’identification et l’analyse des transactions financières suspectes, ainsi que dans l’utilisation des outils d’enquête numérique. Elle s’inscrit dans une dynamique de modernisation de la justice congolaise face aux nouvelles formes de criminalité liées à la cyber-finance.
« Le renforcement continu des compétences des acteurs judiciaires congolais est essentiel pour accroître l’efficacité des enquêtes relatives aux crimes internationaux et au terrorisme en Ituri », a déclaré le Chef de Bureau de la MONUSCO, Josiah Obat, appelant à une approche collective et coordonnée.
Pour sa part, le Premier Président de la Cour militaire, le colonel Kelly Dienga Akelele, a exhorté les participants à approfondir leur maîtrise des techniques de traçabilité : « Il est impératif d’identifier les auteurs des flux financiers suspects et de contribuer activement à la lutte contre le financement des groupes armés et du terrorisme. »
Ces initiatives – à Beni et Bunia – s’inscrivent dans les efforts de la mission onusienne pour doter la justice congolaise des outils techniques et analytiques nécessaires à une réponse efficace face aux défis contemporains.

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