Ituri : les casques bleus kenyans s’installent à Komanda pour renforcer la protection des civils

Photos MONUSCO / Jean-Tobie Okala

17 oct 2022

Ituri : les casques bleus kenyans s’installent à Komanda pour renforcer la protection des civils

JEAN-TOBIE OKALA

Des éléments de la Force de Réaction Rapide (Quick Reaction Force - QRF) de l’armée kenyane ont pris la relève des casques bleus bangladais dans la base de la MONUSCO à Komanda, à environ 80 km de Bunia, dans le territoire d’Irumu, en Ituri.

Les premiers éléments de cette unité spéciale formée au combat dans la jungle sont arrivés à Komanda samedi 15 octobre 2022. Ils sont « capables d’accéder jusque dans les coins les plus reculés », selon le lieutenant-colonel David Munoru, commandant de cette compagnie.

Prévenir les attaques contre les civils

 

Le territoire d’Irumu est en proie à l’activisme de groupes armés, dont les ADF, le Front patriotique et intégrationniste du Congo FPIC, la Force de résistance et patriotique du Congo FRPI ainsi que des groupes Maï-Maï.

Alors qu’on observait une certaine accalmie depuis plusieurs mois dans la zone, vendredi 14 octobre 2022, une douzaine de civils ont été massacrés à Masome, petit village situé à 9 km de Komanda-centre.  Soupçonnée, une « nouvelle milice en gestation » appelée Chini ya Tuna, selon la société civile locale. 

Les autorités locales préfèrent, elles, parler de « bandits » qui cherchent à diviser les communautés. Quoi qu’il en soit, on se souviendra qu’en février dernier, lors de sa visite en Ituri, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations Unies, Jean-Pierre Lacroix, avait annoncé un renforcement de la MONUSCO avec l’arrivée de nouvelles troupes au sein de la Brigade d’intervention (FIB), dont le Kenya. C’est désormais chose faite.

Pour le commandant de cette Force de Réaction Rapide du Kenya, le lieutenant-colonel David Munoru, tout sera mis en œuvre pour prévenir les attaques de civils par les groupes armés. « Notre mission est claire : prévenir les attaques contre les civils et protéger les populations. Nous ferons tout pour minimiser le nombre de civils tués par des groupes armés ici par des actions proactives et offensives. Nous avons des soldats d'élite, suffisamment entraînés et équipés pour mener ce genre d'opération, y compris dans des zones inaccessibles », a-t-il expliqué. 

Il appelle les populations locales à coopérer avec la MONUSCO afin d’atteindre cet objectif« Depuis le dimanche 16 octobre, nous avons déjà commencé à établir des contacts avec les autorités locales et la population. Nous serons actifs sur tout le territoire d'Irumu, de Boga à Tchabi, et même au-delà entre Bunia et Mambasa. Nous travaillerons en étroite collaboration avec l'armée congolaise (FARDC), l'administrateur du territoire ainsi qu'avec la population », a-t-il déclaré. 

Renforcer les mécanismes existants 

A la suite du meurtre de ces 11 civils vendredi dernier dans cette zone, la MONUSCO a activé une « cellule de crise » à Bunia pour renforcer la protection des civils. Parmi les actions menées par la Mission onusienne, il y a eu entre autres une rencontre lundi matin entre le chef de bureau intérimaire de la MONUSCO en Ituri et le gouverneur de province pour faire le point de la situation et voir comment mutualiser les efforts pour mieux sécuriser la zone. 

Une mission d’évaluation sécuritaire de la MONUSCO a aussi été dépêchée à Komanda le même jour afin d’engager les populations locales pour faire baisser la tension et éviter d'éventuelles représailles.  

Par ailleurs, la MONUSCO va intensifier les patrouilles de casques bleus dans la région de Komanda et la chefferie des Walese Vonkutu, dans l’optique de rassurer les populations qui vivent dans la crainte d’une nouvelle attaque.  

Enfin, les mécanismes d’alerte précoce vont être renforcés dans les communautés là où ils existent déjà et activés là où le besoin se fera sentir : c’est pour permettre des interventions plus rapides des forces de sécurité et des troupes de la MONUSCO qui, par ailleurs, vont également dégager les voies bloquées par des camions à cause du mauvais état de la route entre Bunia et Komanda.