Unité anti-incendie de la MONUSCO : un rempart essentiel pour sauver des vies en RDC

L’unité anti-incendie de la MONUSCO est régulièrement appelée à intervenir dans plusieurs régions du pays où la Mission est présente.

6 sep 2025

Unité anti-incendie de la MONUSCO : un rempart essentiel pour sauver des vies en RDC

Alain Wandimoyi

Deux incendies se sont déclarés jeudi 4 septembre dans l’après-midi dans la ville de Goma. Le premier a ravagé deux véhicules, cinq bureaux, une maison en bois et une station-essence dans le quartier Katoyi, commune de Karisimbi. Le second a consumé trois maisons d’habitation fabriquées en bois. Des dégâts matériels mais aucune victime humaine enregistrée, notamment grâce à l’intervention rapide et coordonnées de nombreux sapeurs-pompiers issus de différentes équipes : section anti-incendie de la MONUSCO, Casques bleus indiens et protection civile de la ville de Goma. Au total, neuf camions ont été déployés sur les lieux pour maîtriser le feu qui, autrement, aurait pu faire des dégâts plus importants.

Comme à Goma, l’unité anti-incendie de la MONUSCO est régulièrement appelée à intervenir dans plusieurs régions du pays où la Mission est présente. Depuis le début de l’année 2025, cette unité spécialisée est intervenue dans des contextes souvent complexes, quelques fois dangereux, pour combattre le feu dans une vingtaine d’incidents majeurs à Kinshasa, Goma et Bunia. À chaque fois, des vies humaines étaient en jeu. Une mission de protection des personnes et de leurs biens qu’elle remplit sans relâche de jour comme de nuit.

Sur les vingt-deux cas enregistrés depuis janvier 2025, Goma reste la zone la plus affectée avec 14 interventions. La ville connaît un taux élevé d’incendies dans des structures commerciales et résidentielles, représentant près de 60% des cas. À Kinshasa, sept interventions ont été recensées, principalement dans des installations gouvernementales et des quartiers résidentiels, tandis que Bunia a enregistré un incident majeur touchant une propriété privée. Un bilan qui démontre l’importance d’une collaboration étroite entre tous les acteurs.

La période la plus critique s’est étendue de juin à août 2025, marquée par une hausse notable de la fréquence d’interventions et de la gravité des incendies. Ces chiffres soulignent l’importance d’une présence accrue et d’une vigilance constante de l’unité anti-incendie.

Des conditions d’intervention difficiles

Les origines des incendies s’avèrent être d’origines diverses. Les causes les plus fréquentes incluent les pannes électriques, les incendies criminels, les troubles civils ainsi que les imprudences domestiques dans des habitations construites majoritairement en bois, particulièrement inflammables durant la saison sèche.

Les équipes doivent souvent composer avec de lourdes difficultés logistiques. Des routes dégradées, les embouteillages et les problèmes de sécurité dans certains quartiers ralentissent considérablement les interventions. « Nous faisons face à des défis de taille, notamment l’accès difficile à certains quartiers, mais notre engagement reste total », confie Archille Mwana Zaïre, pompier basé à Goma.

L’unité anti-incendie de la MONUSCO fonctionne avec un haut niveau d’organisation et de rigueur. Chaque jour, les équipes se préparent minutieusement. Comme l’atteste Maguy Madede Akan Labi basée à Kinshasa, l’une des rares femmes en charge d’une équipe de pompiers : « Je m’assure que tout le personnel est prêt et que les équipements fonctionnent parfaitement. Nous recevons des alertes de différentes agences, ambassades et même du gouvernement, ce qui nécessite une grande réactivité ». Et de poursuivre, en mettant en évidence la difficulté de son travail : « Face au danger, tout le monde fuit, mais nous, pompiers, avançons. Notre tâche exige de la compassion et un cœur plein d’humanité ».

À Goma, les pompiers peuvent être prêts à se déployer en moins de deux minutes. Cette rapidité de préparation est toutefois souvent entravée par des facteurs externes tels que la congestion routière ou des voies bloquées. Malgré tout, leur détermination à sauver des vies ne faiblit pas.

Être pompier à la MONUSCO est perçu comme un engagement noble. « Pour moi, c’est un honneur d’être pompier. Nous sauvons des vies et apportons du réconfort dans des situations de panique. C’est un travail qui demande du courage, du dévouement et beaucoup d’amour pour autrui », explique avec fierté Archille Mwana Zaïre.

 Des liens renforcés avec la population locale

 La collaboration entre la MONUSCO, les services locaux de protection civile et les communautés est un aspect essentiel de la lutte contre les incendies. À Goma, les habitants expriment leur reconnaissance. Bauma Shabade témoigne : « Quand l’incendie a éclaté, nous avons immédiatement alerté la MONUSCO. Leur arrivée rapide et leur persévérance ont évité la propagation du feu dans tout le quartier, surtout en cette saison sèche où les maisons en bois s’enflamment facilement ». Malgré la fatigue visible des pompiers après de longues heures d’intervention, la population leur témoigne un soutien sincère, consciente des risques auxquels ils s’exposent.

Si l’engagement des pompiers est total, la réalité sur le terrain demeure complexe. Le manque d’eau constitue un obstacle majeur, particulièrement à Goma où les sources d’approvisionnement sont éloignées des zones d’intervention. « Parfois, nos camions manquent d’eau en pleine intervention, ce qui met en danger la maîtrise du feu et donc des vies », déplore le chef de l’unité anti-incendie, Manuel Taracena.

Le personnel limité et les conditions de sécurité précaires dans certains quartiers compliquent également les interventions. En outre, l’incivisme et le manque de coopération des usagers de la route peuvent parfois aggraver les retards. Manuel Taracena lance un appel : « Chaque seconde perdue dans les embouteillages peut coûter une vie. Nous demandons aux conducteurs de nous céder le passage sans hésitation ».

Les pompiers de la MONUSCO doivent aussi parfois faire face à des incompréhensions, voire des agressions de la part de certains habitants. Accusés, à tort, de lenteur, ils doivent néanmoins rester concentrés sur leur mission. Fabien Mwingwa, de la section de Goma, rappelle : « Notre priorité est de sauver des vies. Nous sommes une équipe soudée et déterminée, même dans un contexte difficile comme celui de la RDC ».

Malgré l’épuisement, les dangers et les défis constants, ces hommes et ces femmes restent unis dans leur mission : sauver des vies et protéger les communautés à travers la RDC.

 

 

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