Les préoccupations de la sécurité des populations civiles au centre de la visite de Leïla Zerrougui au Nord-Kivu

Les préoccupations de la sécurité des populations civiles au centre de la visite de Leïla Zerrougui au Nord-Kivu. Photo MONUSCO/Force

20 nov 2019

Les préoccupations de la sécurité des populations civiles au centre de la visite de Leïla Zerrougui au Nord-Kivu

Marylène Seguy

La situation sécuritaire reste fragile au Nord-Kivu. La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC a pu s’en rendre compte lors de sa visite du 13 au 18 novembre 2019 dans certaines localités de cette province. 

La mission de travail de Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC au Nord-Kivu s’inscrivait dans le cadre de la protection de la population civile conformément au mandat de la MONUSCO contenu dans la Résolution 2463 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Leila Zerrougui s’est rendue successivement à Nyanzale, Pinga et Kitshanga. Dans presque toutes ces localités, l’insécurité reste la principale préoccupation des populations civiles. Après avoir écouté, sur terrain, les populations concernées, la Cheffe de la MONUSCO en a parlé à Goma avec le gouverneur de province, Carly Nzanzu Kasivita.

D’abord à Pinga la situation sécuritaire semble s’améliorer. Cependant, la zone reste confrontée au problème de l’enclavement.  Il n’existe pas de routes. La majorité des ponts sont cassés ou se trouvent en mauvais état.  Cette situation freine la mobilité des autorités politico-militaires et réduit considérablement la présence de l’Etat dans certaines parties du territoire de Walikale.

Le constat est accablant à Kitshanga et dans ses environs où la situation sécuritaire reste préoccupante. La société civile, le comité de la jeunesse et les associations féminines ont présenté à la Représentante Spéciale un tableau très sombre de la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut, notamment dans cette partie du Nord-Kivu située dans le territoire de Masisi. En effet, cette situation est caractérisée par des déplacements intempestifs et sans cesse des populations en raison de la présence et de l’activisme des groupes armés qui commettent au quotidien des enlèvements et des viols.  

Appuyer est une bonne chose, pérenniser les succès est le plus difficile...

L’autre défi majeur, selon Leïla Zerrougui,  est l’autorité de l’État qui peine toujours à se rétablir dans certaines zones de la province.

« Si je suis là, a dit la Cheffe de la MONUSCO, c’est parce qu’il y a des préoccupations par rapport à toutes ces populations qui vivent dans des zones enclavées, difficiles d’accès. Des populations vulnérables, avec des groupes armés qui tournent autour et une autorité de l’Etat très limitée. Il y a des choses que je peux faire ; il y a des choses que d’autres peuvent faire. Je vais faire le plaidoyer et j’espère qu’ensemble on arrivera à répondre à quelques-unes des demandes essentielles. Appuyer est une bonne chose, pérenniser les succès est le plus difficile », a-t-elle conclu dans un entretien avec la presse.

Plaidoyer pour renforcer la protection des populations civiles

Aux termes de sa mission dans les trois territoires, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC a rencontré le 16 novembre 2019 à Goma le gouverneur du Nord-Kivu, Carly Nzanzu Kasivita. C’était en présence de François Grignon, Représentant spécial adjoint chargé de la protection et des opérations.

Dans les échanges, Leïla Zerrougui a dressé à l’intention du chef de l’exécutif provincial un certain nombre de constats sur l’absence ou l’insuffisance de la répartition sur terrain des forces de sécurité, notamment la Police nationale congolaise (PNC) et l’armée (FARDC).  Elle a aussi saisi cette opportunité pour encourager les autorités congolaises sur la nécessité de renforcer les capacités logistiques des forces de sécurité afin de mieux protéger les populations civiles.

C’est dans ce contexte que la Représentante spéciale a également déploré l’absence des institutions judiciaires.  A cet égard, elle a suggéré au gouverneur de province d’examiner la question avec les bailleurs de fonds qui pourraient apporter leurs contributions à travers des appuis et soutiens multiformes pour la restauration des institutions étatiques et judiciaires.