La MONUSCO et les autorités provinciales du Sud-Kivu à Misisi pour restaurer l’autorité de l’Etat.

La MONUSCO et les autorités provinciales du Sud-Kivu à Misisi pour restaurer l’autorité de l’Etat.
5 oct 2016

La MONUSCO et les autorités provinciales du Sud-Kivu à Misisi pour restaurer l’autorité de l’Etat.

Misisi, le 5 octobre 2016 – Une forte délégation (plus de vingt personnes) mixte Monusco-Gouvernement provincial du Sud-Kivu s’est rendue à Misisi, en Territoire de Fizi, le mardi 4 octobre 2016, deux semaines après de graves incidents survenus dans cette localité située à 222 kilomètres d’Uvira.

Cette mission avait pour objectif de réaffirmer la présence de l’autorité de l’Etat dans cette partie du territoire national où des cas de justice populaire auraient déjà coûté la vie à 8 personnes depuis le 16 septembre dernier !

Ce jour-là en effet, suite à l’assassinat de deux personnes, la population de Misisi avait alors vivement manifesté sa colère en incendiant les bureaux des Services de l’Etat (FARDC, Agence Nationale des Renseignements ANR, Direction Générale des Migrations DGM, Police Nationale Congolaise PNC, Parquet…), avant de défier les forces de l’ordre qu’elles allaient par la suite chasser du village.

Depuis lors, pour manifester leur exaspération face à l’insécurité et au « manque de réaction » des forces de l’ordre jugées incapables de les sécuriser, les populations civiles avaient décidé de prendre en charge leur propre sécurité. Avec comme conséquence, la multiplication des cas de justice populaire : pas moins de 8 personnes présumées bandits déjà tuées par incendie !

Pour le Gouverneur de Province Marcelin Cishambo, la visite de ce mardi visait donc à apaiser les esprits et à rassurer les populations locales sur la prise en compte de leur sécurité et de leur bien-être par l’Etat. « Vous n’êtes pas seuls, nous ne vous avons pas abandonnés », leur a-t-il lancé.

Reconnaissant  la récurrence et la gravité des problèmes auxquels la population locale est confrontée au quotidien, notamment celui de l’insécurité, l’Autorité provinciale a rappelé les engagements de l’Etat en matière de protection des civils. Elle s’est engagé à mettre tous les moyens en œuvre pour faire de la sécurisation des biens et des personnes une réalité dans ce village.

Ces mots ont soulevé les applaudissements de la population venue nombreuse accueillir la délégation. Comme l’a déclaré un des habitants, « il était grand temps que nos doléances soient ouvertement exprimées à la voix la plus autorisée de la Province ». Autre doléance soulevée à la délégation par les habitants, c’est la présence dans Misisi de personnes venues d’autres coins de la RDC pour s’adonner à l’exploitation illégale de minerais : « cela est une source de tension qui pourrait créer de sérieux troubles à l’avenir », a laissé entendre un habitant, visiblement excédé par cette pratique.

Prenant la parole à son tour, Charles Frisby, le Chef de Bureau de la Monusco pour le Sud-Kivu, s’est dit touché par l’accueil chaleureux réservé à la délégation. Il a ensuite réitéré l’engagement de la Mission onusienne à accompagner la RDC dans ses initiatives en lien avec le rétablissement de la paix et la restauration de l’autorité de l’Etat partout où celle-ci est absente.

Conduite par Marcellin Cishambo, le Gouverneur de la Province du Sud-Kivu, cette délégation comprenait entre autres le Vice-gouverneur de Province, les Ministres provinciaux de l’intérieur et du Plan, les Responsables provinciaux des services de renseignements congolais (Direction Générale des Migrations, Police Nationale Congolaise, FARDC, Agence Nationale de Renseignements…), des représentants de la Société civile…

Coté Monusco, outre le Chef de Bureau pour le Sud-Kivu, on notait la présence de celui du Sous-bureau d’Uvira, le patron de la Police civile des Nations Unies de Bukavu ou encore des responsables militaires et des Droits de l’Homme.

Signalons enfin que c’est depuis ce mercredi 5 octobre 2016 que les Casques bleus onusiens vont lancer des patrouilles conjointes avec les FARDC dans cette localité. Histoire de rassurer les populations et de stabiliser la situation.  

Jean-Tobie OKALA

Photos: Solange-Aimée Ondobo/BCNUDH-Monusco Uvira