Fataki : un centre de formation pour réinsérer des jeunes à risque et des femmes vulnérables

À Fataki, le centre de formation professionnelle illustre l’engagement commun en faveur de solutions durables à la violence. Il appartient désormais aux communautés, avec le soutien des partenaires, d’en faire un espace vivant, moteur de transformation pour toute la région.

18 juil 2025

Fataki : un centre de formation pour réinsérer des jeunes à risque et des femmes vulnérables

Didier Vignon Dossou-Gbakon

Dans une région encore marquée par l’insécurité, une initiative conjointe de la MONUSCO et de ses partenaires offre une nouvelle perspective à cent bénéficiaires à Fataki, dans le territoire de Djugu. Soixante femmes vulnérables et quarante jeunes à risque ont désormais accès à un centre de formation professionnelle, inauguré le 15 juin grâce à un projet de réduction de la violence communautaire (CVR), en collaboration avec le Programme national de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRCS) et l’ONG locale Femmes en Action pour le Développement Multisectoriel (FADEM).

Doté de trois salles de formation, d’un atelier de menuiserie, d’un four à pâtisserie, d’un bureau administratif et de sanitaires, le centre offre des formations pratiques en menuiserie, pâtisserie et coupe-couture. Une avancée saluée par les autorités locales, qui y voient un levier concret de réinsertion et de cohésion sociale.

Une initiative issue du dialogue communautaire

Ce projet s’inscrit dans le prolongement de discussions initiées dès 2021 entre groupes armés et communautés, appuyées par la MONUSCO et les autorités provinciales. Ces échanges ont permis d’aboutir à un accord de cessation des violences et de définir des priorités locales, parmi lesquelles figurait la création d’opportunités économiques pour les jeunes et les femmes.

« Ce centre est le fruit d’un engagement collectif », a rappelé le chef de bureau de la MONUSCO à Bunia, Josiah Obat, appelant les communautés à poursuivre dans la voie du dialogue et du vivre-ensemble.
« Toutes ces différentes tribus sont une richesse. En cas de différend, dialoguez. Vous avez ici un cadre pour vous former, mais aussi pour vous rapprocher les uns des autres. » a-t-il souligné.

Former pour reconstruire

Au-delà de l’apprentissage d’un métier, ce projet donne aux bénéficiaires les moyens de se prendre en charge et de retrouver une place active dans la société.
Dorcas, par exemple, peut désormais vendre ses pâtisseries au marché.
« Je me réjouis de ce projet. Il m’a permis d’apprendre la pâtisserie. Je sais maintenant faire des beignets et des galettes que je vends au marché. Je peux me prendre en charge sans attendre l’aide de mon mari », confie-t-elle.

Aline, formée à la couture, se prépare à confectionner des uniformes scolaires : « Ici à Fataki, il y a peu de couturières. Moi, j’ai appris à coudre. Avec la rentrée qui approche, je vais faire des uniformes pour les enfants du village. Ça me permettra de gagner de l’argent et de nourrir ma famille. »

D’autres, comme Grâce, devenue formatrice, transmettent à leur tour leurs compétences à d’autres femmes.

Ces témoignages traduisent une dynamique de changement qui dépasse le simple cadre de la formation. Ils incarnent une volonté de bâtir une paix durable à partir des initiatives locales.

Une réponse aux défis du territoire

Avec un budget de 98 000 dollars financé par la MONUSCO à travers sa section DDR-S, ce projet répond à un double objectif : offrir une alternative concrète à la précarité et réduire l’attractivité des groupes armés. Il repose sur une approche participative, intégrant les communautés à chaque étape de sa mise en œuvre.

Les autorités locales encouragent l’appropriation de cette initiative. Pour l’administrateur du territoire de Djugu, Ruffin Mapela,

ce projet renforce la cohésion sociale entre les communautés, tout en s’appuyant sur les ressources et compétences locales.

À Fataki, le centre de formation professionnelle illustre l’engagement commun en faveur de solutions durables à la violence. Il appartient désormais aux communautés, avec le soutien des partenaires, d’en faire un espace vivant, moteur de transformation pour toute la région.

 

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