Ituri : Vivian Van de Perre à la rencontre des communautés locales

À Tchabi, la Mission a inauguré un commissariat de police moderne au profit de la communauté.

29 sep 2025

Ituri : Vivian Van de Perre à la rencontre des communautés locales

Didier Vignon Dossou-Gbakon

Vivian Van de Perre, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU en charge de la protection et des opérations, a séjourné trois jours en Ituri. Son passage a été consacré à écouter les communautés, rencontrer les autorités locales et remettre des projets destinés à renforcer la protection des civils et la cohésion sociale dans une province encore meurtrie par les violences.

 

Beaucoup d’espoir, mais encore des inquiétudes

Du 24 au 26 septembre, Vivian Van de Perre, accompagnée d’une délégation du bureau de la MONUSCO à Bunia et du gouverneur militaire de province, le lieutenant-général Johnny Luboya Nkashama, s’est rendue à Tchabi, localité du territoire d’Irumu située à environ 155 kilomètres au sud de Bunia. Elle y a échangé avec les autorités coutumières – notamment des chefferies Bahema Boga et Banyali Tchabi – ainsi qu’avec des représentants de la société civile, des jeunes et des femmes.

Tous ont salué les efforts conjoints de la MONUSCO et des FARDC, notamment les patrouilles diurnes et nocturnes, qui contribuent à soulager les populations en matière de protection. Mais les inquiétudes demeurent : entre le 10 et le 14 septembre, onze civils ont été tués dans de nouvelles attaques des ADF, accompagnées d’enlèvements et d’incendies de maisons. Les habitants ont exprimé des besoins concrets : accroître la sécurité, améliorer le réseau de communication et réhabiliter les routes.

À Gina, dans le territoire de Djugu, à environ 75 kilomètres au nord de Bunia le long de la Route nationale 27 (RN27), la société civile des groupements Sesele, Jako Ndahura et D’zina a mis en avant des avancées notables. Depuis plusieurs mois, une évolution sécuritaire et sociale encourageante est observée, grâce à l’engagement conjoint des acteurs locaux et à l’appui constant de la MONUSCO.

« Nous recommençons à avoir confiance dans le vivre-ensemble. La Mission est présente à nos côtés : elle nous accompagne dans les dialogues, soutient les initiatives de médiation et encourage des activités qui rapprochent nos villages. Petit à petit, la peur laisse place à la confiance », a confié un représentant local de la société civile.

Dans ces groupements longtemps marqués par les affrontements, Hema et Lendu renouent progressivement avec une vie côte à côte. Les discussions entre leaders coutumiers, l’implication des jeunes et des femmes ainsi que la reprise d’activités sociales partagées contribuent à recréer des liens de confiance. Mais le défi majeur reste la sécurité autour de la RN27, marquée par les attaques récurrentes de groupes armés, notamment de la CRP et de la CODECO. Les habitants souhaitent en parallèle le renforcement du dialogue, la réhabilitation du pont sur la rivière Nizi et un meilleur accès aux services de base.

Des réalisations concrètes pour soulager les populations

La visite a été marquée par la remise officielle de plusieurs projets financés par la MONUSCO.

À Tchabi, la Mission a inauguré un commissariat de police moderne au profit de la communauté. Construit dans le cadre des projets à impact rapide (QIP), il est équipé de mobilier et de matériel informatique et vient remplacer un bâtiment vétuste datant de l’époque coloniale. La population y voit un signe d’espoir pour le retour progressif de la paix. Le gouverneur militaire, le général Johnny Luboya Nkashama, présent à l’inauguration, a annoncé le déploiement rapide d’éléments de la Police nationale congolaise afin d’assurer la protection des civils dans la localité.

Le centre de santé de référence de Tchabi a également été réhabilité, avec une maternité et un bloc opératoire. Jadis incendiée par les rebelles ADF, la structure renaît et permettra désormais d’accueillir dans de meilleures conditions les femmes enceintes et d’effectuer des interventions chirurgicales sur place. « Nous avons beaucoup de malades et peu de moyens pour augmenter l’accessibilité au centre de santé. Cet appui va sauver des vies », a témoigné l’infirmier titulaire Benaimu Sapaiso.

À Bunia, la MONUSCO a remis à la prison centrale 80 matelas et 190 couvertures destinés aux mineurs détenus, afin d’améliorer leurs conditions de vie dans le pavillon qui leur est réservé, préalablement construit par la Mission. Le directeur de la prison a salué cet appui qui rend le travail pénitentiaire plus humain. Ce geste rappelle que la protection doit s’étendre à toutes les couches de la société, y compris aux plus vulnérables, même lorsqu’ils sont en conflit avec la loi, car le respect des droits fondamentaux demeure une obligation en toutes circonstances.

Ces projets illustrent l’approche intégrée de la MONUSCO, qui conjugue sécurité et développement local afin de répondre aux besoins les plus urgents exprimés par les populations.

 

Un engagement sans cesse renouvelé

Avant de clore sa visite, Vivian Van de Perre a rencontré à Bunia des femmes leaders de l’Ituri. Celles-ci ont mis en avant les avancées obtenues dans les dialogues communautaires facilités par la MONUSCO, notamment entre les communautés de Mandro et Ezekere, dans le territoire de Djugu où des médiatrices locales ont rouvert un canal de communication après des années de méfiance. Toutefois, elles ont aussi plaidé pour un engagement accru des femmes et pour être davantage outillées afin de mieux accompagner les initiatives de paix.

La cheffe adjointe a rappelé que la paix durable ne pourra se construire que par des solutions avant tout politiques, nécessitant l’appui constant à l’État congolais et à ses forces de défense et de sécurité. Elle a souligné que les opérations conjointes avec les FARDC, la mise en place de systèmes d’alerte précoce et les projets communautaires reflètent l’action continue de la Mission, mais que la stabilité dépend aussi de l’implication directe des habitants.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités et le gouvernement provincial. Mais les communautés ont aussi un grand rôle à jouer, surtout les femmes et les jeunes. Si les discours de haine continuent, il n’y aura pas de paix. »

Ce message prend une résonance particulière alors que la MONUSCO, comme l’ensemble des Nations Unies, doit composer avec des contraintes budgétaires croissantes, tout en maintenant son soutien aux populations de l’Ituri.

Follow the MONUSCO channel on WhatsApp