Do Nsoseme : quand l’art devient une arme pour la paix

L'engagement de Do Nsoseme est ancré dans la défense des droits des femmes à travers l’art, notamment la poésie.

19 sep 2025

Do Nsoseme : quand l’art devient une arme pour la paix

Jean-Claude Wenga

Photographe, poétesse et slameuse, Do Nsoseme incarne une génération d’artistes congolaises qui mettent leur talent au service de la paix. Originaire de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), elle a récemment été mise à l’honneur lors du festival Photoville à New York, une plateforme internationale de photographie qui a réuni des artistes du monde entier. L’exposition « Regards croisés : les femmes en marche pour la paix », soutenue par l’ONU, a mis en avant la contribution des femmes à la construction de sociétés pacifiques, en RDC comme ailleurs.

L’art comme outil de transformation

Pour Do, la photographie est plus qu’un métier : c’est un acte militant, une manière de rendre visible l’invisible. Qu’il s’agisse des récits de femmes, des acteurs de la paix ou des petites victoires quotidiennes, son travail vise à montrer que la paix se construit chaque jour. « J’aime raconter des histoires et révéler, par mes images, des personnes qui s’engagent pour la paix », affirme-t-elle. Pour elle, chaque cliché est un témoignage et une façon de porter la voix de celles et ceux qui restent dans l’ombre. « Je photographie le vécu des femmes, celui des acteurs de la paix sur le terrain, mais aussi les opportunités qui existent partout où elles se trouvent », explique-t-elle.

Sa démarche artistique dépasse l’esthétique : elle s’inscrit dans une quête de justice et de reconnaissance. À travers son objectif, Do capte des visages, des gestes quotidiens et des fragments de vie qui témoignent de résilience et de force. « Quand je vois certains regards très déterminés de femmes en action, je me dis que oui, il est possible de construire la paix », confie-t-elle.

Regards croisés : un projet collectif et porteur d’espoir

Le projet « Regards croisés : les femmes en marche pour la paix » a été soutenu par le Département des opérations de paix de l’ONU, en collaboration avec le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, ONU Femmes et la MONUSCO. Après New York, l’exposition a été inaugurée à Kinshasa le 18 septembre 2026, où Do a présenté ses œuvres devant un large public. Elle en a expliqué le sens, qu’il s’agisse de ses propres clichés ou de ceux réalisés par d’autres photographes, tous portés par la même volonté : valoriser le travail des femmes actrices de paix.

Invitée prochainement à New York, Do rencontrera les autres photographes du projet et portera les messages des femmes congolaises sur la scène internationale. « Je me sens très fière du travail réalisé. Nous avons mis en lumière les histoires des femmes. Quand je revois, dans mes photos, certains regards déterminés, je me dis que oui, il est possible de construire la paix », déclare-t-elle.

L’art, de la photographie au slam

Do ne s’arrête pas à la photographie. Elle écrit aussi de la poésie et du slam, convaincue que la parole artistique peut changer les mentalités. Lors de l’ouverture, elle a présenté un slam chargé de messages forts, rappelant l’importance du rôle féminin. « Mon engagement est profondément ancré dans la défense des droits des femmes à travers l’art, notamment la poésie. Je me bats pour que leur voix soit entendue, reconnue et valorisée », a-t-elle déclaré, émue par l’accueil du public.

Avec conviction, elle a aussi souligné le rôle de la photographie dans la valorisation d’histoires méconnues : « En tant que femme photographe, je voudrais adresser un message : ce métier est exigeant, mais il est une arme puissante pour raconter le monde autrement. C’est en rendant visible l’invisible que nous pouvons avancer vers un monde plus juste et égalitaire », a-t-elle affirmé.
 

Des voix saluent le rôle des femmes dans la paix

Lors de la cérémonie, plusieurs personnalités ont salué la portée du projet.

  • Micheline Ombae, ministre du Genre, Famille et Enfants, a rendu hommage aux organisateurs, aux photographes et aux femmes mises en lumière : « Vous contribuez à reconnaître, documenter et valoriser le rôle fondamental des femmes dans la construction de la paix en RDC. Votre travail montre que la paix se construit aussi à travers les actions quotidiennes et les engagements courageux des femmes. »
     
  • Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, a insisté sur la dimension collective et locale de la paix : « La paix n’est pas seulement l’affaire des gouvernements ni des Nations Unies. Elle se construit aussi ici, par le dialogue, par les initiatives concrètes et par l’engagement quotidien de chacune et chacun. Cette exposition nous rappelle que chaque action compte et que les femmes jouent un rôle central dans ce processus. »
     
  • Nelly Mbangu, activiste et coordinatrice de l’ONG Sauti ya Mama Mkongomani, elle-même photographiée par Do, a souligné l’importance de donner voix aux femmes : « En mettant en avant les œuvres féminines dans le domaine de la paix, la MONUSCO et ONU Femmes offrent non seulement une tribune de visibilité, mais aussi un hommage à toutes les femmes victimes de conflits armés, ainsi qu’à celles qui en sont les artisanes et médiatrices. »

Un plaidoyer pour une paix inclusive

Au-delà des images, cette exposition constitue un plaidoyer : elle rappelle que la paix durable exige l’implication active des femmes, comme le stipule la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Adoptée en 2000, elle reconnaît l’impact des conflits sur les femmes et les filles, tout en affirmant leur rôle central dans la prévention des conflits, la construction de la paix et la consolidation des sociétés. « Continuons à marcher, à avancer et à travailler pour la paix. Nous en avons les compétences, nous sommes capables d’apporter des solutions. Nous pouvons réellement changer les choses », a conclu Do.

 

 

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