Général Assane Beye : avec le soutien de UNPOL, la police congolaise a accompli des « avancées notables »

31 aoû 2024

Général Assane Beye : avec le soutien de UNPOL, la police congolaise a accompli des « avancées notables »

Propos recueillis par Alain WANDIMOYI

Ce 30 août 2024, le général de brigade Assane Beye achève son mandat à la MONUSCO. Arrivé le 09 juin 2021, il a occupé, pendant plus de trois ans, les fonctions de chef adjoint de la composante Police (UNPOL) dans la Mission. Au sein du pilier « Protection et opérations » où il a travaillé, il a pu se rendre compte de l’évolution des pratiques et des comportements dans la Police Nationale Congolaise qu’UNPOL accompagne depuis plusieurs années déjà, à travers des formations, des dotations en matériel et en infrastructures. Autant d’efforts pour entraîner la Police Nationale Congolaise vers plus de professionnalisme.  Le général de brigade Assane Beye est fier d’avoir participé à cette collaboration et souhaite voir ce partenariat se poursuivre. Peu avant de quitter le Congo, il nous a accordé un entretien.

Alain WANDIMOYI - Vous êtes arrivé au terme de votre mandat en RDC. Avez-vous le sentiment du devoir accompli ?

Général Assane BEYE - C’est un peu difficile de parler de devoir accompli dans la mesure où il revient à mes supérieurs d’évaluer mon travail, de l'apprécier. Mais en ce qui me concerne, je peux effectivement dire que ça s'est bien passé.  En tout cas, j’ai toujours cherché à donner le meilleur de moi-même, en respectant les valeurs des Nations Unies et le mandat de la MONUSCO. J’ai toujours eu à cœur de faire ce qu’on attend des responsables avec des objectifs bien déterminés, parce que la Mission a mis les moyens humains et les ressources financières pour que nous puissions remplir notre mandat. Et l’on peut se rendre compte tous les jours, avec les transformations que nous pouvons constater au niveau de la Police Nationale Congolaise (PNC) qui est notre partenaire, qu’elle a accompli des avancées notables dans le cadre de la protection des populations congolaises. 

AW - Quels sont les principaux acquis de votre mandat au sein de UNPOL ? 

GAB - Si nous sommes là, c'est parce que la PNC a des problèmes. Les Congolais ont accepté que nous soyons là pour les accompagner. Et dans ce cadre, je sais qu’il y a beaucoup de choses qui ont été faites. C'est un travail en partenariat. Mais un partenariat dépendant de la vision et des objectifs que la Police Nationale Congolaise veut atteindre. Depuis des années, nous l’accompagnons dans le cadre du renforcement des capacités pour qu’elle puisse mieux participer à la protection des civils et de leurs biens. Nous l’accompagnons également dans la construction d'une police redevable, d'une police professionnelle. Une police qui lutte contre l'impunité. Une police qui se comporte comme toutes les polices du monde. Une police professionnelle qui sert l'État congolais, parce que l'État congolais a besoin de sa restauration dans toutes les parties du pays, particulièrement dans sa partie orientale. Une police qui constitue le maillon essentiel dans la sécurité globale et qui est le reflet de la présence de l'État et de tout ce que l'État congolais veut entreprendre pour les Congolais en termes de sécurité. 

AW - Avec quels souvenirs repartirez-vous du Congo ?

GAB - Le premier souvenir est déjà celui d’une Mission qui se donne corps et âme pour remplir son mandat. Ensuite, les souvenirs de ces policiers congolais engagés, professionnels et conscients de leur rôle et de leur mission. Il y a beaucoup de choses qui ont été accomplies aujourd'hui en termes de présence, de formation, de renforcement des capacités et en termes d’opérationnalisation de beaucoup de secteurs au sein de la PNC.

Nous sommes dans un pays où nous avons été accueillis par les policiers congolais, nos camarades, nos collègues avec qui nous avons développé l'esprit de corps. Un travail accompli ensemble dans un esprit de fraternité, de camaraderie, qui a permis de résoudre beaucoup d’aspects qui n'étaient pas au début très évidents. Mais on y est allé ensemble et on a réussi beaucoup de choses. Et aujourd'hui, nous sommes heureux que la police congolaise continue sa transformation parce qu’il y a une réforme actuellement. Le Plan conjoint pour la réforme de la police a été signé par le ministre depuis quelque temps. Hier, le vice-Premier ministre en charge de la sécurité intérieure et des affaires coutumières était présent lors de la clôture d’un atelier sur la réforme. En début de semaine, il avait également tenu un atelier sur la Loi de programmation. Donc les choses avancent. Ça marche ! Et nous n’avons aucune crainte pour la police congolaise. Nous savons que l'œuvre est grande ; les chantiers sont vastes ; les attentes sont énormes. Nous sommes sûrs que la Police Nationale Congolaise est sur la voie de la réussite.

AW - Quels sont vos vœux pour la République démocratique du Congo, en général, et pour sa police, en particulier ? 

GAB - Ce que je veux pour la Police Nationale Congolaise est qu’elle soit une police comme toutes les polices du monde, c’est-à-dire une police qui est un élément de la bonne gouvernance, une police qui est dans un État démocratique où les libertés publiques sont respectées, où les populations sont sécurisées, où un Congolais peut quitter Goma et aller par la route dans le Grand Nord, aller jusqu'en Ituri sans être inquiété. Je souhaite que tous les Congolais vivent en paix et sentent qu’ils ont une police qui est là, qui les protège, qui les sécurise. Et que les femmes congolaises ne subissent plus de violences sexuelles. Que les enfants congolais puissent être sécurisés. Qu'ils soient dans un environnement à même de leur offrir tout ce qu'un enfant normal doit attendre : être avec ses parents, aller à l'école et recevoir la meilleure éducation.

AW - Le mot de la fin ?

GAB - Je remercie toutes les autorités de la MONUSCO qui ont continué à nous faire confiance ici, à nous laisser travailler, à conduire la vision stratégique de la Composante Police pour que nous fassions ensemble, avec les autorités de la PNC, une police mieux outillée pour servir le Congo et ses habitants. Les territoires ont besoin de développement. Les gens ont besoin d'aller dans leurs champs, d'aller travailler à leurs activités sans crainte, sans qu'il y ait de groupes armés qui tuent, ravagent et braquent. C’est ça mon vœu le plus cher. Je ne sais pas quand est-ce que la Mission fermera mais je veux qu'on se souvienne de nous tous, de la MONUSCO, comme ayant contribué au retour définitif de la paix et de la stabilité au Congo, dans une Afrique unie et en paix. Merci.