A Lubero, Bintou Keita loue « le dynamisme, l’esprit d’entreprise et la résilience des femmes »

Bintou Keita a profité de cette occasion pour « saluer l’héroïsme, le dynamisme, la résilience et la contribution de ces femmes à la lutte contre l’insécurité et pour la paix ». / Photos Ado Abdou

2 aoû 2023

A Lubero, Bintou Keita loue « le dynamisme, l’esprit d’entreprise et la résilience des femmes »

Jean-Tobie Okala et Ado Abdou

« Vous devez absolument parler et dénoncer les violences sexuelles basées sur le genre ». La cheffe de la MONUSCO l’a dit au cours d’un échange avec des associations locales de femmes de Lubero dans le Nord-Kivu. Elles se sont dit honorées par cette visite - la première - d’un Représentant spécial depuis l’arrivée de la Mission des Nations Unies en RDC en 1999.

« Nous sommes énormément satisfaites de votre présence. Notre souhait est que ce ne soit pas la dernière fois mais que, la prochaine fois, vous puissiez passer une nuit avec nous à Lubero ».

Bintou Keita les a aussi rassurées quant au soutien total de la MONUSCO aux efforts des femmes pour lutter contre l’insécurité dans leur milieu.  Elle a également eu des interactions avec les différentes couches sociales de la place.

Courage et résilience

Au cours de ces échanges, les femmes de Lubero ont reconnu l’impact de la présence de la MONUSCO dans cette région en proie aux groupes armés. Elles ont ensuite salué l’accompagnement dont elles bénéficient de la part de la Mission et leur contribution à la stabilité de la région. Et ce, malgré la persistance de l’insécurité et les violences sexuelles dont elles sont victimes.

« Depuis que la MONUSCO est ici chez nous, à Lubero, nous avons bénéficié de plusieurs choses entre autres la Maison de la femme qui est le centre MWANAMKE KWA AMANI NA USALAMA. Nous avons aussi reçu des financements qui nous ont aidées à construire le marché de Lubero ».

Au cours de ce tête-à-tête, elles ont rappelé leur contribution à la stabilité : « Si le sentiment anti-MONUSCO n’est pas aussi accentué ici, quelque part, c’est grâce au travail des femmes qui ont sensibilisé la communauté à la cohabitation pacifique, à la non-violence et au travail de la MONUSCO ».

Bintou Keita a profité de cette occasion pour « saluer l’héroïsme, le dynamisme, la résilience et la contribution de ces femmes à la lutte contre l’insécurité et pour la paix ». Elle les a encouragées à dénoncer toute forme de violences sexuelles et basées sur le genre : « Vous devez absolument en parler et dénoncer les violences sexuelles même si, quelque part, certaines pensent que cela fait partie de la vie de couple ».

Promettant d’être leur porte-voix auprès de partenaires, notamment les agences des Nations Unies ou même le gouvernement, la cheffe de la MONUSCO a toutefois rappelé à ceux et celles qui sollicitent des « projets de développement » que « la MONUSCO est une mission de maintien de la paix et non une agence de développement ».

« Nous sommes inquiets… »

Avec la société civile locale, la question du plan de transition et de la situation sécuritaire a été passée en revue. Les interlocuteurs de Bintou Keita lui ont fait part de leur inquiétude face au retard constaté dans le démarrage effectif du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S). Le président du conseil territorial de la jeunesse, John Binakosa Kambale, s’est fait leur porte-parole : « Depuis l’annonce du PDDRC-S, nous avons assisté à l’efflorescence de nouveaux groupes armés dans ce territoire. Certainement attirés par la perspective d’être pris en charge. Notre crainte est que, si ce programme tarde à se matérialiser ou même échoue, certains miliciens risquent de retourner dans la brousse, et d’autres de s’en prendre aux FARDC et surtout à la population civile ».

John Binakosa Kambale a par la suite plaidé pour une intervention de la cheffe de la MONUSCO auprès du gouvernement congolais afin que ce programme démarre de manière effective et que l’Etat restaure ici son autorité. Car : « C’est l’absence des forces de sécurité qui fait que les groupes armés prospèrent dans le Lubero ».

« Nous allons quitter »

« Nous sommes en train de partir du Congo. C’est une certitude. Mais ce n’est pas automatique : on ne ferme pas une Mission de la taille de la MONUSCO en un jour, une semaine ou même un mois. Il faut un certain temps pour tout emballer », a expliqué Bintou Keita.

Et d’ajouter : « A ce stade, il n’y a pas de date exacte pour le départ de la MONUSCO ». Le travail, qui se fait conjointement avec le gouvernement congolais, avance : « J’invite tous les Congolais et les Congolaises à s’approprier ce processus ».