L' Unité Pénitentiaire, nouvelle section au sein de la MONUSCO
Kinshasa, 21 octobre 2010 - Afin de donner un nouvel élan à l'appui au système penitentiaire national entamé en 2006 au sein de la section Etat de Droit de la MONUSCO, le Secrétaire Général des Nations Unies a recommandé la création d'une Unité Pénitentiaire au sein de la mission. L'objectif de cette unité est de renforcer le soutien au système pénitentiaire de la RDC aux niveaux législatif, organisationel et opérationnel. L'Unité, en plus de sa collaboration avec les pouvoirs publics congolais, travaille également en synergie avec la famille onusienne, les institutitons internationales et les associations locales.
L'Unité Pénitentiaire de la MONUSCO, avec un effectif de 70 spécialistes des questions pénitentiaires a la responsabilité de conseiller et d'appuyer les autorités pénitentiaires dans tous les domaines relatifs à l'administration d'un système pénitentiaire. Cela comprend notamment l'organisation des prisons, la mise en œuvre de programmes, la sécurité, la gestion des peines, et l'organisation de la vie en détention. Il s'agit également de fournir un appui pour réduire l'écart entre les pratiques, les règles professionnelles actuelles et les standards internationaux en matière pénitentiaire.
L'Unité pénitentiaire fournit également un appui spécifique à l'amélioration des conditions de détention et de vie des détenus. En effet, selon Youssoupha Ndiaye, chef ad intérim de l'Unité Pénitentiaire, « Il faut améliorer les conditions de détention, l'accès à l'eau potable, à l'hygiène et pourvoir aux prisons un bon système d'assainissement. Les budgets alloués aux prisons sont relativement faibles. En outre, une situation de concentration de la population pénitentiaire dans les grands centres fait qu'il y a une situation de surpopulation générale dans les centres de détention du pays. Le personnel pénitentiaire est également confronté à un problème de sous effectif et de formation ». Il a ajouté qu' «aux difficultés que rencontrent certaines prisons, s'ajoutent également les problèmes d'infrastructures pénitentiaires, qui sont en mauvais état et inadaptées à la fonction pénitentiaire ».
L'état des lieux des prisons congolaises est alarmant. Le premier défi à relever est celui de la redistribution de la population carcérale qui présente une surpopulation particulièrement dans les prisons de trois provinces (Kinshasa, Katanga et Nord Kivu). Cette surpopulation, combinée au manque de moyens engendre la violence, la promiscuité, la faim et les maladies, Cette situation de crise est en partie due à la longueur des détentions provisoires en raison du manque de capacités du système judiciaire. Le nombre de ces prévenus va croissant et se chiffrerait selon la Coordination Pénitentiaire Conjointe (Ministère de la Justice, Ministère de la Défense, MONUSCO), en 2010, à plus de 18000 détenus dont environ 500 femmes. En revanche, le nombre des condamnés ne dépasserait pas 4 000 individus, dont une centaine de femmes.
Les conditions sanitaires déplorables sont à l'origine de récurrentes épidémies que le peu de visites médicales et le manque de médicaments ne peuvent endiguer. Les conditions des femmes et des mineurs ne sont guère plus satisfaisantes.
Exceptée la prison militaire de Ndolo à Kinshasa, construite sur la base d'un projet de la MONUSCO et financée par les Pays-Bas, en RDC, aucune prison n'a été construite depuis l'époque coloniale et les prisons sont généralement en ruines. L'organisation actuelle de l'administration pénitentiaire est embryonnaire et les exigences sont énormes avec plus de 200 prisons et moins d'une centaine de fonctionnaires non professionnels. A cela s'ajoute une sécurité déficiente et un budget quasi inexistant. Le sort des prisonniers dépend surtout de l'aide internationale et des associations laiques et religieuses de la société civile. La MONUSCO a lancé, depuis 2006, une cinquantaine de projets à impact rapide (QIPs) pour un montant d'environ 110 000 dollars. La mission a ainsi sensiblement amélioré les infrastructures des prisons centrales des onze provinces. Une formation continue du personnel pénitentiaire est également assurée par la MONUSCO.
Le Kasaï occidental compte parmi les centres de détention les plus démunis. Récemment, une commission parlementaire s'est rendue à Tshikapa où les conditions de détention sont parmi les plus dures en RDC. L'objectif de cette mission était d'évaluer la gestion du système pénitentiaire. Après examen de la situation, les parlementaires ont dressé un bilan à l'intention des différentes sessions budgétaires pour intervention immédiate.
L'Unité pénitentiaire met l'accent sur l'importance du système pénitentiaire comme maillon essentiel de la chaine pénale et insiste sur la nécessité d'améliorer l'interaction entre les autorités de poursuite et de jugement et les prisons et de mettre à la disposition des autorités des outils de gestion fiables permettant de définir une politique pénitentiaire viable et respectueuse des Droits de l'Homme.