Maintien de la paix : un partenariat avec l’Afrique

28 mai 2012

Maintien de la paix : un partenariat avec l’Afrique

Par Hervé Ladsous*
Une seule main ne peut attacher un colis, dit un proverbe africain. Pour le Département des Opérations de maintien de la paix de l'Onu, peu d'énoncés sonnent aussi vrai. La réussite d'une mission de maintien de la paix nécessite le concours de plusieurs mains : celle du Conseil de sécurité qui l'autorise, celle des pays contributeurs de troupes et de ressources qui l'alimentent et celle, accueillante, du pays hôte.

Le maintien de la paix est un partenariat mondial. L'Afrique en est le centre. Actuellement, c'est en Afrique que sont déployées sept des dix sept missions de l'Onu. Les pays du continent sont des partenaires actifs du maintien de la paix.

En premier, les gouvernements des pays hôtes travaillent en étroite collaboration avec ces missions en vue de rétablir la paix et la sécurité dans leurs pays, après de longues années de conflits. . Pour des millions de personnes, les Casques bleus incarnent l'espoir de paix. Pour les gouvernements, la société civile et la communauté internationale notamment, la sécurité et la stabilité sont pré-requis pour s'attaquer aux défis humanitaires et aux enjeux de développement économiques.

Au Conseil de sécurité, les pays africains participent à la formulation des mandats des missions de maintien de la paix. À l'Assemblée générale, ils sont impliqués dans les questions budgétaires et politiques qui ont un impact sur la situation sécuritaire du continent.

Trente cinq pays africains fournissent actuellement près de 40 000 hommes et femmes en uniformes aux opérations de maintien de la paix à travers le monde. Ils représentent plus du tiers des effectifs des Casques bleus.

La place de l'Afrique dans le maintien de la paix explique sans doute que le continent soit le théâtre d'innovations parmi les plus importantes.

La protection des civils est au cœur des mandats de nos missions les plus importantes sur le continent. C'est le cas notamment en République Démocratique du Congo, où beaucoup vivent sous la menace de groupes armés et d'actes de violence sexuelle; au Soudan du Sud où les Casques bleus appuient le gouvernement dans ses efforts en vue de prévenir les violences entre communautés; au Darfour, où l'Opération hybride Union Africaine-Nations Unies a permis de ramener sécurité et stabilité; ou encore dans la région d'Abyei, entre le Soudan et le Soudan du Sud, où les Casques bleus contribuent à la stabilité.

En Somalie, les Nations Unies soutiennent la mission de l'Union Africaine (AMISOM) sur le plan logistique. Le Département de l'appui aux missions, frère siamois du Département des opérations de maintien de la paix, apporte un soutien multiforme à l'AMISOM. L'ambition étant d'offrir aux Somaliens l'opportunité de reconstruire leur pays. Cette approche novatrice illustre la flexibilité du partenariat entre l'Onu et les organisations régionales.

Sur le plan opérationnel, en rationalisant notre présence sur le terrain avec la mise en place d'une base régionale à Entebbe en Ouganda, nous sommes devenus plus efficace dans le soutien aux missions. Nous avons également renforcé la coopération entre les missions et réalisé des économies.

L'Union africaine (UA) est elle aussi au cœur de notre travail sur le continent. À Addis Abeba, siège de l'UA, l'Onu dispose désormais d'un bureau dirigé par un Représentant spécial du Secrétaire général. Le maintien de la paix est l'un des enjeux de cette collaboration. En Afrique de l'Ouest, la Communauté économique des États d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) est un partenaire vital. Dans cette région, des operations de maintien de la paix ont contribué à la stabilisation du Libéria et de la Côte d'Ivoire. Face à l'instabilité au Mali, nous nous tenons prêts à agir si telle était l'option décidée. Autour des crises somalienne et soudanaise, notre partenariat avec l'autorité intergouvernementale de développement (IGAD) offre des avenues vers des solutions. De manière générale, la collaboration avec l'UA est bonne mais ensemble, nous pouvons l'améliorer, pour le bien des populations africaines.

Les retombées du partenariat entre le Département des opérations de maintien de la paix et les pays africains sont variées. Avec les pays hôtes, ce partenariat nous permet de garder le cap sur les besoins réels. C'est la raison de notre détermination à poursuivre nos échanges avec les pays africains contributeurs de troupes. Il s'agit pour nous d'améliorer la flexibilité et l'efficacité du maintien de la paix comme outil de paix et de sécurité.

En travaillant de concert, nous ajoutons un supplément de légitimité au maintien de la paix, une riche connaissance des régions et une plus grande efficacité dans l'action. Alors que nous célébrons ce 29 mai la journée internationale des Casques bleus de l'Onu, je tends la main à nos partenaires d'Afrique pour qu'ensemble nous confrontions les défis actuels de la paix et de la sécurité. Notre ambition partagée est celle d'un monde sans conflits. Notre partenariat est le moyen le plus efficace de la réaliser.

*L'auteur est le chef du Département des opérations de maintien de la paix de l'Onu