Nord-Kivu : les leaders communautaires s’engagent à faciliter la circulation des convois de la MONUSCO et des humanitaires

Les discussions ont porté sur la nécessité pour les convois humanitaires et ceux de la MONUSCO d'atteindre Kitshanga et sur les mécanismes permettant de faciliter un corridor humanitaire. / Photos MONUSCO

15 fév 2023

Nord-Kivu : les leaders communautaires s’engagent à faciliter la circulation des convois de la MONUSCO et des humanitaires

Amadou Ba et Carine Tope

En vue de faciliter la sécurisation et l’acheminement de l’assistance humanitaire aux déplacés, en particulier à Kitshanga, des leaders communautaires, des personnalités, des notables et des représentants des jeunes ont signé un acte engagement pour l’ouverture d’un couloir humanitaire en territoire de Masisi dans la province du Nord-Kivu.

Cet acte a été signé lundi 13 février à Sake à la suite d’une journée d’échange soutenue par la MONUSCO sur la possibilité d’ouvrir un couloir humanitaire pour permettre à la Mission et aux agences du système des Nations Unies d’apporter l’aide aux déplacés cantonnés dans et autour de la base de la MONUSCO à Kitshanga depuis plusieurs semaines.

Les signataires de l’acte prennent ainsi l’engagement de faciliter la circulation des convois de la MONUSCO et celle des convois des humanitaires en vue d’assurer l’acheminement en urgence de l’assistance.

Le 14 février, une délégation constituée de notables, d’élus provinciaux, de membres de la société civile et de mouvements des jeunes et des femmes ont remis à la cheffe de bureau de la MONUSCO à Goma le document contenant l’acte.

Il ressort de ce document que toutes les parties prenantes dans ce processus ont décidé de sensibiliser les communautés locales à la nécessité de faire parvenir de l’aide en vivres et non vivres à environ 15.000 familles de déplacés coincées sur l'axe Kitshanga-Mwesso relevant du territoire de Masisi. Elles ont urgemment besoin d'une assistance humanitaire.

Il y a quelques jours, un convoi de la MONUSCO parti de la localité de Sake vers Kitshanga a été pris à partie par la population en raison d’une campagne de désinformation suggérant que la MONUSCO transportait des armes et effets militaires à destination des groupes rebelles.

C’est ce qui explique l’organisation en urgence de ce dialogue pour sensibiliser la population de Sake afin que soit facilité l'accès humanitaire et par la même occasion éviter de nouveaux blocages et attaques des convois de la MONUSCO.

La manipulation au cœur des incidents

Les discussions ont porté sur l'impérieuse nécessité pour les convois humanitaires et ceux de la MONUSCO d'atteindre Kitshanga, en passant par Sake, et sur les mécanismes permettant de faciliter un corridor humanitaire.

On a noté parmi les quelque 90 participants (dont vingt femmes) à ces assises le Mwami de la chefferie de Baunde, des élus provinciaux des circonscriptions de Rutshuru, Masisi et Sake, des membres de la société civile, des mouvements des jeunes et des femmes.

Selon le Mwami de la chefferie de Baunde, Nicholas Kilinda, l’hostilité entre la MONUSCO et la population est due à un manque de communication. Il a demandé à la MONUSCO de redoubler ses efforts pour communiquer davantage avec elle et à travers les autorités locales. « Nous sommes prêts à nous engager dans cette voie. Nous sommes prêts à transmettre le bon message, la vraie information à la population. S’il y a la communication, je pense que tout ira bien et il n’y aura plus d’incidents ».

Le Mwami Nicholas Kilinda a affirmé qu’il y a de la manipulation orchestrée au sein de la population. « Cette manipulation se passe surtout sur les réseaux sociaux. Nous allons sensibiliser notre population pour qu’elle fasse attention. Je demande aux gens de nous approcher et de chercher la bonne et vraie information, de vérifier les faits ».

Pour ce chef de chefferie, « entre autres objectifs, c’est pour cette raison que nous avons décidé de la création du cadre de concertation que je préside. Ce cadre est un pont qui va relier la population, les humanitaires et la MONUSCO », a martelé l’autorité.


Et de poursuivre : « Ce dialogue social nous a permis d’éclairer la lanterne des communautés locales et de créer le couloir humanitaire. C’est un succès. Notre population a compris. Il n’y aura plus de problème ».

Le député et élu de Goma, Alexis Bahunga, qui a également pris part à cette rencontre, a lui aussi reconnu que les incidents qui ont conduit à l’attaque du convoi de la MONUSCO sont les fruits de la manipulation.

« Je reste confiant. Toutes les allégations portées contre la MONUSCO sont fausses. Il y a de l’intox et de la désinformation. Ce cadre de concertation va permettre de briser la chaîne de l’intox, de la désinformation et de la manipulation. Ce cadre permanent de dialogue devrait déjouer les plans des personnes qui cherchent des positionnent pour leurs propres intérêts ». 

Cet élu du peuple a rappelé qu’au regard du droit humanitaire, les personnes déplacées ont droit à la vie, à la santé et que personne ne peut leur empêcher cela. « Nous comptons beaucoup sur la MONUSCO et les Nations Unies pour faciliter et alléger la peine des déplacés. Nous demandons qu’on laisse libre circulation à la MONUSCO et aux humanitaires ».

La société civile se félicite de cet échange avec la MONUSCO qu’elle qualifie de fructueux. « Ce cadre de concertation constitue un pont entre nous, la MONUSCO et les autres partenaires, les humanitaires et le gouvernement. Pour que ces humanitaires puisse aider nos frères déplacés qui souffrent. Pour cela, il faut la paix ».

Il a conclu en disant à l’attention de la population que « si elle a des plaintes et autres revendications contre la MONUSCO, elle peut nous approcher, nous société civile ; nous pouvons discuter ensemble et trouver des solutions ».

La cheffe du Bureau de Goma a accueilli l’engagement des leaders et acteurs de la société civile ainsi que le nouveau cadre de concertation. Elle s’est engagée à maintenir le dialogue et ses échanges avec ces membres. Elle a rappelé l’urgence humanitaire et la nécessité de lutter contre la désinformation qui entrave non seulement le travail de la MONUSCO pour la protection des civils mais aussi celle des humanitaires qui ne peuvent acheminer leur assistance aux déplacés en détresse, notamment vers Kitshanga.